Chers compatriotes, chers ami(e)s, chers camarades
Essalam Elweddi ! Azul moqrane seggul ! Bonjour !
Bon travail !
Des camarades m’avaient gracieusement demandé un papier à l’occasion de la tenue de l’Audit du parti. Etait-ce nécessaire étant donné les messages déjà adressés à nos instances dirigeantes. D’autant qu’en prélude, j’avais eu déjà l’immense plaisir de débattre avec la délégation du Secrétariat national accompagnée de ses conseillers, des problèmes et des perspectives que posent les prochaines Assises Nationales du FFS ainsi que de la feuille de route – dans sa globalité et dans chacune de ses échéances – destinée à préparer rigoureusement ce rendez-vous important pour l’avenir du pays, de la démocratie et du parti.
Le dévouement et l’intelligence politique avec lesquels militants et responsables viennent de préparer cet événement à l’échelle nationale et à tous les niveaux, me font une grande joie de leur rendre un hommage appuyé.
Je tiens à saluer tout particulièrement, les élections libres qui, pour la première fois dans l’histoire du FFS ont désigné à l’audit les délégués de nos sections et de nos fédérations. Je tiens à rendre hommage à notre base militante pour sa maturité et sa vigilance politiques. Elle vient d’assurer le succès de ce principe démocratique qui est nouveau au sein de nos structures. Une « bidâa la ba’ssa biha » (De cette innovation ! rien à redire !) Principe politique qui, hélas ! est dénié, à la nation algérienne qui en avait, pourtant fait son credo et sa raison d’exister tout au long de ses luttes d’émancipation politique et de résistance armée.
Je tiens, également à féliciter le secrétariat national pour avoir :
1. répondu avec célérité et fermeté, au recours des militants qui s’étaient senti lésés par le déroulement anormal du scrutin dans deux sections.
2. pour avoir refait les opérations électorales à la satisfaction de tous. Force est de constater le nombre infime de couacs, de ratés dans cette procédure digne de la modernité. Et partant de se permettre quelque fierté, quand on connaît l’effroyable généralisation de la corruption morale, politique, culturelle, financière et électorale, avec pour bilan le refus de reconnaître aux Algériens et Algériennes ce droit d’avoir des droits. Cette condition sine qua non, pour s’affranchir définitivement de cette » réplique indigène de l’indigénat » en vue d’exercer leur souveraineté et leur devoir de citoyennes et citoyens librement et en toute responsabilité.
N’oublions pas ! Paradoxe des paradoxes ! Le seul vote libre et non falsifié fut le référendum du 2 juillet 1962 qui proclama le droit des Algériens et Algériennes à l’autodétermination et à l’indépendance.
Cher(e)s compatriotes !
« Il est un temps pour écrire, un temps pour parler, et un temps pour se taire », nous apprend le sens commun. Que l’on me pardonne de les y avoir mêlés et non pas confondus.
Je vous livre des bouts de réflexions pragmatiques de terrain – sans égard à la chronologie – ; de préférence traitant du présent, bien sûr, mais aussi du passé, l’un devant éclairer l’autre et vice versa. Pour aider à mieux anticiper et préparer l’avenir ensemble.
Que puis-je vous dire de si loin et heureusement, malgré tout, de si près, de si chaleureusement convivial ? Je ne sais pourquoi, l’envie m’a pris, sans crier gare, de partager avec vous, la terrible émotion de cette « mauvaise nouvelle » que le secrétariat national m’a fait parvenir d’urgence au courant de l’année dernière:
Objet de l’E-mail : Mauvaise Nouvelle
Nous venons d’apprendre le décès de Rabah Aissat P/APW de Tizi Ouzou.
Hier après le maghreb, il a été victime d’un attentat dans un café de son village Ain Zaouia, daira de Boghni.
Des individus parait-il vêtus d’uniformes de la police ont tiré dans sa direction. Plusieurs blessés et lui, transféré à l’hôpital de Draa el Mizan. 3 balles: l’épaule, le ventre et la jambe. Il a perdu beaucoup de sang et a subi une intervention chirurgicale de plusieurs heures avant de décéder vers 3h du matin.
Il me semble assez troublant qu’un tel message nous parvienne alors que le FFS dit et montre sa détermination à se structurer sérieusement dans la perspective d’un Congrès utile à la sortie de crise. Et à s’ouvrir à la société malgré toutes les entraves (externes et internes), et à tisser de sérieuses relations avec les syndicats, et les associations autonomes non agrées. Des relations de sincérité et de solidarité.
Incontestablement, Ammi Rabah symbolisait vraiment le FFS. Intégrité, crédibilité, rectitude morale, sagesse, intelligence politique et sincérité dans son engagement.
Cet ancien proviseur du Lycée technique de Boghni, élu en 2002 puis réélu en 2005, a parfaitement réussi à tenir le coup à la tête d’une des institutions les plus difficiles de ce pays, l’APW de Tizi. L’une de ses dernières initiatives a été de faire voter une enveloppe financière au profit des peuples palestiniens et libanais.
C’est une perte très lourde, un coup très dur, mais aussi un signal fort pour que nos militants et nos responsables soient au fait des enjeux et à la hauteur de la tâche que nous devons accomplir.
Bien sur, cet assassinat m’a rappelé les camarades Mahiou, Azraraq, mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Anna Politovskaia…
Désolé pour cette terrible nouvelle.
Salutations affectueuses et militantes.
Je salue de tout coeur l’évocation par le Secrétariat National de l’assassinat d’Anna Politovskaia la journaliste russe aux côtés de nos martyrs, comme si elle était des nôtres. Nous du FFS, nous aimons notre pays pour des valeurs, de liberté, de justice et de vérité qui le débordent. Il y a dans ce geste, un souci de réhabiliter et développer l’ouverture de notre société vers le monde – » une welt-aunshaung » – en ranimant une culture de l’humanisme sous le mode d’une solidarité internationale partagée.
C’est aussi un devoir sous-jacent de gratitude envers la dynamique en chaîne de soutiens et de reconnaissances internationales du G.P.R.A. (Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne). Car nul doute que ce Tsunami de solidarité a précipité l’accession de notre pays à l’indépendance. En effet, au plan national, il avait rendu impossible la victoire des forces coloniales, en galvanisant et en renforçant le moral des populations et des combattants. Et au plan international, la rupture du rapport de forces politiques et diplomatiques en présence qui fera opposer et imposer et aux thèses impérialistes et bellicistes, la négociation politique de l’indépendance de notre pays.
Force est de constater que face à l’acte criminel planifié qui a ravi la vie de Da Rabah, le réflexe des dirigeants du parti, n’a pas été de crier vengeance ou de se coucher. Mais bien au contraire, esprit de responsabilité quand tu nous tiens ! de positiver le pire, en remettant la priorité et l’urgence sur l’objectif de la préparation du congrès.
Je rappelle que les propriétaires de l’Algérie, n’ont reculé devant aucun moyen aussi ignobles soient ils : prises d’otages, agressions, réseaux de drogues, petit et grand banditisme, campagnes d’intoxication visant à étouffer les bastions politiques du FFS en y installant un climat de violences d’insécurité et de corruption généralisées.
La finalité stratégique de cette version atypique de » normalisation » est d’anéantir dans les villages et agglomérations rurales, l’ensemble des espaces de rencontre et de libre expression qu’ils soient traditionnels (les djemâa) ou modernes (activités politiques et sociales) dans des régions entières acquises au politique et à la non violence. Meilleure façon de couper notre parti du soutien des populations et de le réduire à un simple appareil malléable et domesticable à merci. Tigi Ur Drat Ur Derrout. ( Impossible que les mauvais coups qui, hier, ont échoué réussissent aujourd’hui)
Avec au surplus la volonté de parasiter et déstabiliser la préparation de notre congrès, voire d’en empêcher la tenue purement et simplement. Elli yahseb Wahdu Ichit Lu ! (Celui planifie tout seul se donne toujours gagnant)
Toutefois, l’inventivité destructrice du régime militaro-policier ne manquera pas de scenarii plus démoniaques encore pour autant qu’il puisse toujours compter sur le soutien inconditionnel de nos partenaires occidentaux, de l’opinion et des institutions internationales.
Il pourrait bien nous rejouer le syndrome de Ben Laden au Maghreb, c’est à dire d’Hannibal à nos portes et aux portes de Paris. Une sorte de » remake » du coup des kamikazes bizarroïdes qui ont déclenché à distance des bombes qui ont endommagé des ministères à Alger et surtout ont volé des vies algériennes et endeuillé tant de familles.
Chers Camarades !
Un Congrès vaut ce que vaut sa préparation à tous les niveaux politiques, culturels – pour ne pas dire idéologiques – et organiques. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de répéter nos erreurs. A commencer par les identifier sereinement, et souligner clairement leurs conséquences.
Un exemple significatif de disfonctionnement anti-démocratique : l’élection des membres du Conseil National, au dernier congrès qui était, de fait, prise en otage par certains dignitaires ; hélas, je ne m’en rendrai compte que tardivement et à la faveur du refus de quelques cadres de valeur de présenter leur candidature, sans m’en donner d’autre explication que strictement personnelle. De toute façon, même averti et parce que respectueux des règles je me serais interdit d’intervenir. En général, routine presque traditionnelle, les enjeux et les jeux de pouvoir s’exacerbent vers la fin des congrès, lorsque le moment arrive d’élire les membres des instances dirigeantes.
Je souhaite que l’audit aura à cœur de revenir sur les responsabilités du congrès précédent comme source des dérives d’apparatchiks et des insuffisances qui parasiteront une gestion démocratique des structures.
La modernisation de nos méthodes de travail, dans les prises de décisions et dans leur application s’impose impérativement.
Il nous faut sortir des improvisions et des approximations. Il est inconcevable, à titre d’exemple, de ne pas conclure réunions et débats, à tous les niveaux par des procès verbaux clairs et sans verbiage. Se garder, bien entendu, de tomber dans les tares inverses d’une bureaucratie d’apparat. Il nous faut des mécanismes d’efficience. Par ailleurs, tenir un minimum d’archives est indispensable pour sortir des thaktchoukas habituelles, des bilans fictifs voire bidons, et ainsi faciliter le contrôle hiérarchique des cartes d’adhérents – voire de sympathisants – pour vérifier les bilans financiers, les activités programmées en direction des syndicats et des associations et pour les responsables se retrouver eux-mêmes et rationaliser les activités quotidiennes. A cet effet, une brochure rendra d’éminents services, j’en suis sûr ; une dose d’écrit ne nuit pas à l’oralité culturelle ambiante.
Une chose est indéniable, dans l’accumulation chaotique des campagnes de manipulations et de mensonges menées tambour battant par les autorités de fait et de force, le peuple algérien a, par son abstention massive exceptionnelle, signifié clairement, fortement et sans équivoque sa rupture avec le système de prédation culturelle, politique, électorale, économique et sociale. Au-delà du ras le bol, il a marqué son inébranlable volonté de reconquérir sa souveraineté et restituer aux citoyennes et citoyens leurs libertés d’expression, d’organisation et de participation à la gestion politique, culturelle, économique et sociale du pays. Il est de notre responsabilité de traduire ce message en programme politique efficace, cohérent et mobilisateur de l’ensemble des forces saines du pays, en vue d’une alternative démocratique et sociale radicale et pacifique.
Aussi devons-nous préparer nos structures pour concrétiser vraiment les options stratégiques d’ouverture vers la société recommandées par le 3e congrès et qui sont terriblement d’actualité.
Que notre belle jeunesse et nos si dignes femmes, exclus et expropriés de tout, s’arment de volonté politique et de non-violence: Pour qu’ensemble nous puissions construire cette Deuxième République.
Je vous remercie.
Salutations
Hocine Aït-Ahmed