14 août, 2007
Karim Tabbou: « Nous voulons que Aït Ahmed reste aux commandes »
Les militants du FFS sont décidés à demander au président du parti de garder son poste. C’est ce qu’a affirmé le premier secrétaire du parti, Karim Tabbou, dans l’entretien qu’il nous a accordé hier. Selon lui, le leader du FFS garde toujours ses capacités physiques et intellectuelles lui permettant de servir le parti. L’orateur dément, dans la foulée, l’information donnant l’ex-chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, comme éventuel successeur de Hocine Aït Ahmed à la présidence du FFS. Mouloud Hamrouche, indique-t-il, est et restera un partenaire politique très proche du parti, sans plus.
- Vous n’êtes plus qu’à quelques semaines de la tenue du 4e congrès du FFS. Où en est le parti dans la préparation de cette importante échéance ?
- Nous avons réuni toutes les conditions permettant la réussite du congrès. L’essentiel de notre travail a été axé sur les questions de politique interne, l’examen des différents dossiers qui feront l’objet de débats et la mise en place d’une meilleure représentation des militants au congrès. Il est vrai que la démocratie exige plus d’efforts et plus de conditions de travail, ce qui a amené donc la direction nationale à préciser les modalités permettant à la fois de réaliser une représentation démocratique dans le parti et aussi concrétiser les objectifs fixés par le parti, à savoir l’ouverture vers la population, vers les acteurs politiques et sociaux autonomes. Je suis très heureux de voir que le parti fonctionne dans un climat apaisé et qu’il y a une cohérence et une communion retrouvées entre les différentes instances. Aucun compartiment n’a été tenu en marge. Donc nous avons une large représentation féminine, une présence particulière d’anciens militants de 1963, des acteurs politiques et sociaux à qui nous avons adapté des mécanismes de participation et une présence particulièrement intéressante des wilayas de l’intérieur du pays. Déjà, je peux vous dire qu’une quarantaine de wilayas seront représentées par des délégations fortes et qui ont des propositions concrètes à faire.
- Quel est le nombre de congressistes devant prendre part aux 4e assises du parti ?
- Nous avons choisi d’intituler notre congrès : le congrès du millénaire. Le premier dossier à débattre est celui des objectifs du millénaire en faisant de la déclaration des Nations unies une base de travail et un socle politique, économique et social. Parallèlement nous avons introduit dans l’organisation du parti un certain nombre d’amendements qui sont tirés de notre expérience sur le terrain. Nous allons créer un atelier qui va débattre essentiellement des statuts et des chartes en vue d’élaborer la charte du militant, celle de l’élu et la charte politique du parti ainsi que les statuts internes. Le troisième atelier sera constitué des questions politiques (audit politique du pays et analyse de la situation générale du pays). Environ 42 wilayas seront représentées au congrès. Les six wilayas restantes seront représentées symboliquement. Le nombre de congressistes varie entre 1000 et 1100 élus essentiellement par la base militante. Ajoutez à ceux-ci tous les invités du parti.
- On évoque avec insistance le nom de Mouloud Hamrouche comme éventuel successeur de Hocine Aït Ahmed à la tête du FFS. Qu’en est-il exactement ?
- Nous sommes dans un pays où les absurdités deviennent des produits médiatiques. Pour être précis, Mouloud Hamrouche ainsi que d’autres personnalités politiques ont eu à partager avec le FFS des positions politiques et des démarches. J’ai eu à le dire plusieurs fois que nous sommes un parti qui refuse que des regroupements se fassent par un phénomène d’association de sigles ou d’appareils. Toutes les actions doivent se faire sur la base de convictions, d’idées et de valeurs communes. Je peux vous affirmer que nous avons beaucoup de valeurs communes avec Mouloud Hamrouche, Abdelhamid Mehri et d’autres personnalités qui ont eu à partager avec le FFS son combat, ses idées et ses prises de positions. La convergence s’est créée d’elle-même et tout naturellement dans l’exercice de la politique et non pas dans les rencontres de salons. Mouloud Hamrouche est une personnalité crédible que les militants du FFS respectent. Le parti en fait un partenaire privilégié. Nos rencontres et nos échanges sont essentiellement d’ordre politique. Il n’est pas du tout envisagé d’aller vers des alliances de type organique puisque nous sommes un parti politique avec nos structures et nos instances. Mouloud Hamrouche est une personnalité politique qui a ses conseillers, son cabinet et ses proches. A chaque fois qu’il y a un besoin qui se fait sentir, que ce soit de nous vers lui ou de lui vers nous, nous avons une tradition de rencontres, d’échanges de points de vue et de recherche de la compréhension de ce qui se passe dans le but de trouver les solutions à envisager. Quant à l’information donnée par la presse, les journalistes qui l’ont donnée n’ont pas pris le soin de la vérifier ni auprès de Mouloud Hamrouche ni auprès du FFS. Mais derrière cette opération, il y a quelque chose qui est visé et qui n’a pas été clairement dit. J’ai l’impression que les articles faits sur la question cachent une arrière pensée qui est celle de vouloir précipiter la fin d’Aït Ahmed. Une personne qu’elle soit morale ou physique ne doit pas être évaluée en fonction de la page dans laquelle elle est inscrite dans le livret de famille. Elle doit être évaluée plutôt en fonction de sa capacité d’analyse, de sa production et d’observation. Je pense que Aït Ahmed a non seulement la force qu’il faut, mais il recèle un potentiel intellectuel, un engagement, une lucidité dans l’observation politique et une analyse de la situation qui dépasse les capacités de beaucoup de ceux qui se considèrent comme homme politique dans ce pays. Il est l’un des rares hommes politiques à faire autant de déplacements et à mener autant d’activités et à produire autant d’analyses. Donc, même si Aït Ahmed demandait à ce qu’il soit déchargé d’une responsabilité quelconque, la majorité pour ne pas dire la totalité des militants du FFS vont exiger de lui à ce qu’il continue à gérer le parti et à être le président du parti et assumer ses responsabilité de militant.
- Est-ce qu’on peut comprendre par là que Aït Ahmed sera candidat pour briguer un nouveau mandat à la tête du FFS ?
- Je peux vous donner la moitié de la réponse. Les militants du FFS sont décidés à exiger de lui de garder sa fonction et de continuer à gérer les affaires du parti. Mais je vous invite quand même à poser la question à Monsieur Aït Ahmed, après tout il est le premier concerné.
Maintenant que la présence du président au congrès est confirmée, peut-on savoir quand rentrera-t-il au pays et y a-t-il un programme spécifique qu’il va mener avant le début des travaux du 4e congrès ?
Il va être présent le jour du congrès, mais je ne peux pas vous donner une date précise ni de son entrée au pays ni de son programme pour une raison très simple : dans la préparation du congrès, nous avons une commission nationale de préparation du congrès qui fait une évaluation permanente de la préparation et qui fixe les conditions de déroulement du congrès en amont et en aval. Une fois que l’évaluation est faite, un rapport, conformément aux textes du parti, sera présenté au président du parti. C’est lors de cette séance de travail que la date de son entrée au pays va être fixée définitivement.
- Ça ne se fera pas avant le 20 août…
- Ça m’étonnerait. La célébration du 20 août est une activité traditionnelle que nous faisons chaque année. Ce n’est pas une activité que nous avons improvisée.
Madjid Makedhi