L’Algérie semble aujourd’hui revenir à la même situation que celle des années noires : attentats, enlèvements, tortures… Seules nouveautés : les attentats-suicides, jusqu’ici inconnus et, en lieu et place du GIA, le GSPC.
Or, le GSPC a toujours bénéficié du soutien de la population dans les zones où il est implanté (les maquis de Khemis El Khechea, de Mizrana et de toute la Mitidja-Est) car s’étant toujours abstenu de s’attaquer aux populations civiles et ce, contrairement au GIA, dont on sait qu’il était infiltré par les services secrets algériens (DRS), comme en témoigne – chose inédite – même la presse algérienne aux ordres, dont le quotidien « Liberté ».
Ce changement dans le modus operandi du GSPC révèle, à notre sens, que ce groupe armé fait l’objet de manipulations opérées par le DRS – comme il l’a fait dans les années quatre-vingt-dix avec le GIA – pour rallier la population civile aux détenteurs du pouvoir, d’une part forts de leurs appuis occidentaux dans la guerre contre cette bien commode internationale terroriste qu’est la Qaida et son principal relais algérien, le GSPC, mais d’autre part aux abois, car incapables de sortir le pays du marasme social et économique.
Il est utile de rappeler que, à l’époque, le DRS manipulait les groupes du GIA non pas pour les anéantir mais pour leur fixer une cible : la population civile. Celle-ci finira par soutenir le pouvoir en acceptant les armes largement distribuées par les centres opérationnels (CTRI) du DRS, notamment dans les localités réputées acquises au GIA. Citons, à titre d’exemple, les douars de Amroussa et les communes de Ouled Slama et de Bouinen entre autres…
Il est évident que cette stratégie de la terreur, appliquée avec succès dans les années quatre-vingt-dix par le DRS, semble retrouver son utilité dans un contexte de fin de règne : le président Bouteflika malade, se pose d’ores et déjà le problème de sa succession comme celle du numéro 2 des services secrets après le récent décès du général Smain Lamari qui était personnellement en charge du dossier de la lutte « antiterroriste », à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Paré de sa notoire opacité, la junte algérienne vise donc encore une fois à tétaniser la population. Il convient de souligner que ce sont les mêmes généraux, dont certains en retraite apparente, qui tirent encore et toujours les ficelles : Mohamed Mediene, Larbi Belkheir, Mohamed Lamari, Fodhil Cherif, Khaled Nezzar pour ne citer que ceux-là, veulent faire un remake de la décennie noire pour se proclamer de nouveau les sauveurs de la République face au « péril vert ». Cette fois-ci, il est peu probable que la population algérienne retombe dans le piège de ce discours car elle en a payé un lourd tribu : des violations massives des droits humains – qui vaudraient de longues années de prison à ces généraux comme à leurs affidés civils – au lieu de la paix et de la prospérité promises au lendemain du coup d’État de janvier 1992.
Autre carte que le DRS est tenté de jouer, c’est Ali Benhadj, numéro 2 de l’ex-FIS dont les récents propos incendiaires contre les putschistes ont donné lieu à son arrestation. Ali Benhadj serait bien inspiré de s’abstenir de toute déclaration, aussi juste soit-elle, susceptible d’apporter de l’eau au moulin aux putschistes.
A. Tigha, ex-agent des services secrets algériens, réfugié aux Pays-Bas et A. Koutchoukali, Justitia Universalis, ONG des droits humains, La Haye, Pays-Bas
11 septembre 2007
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