Désertion ?
En 1992, j’étais contre la conception de la lutte antiterroriste du général Smain Lamari. A cette époque, je lui ai dit : « Je m’oppose à toi. Tu ne luttes pas contre le terrorisme, mais contre les Algériens ». C’était le premier point de divergence.
J’étais contre l’instauration des camps de sûreté au sud. Ils ont arrêté 40.000 Algériens. Ce chiffre n’a jamais était révélé. Il s’agit bien de 40.000 Algériens pour la plupart pris au hasard dans les mosquées, raflés au niveau des gares, des stations de bus…alors qu’il y avait des listes de gens extrémistes, violents. ..Ceux-là n’ont jamais été arrêté ! J’étais contre cette manière.
Deuxième désaccord : c’était au moment où on commençait à recruter des gens à tord et à travers. Les gens qui ont été arrêtés étaient remis sur le terrain soit disant en tant qu’agents. C’était une faute grave !
Troisième divergence: j’avais dit qu’il fallait éliminer les sources du terrorisme, car on peut éliminer quelques uns des terroristes, d’autres viendront. Il fallait s’attaquer à la source: problèmes sociaux, problème d’éducation, problème de l’emploi… Cela personne n’en fait.
La quatrième divergence était l’assassinat du président Boudiaf. C’était un officier de l’armée qui était l’auteur de l’acte. Pourquoi n’avait-on pas diligenter une commission d’enquête ? J’ai commis la faute de dire que dans un cas pareil le chef doit démissionner parce qu’il y a la responsabilité morale. Malheureusement, la démission n’est pas une vertu chez nos responsables politiques. A l’époque, la lutte n’était pas contre le terrorisme, mais contre l’islamisme, l’intégrisme…J’avoue que je n’avais pas saisi qu’il s’agissait d’un plan pour lutter contre les Algériens, piller le pays et avilir le peuple…Le FIS c’était rien du tout. Ils pouvaient faire la même chose avec n’importe quelle opposition sérieuse. Ce qui les intéressait était la préservation de leurs privilèges…
Il faut dire la vérité : je n’avais pas rompu… Ils m’avaient proposé un poste à l’étranger. J’ai dit, puisqu’il s’agissait de préserver l’Algérie, défendre la République contre le péril vert, puisqu’à l’époque on était endoctriné, en croyant q’on luttait sincèrement contre des gens qui étaient financé par les Saoudiens, qu’ils allaient mener les pays à la régression… C’était plus tard que personnellement j’avais compris qu’on faisait fausse route. Finalement on menait la vie dure aux Algériens sous prétexte de faire croire à l’opinion nationale et internationale que l’armée était le rempart…
En étant à l’étranger, j’ai quand même pu comprendre qu’il y avait des petites combines, de la magouille, des détournements. C’était grotesque et puis cerise sur le gâteau comme on dit, en 1995, Smain Lamari en personne était venu accompagné de Ali Benguedda, de Attafi qui est actuellement général-major, pour mettre au point l’assassinat des opposants. Je leur ai dit « Est-ce que vous êtes incapables de lutter contre les islamistes avec les moyens politiques?». A l’époque, l’Algérie était en train de négocier le rééchelonnement de sa dette. Il fallait montrer à l’Occident que l’Algérie était menacée par le GIA, que c’était le péril…C’était pour choquer, faire peur à l’Europe…Pour ma part, j’ai refusé en disant que l’Allemagne est un Etat de droit ! Je ne commettrai pas de crime, c’est contraire à mes traditions, à mes scrupules…Ici c’est pas la France !…
A Paris, Abdelbaki Sahraoui a été assassiné par le DRS. J’ai toutes les preuves. Les attentats de Paris : la main du DRS est plus ou moins visible sauf pour ceux qui refusent la réalité. C’était le cas Touchent, un agent du DRS que la DST française a aidé à quitter la France par la Grande Bretagne. …J’ai aussi dit que Djamel Zitouni, chef du GIA, était un agent du DRS et que ses Fetwa sortaient de Benaknoun. J’étais devant un choix : soit je serais complice de Lamari, Toufik et ceux qui assassinent des Algériens avec sang froid, soit de déserter et j’ai obéi à ma conscience.
www.rachad.org / Photo El Pais
NB: Transcription El Mouhtarem www.ffs1963.unblog.fr