1 décembre, 2007
Karim Tabbou remet son mandat au président du FFS
Déclaration lue lors de la conférence de presse animée par le premier secrétaire du FFS aujourd’hui samedi 1 décembre 2007 à 13 h au siège national du parti.
Depuis l’indépendance, nous ne sommes ni dans un Etat constitutionnel, ni dans un Etat démocratique. L’autorité de l’Etat s’est construite contre le droit, contre la liberté et contre les partis politiques. La négation du politique constitue l’essence du régime.
A l’épreuve des faits, l’état d’urgence instauré depuis 15 ans pour des prétextes sécuritaires, est l’instrument privilégié d’une recomposition politique violente.
Il n’y a pas de suffrage universel et il n’y a pas d’élections sous l’état d’urgence.
Depuis l’indépendance, le suffrage universel n’existe pas en tant qu’expression démocratique des aspirations et intérêts du peuple et des citoyens. La seule raison d’être des élections est de donner un semblant de légitimité aux gens du pouvoir et à leur clientèle, et en conséquence habiller de fausse légalité toutes les formes d’oppressions, d’injustices et d’arbitraires.
Dés lors, la participation du FFS aux élections locales peut paraître paradoxale. Elle s’explique pourtant par les raisons suivantes :
L’impératif légal et administratif.
En effet, les dispositions de la loi imposent aux partis la participation aux élections et un seuil électoral comme conditions nécessaires et indispensables à une existence légale ;
L’impératif politique
Résister à l’extinction subtile et programmée de toute vie publique en encouragent l’expression politique de revendications de la population. Même dans un contexte fermé où le pouvoir tente de tout figer, la population bouge, revendique, se révolte, manifeste. Notre devoir est de partager et d’accompagner le mouvement de la société.Notre participation aux élections locales doit se comprendre comme une poursuite de notre lutte légale pour l’émergence de noyaux de contre-pouvoir.
A aucun moment, nous n’avons perdu de vue le fait constant que l’Etat d’urgence organise des élections truquées, dévoie le suffrage universel et ne vise que la validation des représentations du pouvoir.
Force est de constater que les élections locales du 29 novembre 2007 ont consacré la victoire du mensonge et de la corruption, véritable ciment du système politique. En ce sens, ces élections sont un non événement politique. Par contre, le fait notable dans ces élections truquées, a été le recours à la violence policière est mafieuse pour éliminer nos listes d’ouverture sur le pays et sur les forces sociales et politiques autonomes.
Il y a là une résolution radicale à empêcher toute expérimentation politique innovante en vue de constituer une alternative politique.
Plus grave, la défaite électorale concoctée du FFS, associée à sa radicalisation éventuelle et à la poursuite de la tchétchénisation de la région de Kabylie pourrait constituer les ingrédients d’une sortie de crise pour le système. C’est l’opération majeure qu’on tente de réaliser à l’occasion de ce scrutin.
En ma qualité de premier secrétaire du FFS, j’ai l’intime conviction de la pertinence de cette analyse de la situation.
Depuis mon installation à la tête du Secrétariat national du Front des forces socialistes, j’ai eu à organiser des échéances internes décisives (l’Audit démocratique et transparent, la convention thématique, la conférence nationale des élus et le 4ème congrès du parti). Je me suis engagé à mettre en oeuvre les résolutions d’ouverture issues de notre 4ème congrès. De même, j’assume ma part de responsabilité dans la prise de décision par le parti, de participer aux élections du 29 novembre 2007, sous état d’urgence avec toutes les conséquences et tous les risques électoraux que cela comporte.
J’estime encore que c’état la seule décision juste, la seule décision possible, qu’importent les résultats et le nombre de sièges à obtenir.En ces quelques mois, j’ai eu à assumer des missions qui engagent l’avenir du parti. Aujourd’hui, la carte électorale élaborée par les laboratoires du pouvoir ne saurait faire dévier le parti de ses orientations et buts stratégiques. L’importance des enjeux politiques actuels me conduisent à convoquer une session extraordinaire du Conseil national pour une évaluation rigoureuse des élections.
Sur un plan plus personnel, dans le respect des conceptions que je me fais de l’éthique et de la pratique politique, je remets mon mandat au président du parti.
Par cette décision, je souhaite faire acte de responsabilité, de transparence, de pédagogie politique et de respect envers les militantes et les militants, envers les électrices et les électeurs.