7 décembre, 2007
Message de Hocine Aït Ahmed au Conseil national du FFS
Chers amis, chers compagnons, chers camarades
Très heureux de vous retrouver et de vous saluer affectueusement. J’ai le plaisir et le privilège de vous adresser mes félicitations, et à travers vous et Karim Tabou, aux militants aux sympathisants à toutes et tous les compatriotes qui se sont mobilisés avec dévouement et sagesse dans ce que vous savez n’être une énième piètre compétition tragico-garagouzienne Men QELLA Wa Della.
Je vous ferais donc l’économie de verser dans l’évaluation que vous venez de faire sur la stratégie combinée par le DRS, le ministère de l’intérieur et par de multiples officines de corruption politico-financière à tous les niveaux, locaux, régionaux et nationaux. La constance fondamentale du dépérissement progressif et total du suffrage universel n’a fait que suivre le déni brutal du droit à l’autodétermination qui était la raison d’être de l’Etat algérien.
Nul doute que vous avez évoqué le parti pris de l’administration. La sortie manu militari des listes communes du FFS et de ses partenaires. La volonté de limiter géographiquement l’implantation du FFS. L’impossibilité de contrôler le processus et le fichier électoral. La réactivation et la mise en action des relais maffieux du pouvoir. Les entrepreneurs affairistes, les organisations archaïques telles que les zaouias et autres associations religieuses, les archaïsmes locaux (village, tribu), l’état d’urgence, les pressions sur les partis politiques, la fermeture des espaces d’expression, l’action psychologique permanente et les pressions sociales sur la population, le maintien d’un seuil indispensable de violence notamment en Kabylie et du terrorisme résiduel destiné à étouffer les espaces d’expression et de libre organisation.
Il s’agit aujourd’hui de tirer les leçons politiques et organisationnelles de cet épisode tragique.
Nos missions sont prioritaires sur nos ambitions.
Sachons garder lucidité en ces moments d’extrêmes confusions.
Nous avons été punis par le pouvoir en place pour avoir osé être nous-mêmes, pour avoir osé être fidèles à nous-mêmes, à nos engagements et à nos idéaux. Notre différence ne saurait rester impunie pour les tenants de l’idéologie conformiste et archaïque du système totalitaire.
L’impact de notre Congrès, la déclaration commune que nous avons faite avec nos partenaires au lieu d’être accueillis comme autant de chances de paix, de démocratisation et de stabilité sociale ont été considérés comme des menaces et un danger pour les tenants de statu quo crypto-stalinien, de la régression et de la gestion brutale.
Force est de constater que le suffrage universel n’est pas encore sorti de la préhistoire coloniale et du Stalinisme allègre.
Sachons dire et nous dire la vérité.
- Dire : la réorganisation organique du parti sur des bases démocratiques et électives saines, la recherche d’efficacité et de rationalité a dérangé autour de nous et chez nous, les tenants du théâtre de vaudeville.
Les observateurs «avisés» et «inspirés» n’ont pas manqué de minimiser les aspects considérables de notre stratégie politique.
Par contre, ils s’acharneront avec une docte science à «Tchernobiliser» nos quotas électoraux érigés pour la cause en instruments fiables et infaillibles.- Sachons vérité nous dire, la priorité accordée à la réorganisation de l’appareil au détriment du contact avec notre environnement social, avec notre terreau naturel, nous a valu un enfermement mérité.
L’abus de position dominante a fait que certains de nos cadres se sont plus comportés en rentiers de gestion ou d’opposition, plutôt qu’en acteurs sociaux oeuvrant pour le lien et le liant de nos structures avec nos villages nos quartiers et les forces syndicales et associatives autonomes.
Le FFS a su faire ses preuves dans les épreuves. Il a su amortir les coups de boutoirs internes et externes, et c’est par miracle que se poursuit tranquillement son odyssée de résistance à une dictature fou furieuse aux relents régionalo-ethnicistes qui menacent la cohésion de la nation. Le FFS demeure disponible, crédible et opérationnel pour une alternative démocratique et sociale.
Que faire ?
Si les coups qui nous viennent de l’extérieur ne sont ni de notre fait, ni de notre volonté, laissons les au crédit peu honorable de leurs auteurs.
Les coups qui nous viennent de l’intérieur de nous même sont à prévoir et à gérer sans renoncer à aucune des résolutions de notre Congrès dans l’esprit, dans la lettre, dans les actes et dans les comportements.
La priorité est de combattre nos travers, chacune et chacun, toutes et tous. Le manque de communication, voire le refus de communication à tous les échelons du parti et entre tous les échelons du parti. Le volontarisme et le manque d’organisation dans les actes de gestion, d’élaboration et surtout de mise en application.
Nous devons nous atteler sans colère, avec méthode, clairvoyance et détermination à continuer la réorganisation du parti pour la légitimation de tous nos échelons. Sa modernisation signifie également sa « défolklorisation ».
Nous devons sans négliger l’instant nous projeter dans l’avenir. Nous avons conclu un pacte, un double pacte, dois je le rappeler : la République Démocratique et Sociale et l’Unité du Maghreb. C’est pour cela que nous n’avons pas le temps d’amuser les galeries officielles et périphériques en s’attardant sur l’écume des fausses échéances ou en amusant les galeries officielles et périphériques qui se pavanent dans les succès factices et éphémères, et dans la multiplication des effets d’annonce illusoires.
Un dernier souhait, la composante humaine de tous nos échelons doit refléter l’esprit du FFS. Humilité, abnégation, résistance, détermination et une espérance chaque jour renouvelée.
Nos missions sont prioritaires sur nos ambitions.
Sur le plan interne au parti, nous aurons à :
Mettre en oeuvre les résolutions du 4ème congrès du parti ;
Evaluer en profondeur les conséquences des événements de 2001, et des dernières tentatives de déstabilisation du parti ;
Continuer le processus d’assainissement politique des structures ;
Fixer un calendrier précis de mise en place de structures consacrant l’ouverture politique et organique du parti ;
Mettre fin à la rébellion et autres activités fractionnelles dans le parti ;
Le plus urgent étant, d’évidence, la désignation du Secrétariat National pour mettre en application ces décisions majeures.
Depuis sa désignation, Karim Tabbou a su remplir des missions importantes. La remise en ordre du parti et la remobilisation de la base militante en vue de forcer l’ouverture politique et mettre fin à la politique des sables mouvants. J’apprécie toujours sa contribution décisive à la tenue des échéances internes. Aujourd’hui, j’apprécie également la remise spontanée et responsable de son mandat. C’est un acte moral, militant et politique. C’est enfin un acte révolutionnaire.
Aussi je le confirme au poste de premier secrétaire pour accomplir les missions qui nous attendent.
Avec mes salutations les plus profondes, Hocine AIT-AHMED