Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme
DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME/ 59° ANNIVERSAIRE
Communiqué de la LADDH
1948-2007 : cinquante ans après le proclamation du 10 décembre 1948 par l’assemblée générale des Nations Unies de la «déclaration universelle des droits de l’homme » que reste-t-il des espoirs, voire des enthousiasmes qu’elle a alors soulevés en tant que jalon historique dans la longue marche de l’humanité vers la dignité égale pour tous et toutes qui la composent ? Proclamés, déclarés solennellement, sans cesse réaffirmés, les droits de l’homme ont été maintes fois violés mais ils restent, envers et contre à la fois le fondement et le moteur d’un modèle de société où chaque citoyen doit être en mesure de participer aux décisions qui le concerne et où il pourra jouir de tout ce qui lui permet de se développer. Cela implique par là même que, en s’adressant à tous et en tous lieux, elle proclame le caractère universel et indivisible des droits de l’homme. Poser ces principes ne suffit pas, encore faut-il se donner les moyens de les mettre en œuvre pour passer du stade du virtuel à l’effectif tout en sachant que le concept de « sécurité collective » cher aux pouvoirs quelqu’ils soient constitue le fondement même de la limitation des droits de l’homme et du citoyen.
Faire triompher les droits de l’homme reste une question posée en permanence, une œuvre collective et de longue haleine
Et l’Algérie ?
Depuis son accession à l’indépendance, notre pays ne s’est jamais engagé dans le processus de l’édification d’un Etat moderne fondé sur la démocratie, la primauté de la loi et les valeurs généreuses telle que stipulées dans la Charte des droits de l’homme d’ailleurs ratifiée par l’Algérie. Des périodes de la vie du pays ont été entachées de graves violations des droits de l’homme et de restrictions des libertés pour lesquelles la LADDH interpelle les autorités en vue de les faire cesser , de procéder à l’ouverture des dossiers des violations passées, à la réparation des préjudices dans les respect des engagements internationaux, à la levée des restrictions à l’exercice des droits. La LADDH constate avec tristesse que le problème des disparus est traité avec mépris par le pouvoir. Elle continue d’être solidaire du combat de leurs familles pour obtenir vérité et justice, seule voie pour trouver une solution définitive avec ce drame qui concerne tous le pays.
La LADDH interpelle le gouvernement en vue de se pencher sérieusement sur le phénomène des harragas vécu douloureusement par nos jeunes et leurs familles.
La LADDH appelle les autorités à prendre des mesures immédiates afin de créer un climat favorable à l’exercice des libertés individuelles et collectives :
1- levée de l’état d’urgence, une véritable malédiction dans la vie politique et sociale de la population, illégalement maintenu contrairement aux dispositions constitutionnelles
2- mise en place d’un programme assorti d’un calendrier pour de vraies réformes démocratiques dans les domaines politique, économique, social et culturel comportant :
- la mise en conformité de la Constitution avec les conventions internationales déjà ratifiées
- levée des réserves émises par l’Algérie sur les conventions internationale ratifiées relatives aux droits des femmes et des enfants et leur consécration dans les textes législatifs
- ratifier la Convention de Rome relative à la Cour Pénale Internationale (CPI)
- instituer une fois pour toutes l’abolition de la peine capitale
- mise en place de mécanismes pour des élections libres et transparentes aux différents niveaux institutionnels, élément central de la concrétisation du principe de l’alternance au pouvoir
- levée des restrictions à la création de partis politiques
- levée des entraves réglementaires à la création et au fonctionnement des organisations de la société civile, avec la liberté de réunion et de manifestations publiques pacifiques
- libérer le champ médiatique en particulier audiovisuel encore à ce jour monopole du pouvoir par l’ouverture au secteur privé pluraliste avec mise en place de cahier des charges afin de respecter l’expression plurielle de la société.
- lancer une réforme judiciaire réelle conforme aux critères internationaux d’une justice indépendante et impartiale respectant les principes de la présomption d’innocence du procès équitable et des droits de la défense. – garantir au citoyen le droit à une vie décente et digne en particulier aux plus vulnérables et aux déshérités, avec en particulier une politique et des mécanismes de lutte contre le chômage et de protection des marginalisés sociaux
- S’assurer de la protection des ressources naturelles, les terres, le littoral et l’eau propriétés collectives de la population à l’occasion de la mise en place de la politique en la matière.
- Lutter énergiquement contre la corruption véritable gangrène dans la société
- Mettre en place des mécanismes instituant le dialogue social et le partenariat avec la société civile, vecteur de réflexion et de décision acceptée.
Sur le plan international, la situation du non droit à GUANTANAMO, l’occupation de la Palestine, les dérives violentes de l’occupation de l’IRAK constituent une préoccupation majeure des militants de La LADDH.
La Ligue Algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) continue d’être fermement ancrée sur l’universalité des droits de l’homme. A ce titre elle se situe clairement hors des institutions du Pouvoir quel qu’il soit. Elle se considère ainsi comme une structure de contre pouvoir, nécessité pour tout pouvoir qui se prétend démocratique et qui a besoin de garde fous pour prévenir ses dérives. Elle appelle ainsi les citoyens à s’organiser en vue de défendre collectivement leurs droits.
Pour le Comité Directeur, le Président
Mostefa BOUCHACHI