23 décembre, 2007
El Djazira, une île dans des eaux troubles
Editorial, La Tribune
Par Chafaa Bouaiche
La réalisation par la chaîne de télévision qatarie El Djazira, sur son site Internet, d’un sondage sur le double attentat terroriste perpétré à Alger est moralement inacceptable, humainement inadmissible et professionnellement condamnable. El Djazira, chaîne de l’information continue, s’est transformée en chaîne de propagande terroriste ! Elle diffuse, depuis quelques années, des images d’horreur : attentats terroristes, massacres de populations, égorgement d’innocents, assassinats de pauvres gens. Pis, elle s’est transformée en «disquaire» qui reçoit des vidéos signées «Al Qaïda» ; elle les diffuse sans les authentifier. En un mot, elle est devenue le porte-parole d’organisations terroristes, puisqu’elle est allée jusqu’à justifier des actes de terrorisme et de violence. En effet, le dernier sondage réalisé par la chaîne qatarie avec la question : «Etes-vous pour les deux attentats terroristes perpétrés à Alger», relève tout simplement de la propagande visant à justifier et à encourager les actes terroristes sans se soucier de la sensibilité des familles des victimes. Par ce scandaleux et indécent sondage, El Djazira ne fait qu’affirmer son soutien aux groupes terroristes et afficher son adhésion à leurs objectifs destructeurs. Mais au-delà du constat, de l’indignation, de la stupéfaction, de la condamnation, de la dénonciation que suscite le sondage d’El Djazira, que rien ne peut justifier, la question est de savoir que faire face à une machine de propagande. Premier à réagir, le directeur général de la télévision nationale, M. Hamraoui Habib Chawki, a estimé que la réalisation par El Djazira d’un sondage sur le double attentat perpétré à Alger fait de cette chaîne le porte-parole «officiel» de l’organisation terroriste «Al Qaïda». Les propos de M. Hamraoui sont-ils à inscrire dans le registre de la politique ? Dans le domaine de l’audiovisuel, la réalité est amère. Les Algériens ont tourné le dos à leur chaîne de télévision qui leur a tourné le dos, puisqu’elle ne s’occupe plus de leurs préoccupations. Ils sont attirés de plus en plus par les chaînes de télévision étrangères, dont El Djazira. Cette dernière s’est imposée dans les foyers algériens et est devenue une «référence» en matière d’information. La raison est-elle à chercher du côté du boulevard des Martyrs ? La télévision est une institution, tout comme les autres institutions de l’Etat, si elle n’est pas à l’écoute des citoyens, elle perd sa crédibilité. Résultat : les Algériens s’abstiendront de la regarder, comme ils s’abstiennent de voter. Aujourd’hui, il ne suffit pas de dénoncer la chaîne qatarie -qui ne parle jamais du Qatar- mais de réfléchir sérieusement à une stratégie de communication qui fera de l’ENTV, de la radio et de la presse des instruments au service de l’information et du citoyen. Faut-il préciser que la dénonciation, sans alternative crédible, d’El Djazira pourrait servir plutôt de publicité à cette chaîne ? En tout état de cause, l’Algérie est appelée à moderniser et à ouvrir davantage sa télévision pour capter le regard des Algériens. Un regard qui est tourné davantage vers El Djazira, cette île située dans une mer qui attire également nos jeunes… harraga.