8 janvier, 2008
Ban Ki Moon:Le gouvernement algérien est responsable de la sécurité du siège de l’ONU à Alger
J’ai discuté avec le Président Bouteflika quand j’étais à Alger le mois dernier. En effet, c’est un problème très grave pour quelque pays que ce soit dans le monde, y compris les pays du Sahel, et pas seulement l’Algérie. J’ai dit au Président Bouteflika qu’à ce moment-là bien entendu, j’étais choqué, c’était un événement tout à fait tragique, mais lui-même m’a dit qu’il était très embarrassé, très gêné de n’avoir pas pu protéger le personnel des Nations Unies et les bureaux de l’ONU. C’est un problème mondial, et non pas une question qui touche uniquement l’Algérie ou d’autres pays du Sahel. C’est pourquoi il faut une action concertée au niveau mondial pour lutter contre le terrorisme international. Je pense que la communauté internationale doit en faire davantage. Il est impossible de justifier le terrorisme. Le terrorisme, c’est le terrorisme, et par conséquent, ces attentats à la bombe en Algérie ont en fait renforcé ma détermination à en faire davantage. Encore une fois, je souhaite réaffirmer mon ferme engagement dans ce sens.
Question: Toujours une question sur l’attentat d’Alger. Le Ministre de l’intérieur a dit, après l’attentat, qu’il y avait eu des avertissements quant à la possibilité d’attentats contre des institutions internationales, y compris l’ONU. Il y a également toute une série de rapports qui ont été faits faisant état d’avertissements internes avant l’attentat. La question que je pose est la suivante: pourquoi l’ONU, comme elle l’a fait à l’époque des attentats de Bagdad, n’ouvre-t-elle pas sa propre enquête au lieu de compter sur les enquêtes de l’Algérie?
Ban Ki Moon : Premièrement, l’ONU n’a reçu aucun avertissement lui signalant un risque d’attentat, et j’ai prié le Secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU de me faire un rapport d’ici au 11 janvier, c’est-à-dire cette semaine, sur les conclusions de sa propre enquête, suite à l’attentat terroriste commis à Alger. Sur la base de ce rapport, nous allons renforcer les mesures visant à garantir la sûreté et la sécurité de notre personnel et de nos locaux. (…)
Question: Ne pensez-vous pas qu’il est impératif, pour la crédibilité de l’ONU, d’ouvrir une enquête indépendante, qui ne soit pas effectuée par la personne chargée de la sécurité, pour s’assurer que les procédures en matière de sécurité ont bien été respectées? Le Secrétaire général: Je me réserve le droit de me prononcer sur cette question en attendant de recevoir le rapport complet du Département de la sûreté et de la sécurité.
Question: Pour revenir sur la question de l’Algérie, savez-vous que, en 2007, depuis votre entrée en fonctions en tant que Secrétaire général, le chef de la sécurité de l’Algérie a fait des demandes répétées et a indiqué, à de nombreuses reprises, qu’il pourrait y avoir des attentats en Algérie? Il n’a pas donné d’informations spécifiques, mais il a dit que l’ONU pourrait être la cible d’Al-Qaida et qu’il fallait prendre des mesures, notamment la construction d’un mur en béton autour du Centre. Nous n’étions, nous-mêmes, pas au courant. Alors, s’il a vraiment lancé ces avertissements, compte tenu des attentats à Bagdad et étant donné les menaces qui pèsent sur l’ONU, pourquoi ne pas ouvrir une enquête indépendante?
Ban Ki Moon : C’est une bonne observation. C’est pour cette raison que nous travaillons d’arrache-pied. Je me suis déjà entretenu longuement avec le Président Bouteflika. En tant que pays hôte, le Gouvernement algérien est responsable. Il doit prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer la sûreté et la sécurité de l’ONU. Il m’a assuré qu’il trouverait de nouveaux locaux au PNUD et au HCR. Cela ne concerne toutefois pas seulement le gouvernement algérien. C’est une question dont je souhaite m’entretenir avec tous les États Membres en général. Je garderai de toute évidence à l’esprit ce que vous avez proposé.