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Archive pour le 14 janvier, 2008

Ce matin / Des centaines de lycéens dans la rue (infosoir)

marche7.jpgPour l’allégement des programmes
l Emboîtant le pas à leurs professeurs qui réclament un meilleur statut social, les élèves de terminale ont, aujourd’hui, dans une manifestation, réclamé l’allégement des programmes. Ceux-ci sont jugés trop volumineux, compromettant leur chance de succès au baccalauréat. 

Les élèves de terminale de plusieurs lycées du centre-ville de la capitale sont sortis, ce matin, dans la rue pour protester contre la charge des cours qui leur est imposée par les nouveaux programmes. Les rues Didouche-Mourad et Hassiba-Ben-Bouali ont connu une ambiance particulière avec des lycéens qui pressaient le pas en allant du côté de la place du 1er-Mai. Parallèlement, la police était en alerte : «Ils se dirigent vers
la Maison de la presse !», criera sur son talkie-walkie un agent qui a pris position à l’entrée de l’hôpital Mustapha-Pacha. Des centaines d’élèves des établissements du Sacré-Cœur, de Omar-Racim et de Ibn-Naas notamment se sont en effet rassemblés, dès 9 h du matin, devant
la Maison de la presse Tahar-Djaout, place du 1er-Mai. Les protestataires, très nombreux, tentaient d’approcher les rédactions des journaux, mais ils étaient empêchés par les policiers, en civil et en uniforme. Seule une délégation de trois lycéens a reçu l’accord de pénétrer dans
la Maison de la presse pour exposer ses doléances. Pourquoi s’adresser aux journaux ? «Nous ne savons pas à qui parler. Toutes les portes sont fermées devant nous. La direction du lycée ne fait que nous calmer. Nous n’avançons pas dans les différents programmes alors que les examens de fin d’année approchent», lance un groupe de lycéens de Omar-Racim. Les mécontents se recrutent parmi les candidats au bac en sciences naturelles, en lettres et langues étrangères. «Nous demandons l’allégement des programmes, de tous les programmes», déclarent-ils. «Nous avons le soutien de nos profs», ajoutent-ils en guise d’assurance. Le rassemblement observé à la place du 1er-Mai a donné lieu à des bousculades. Les lycéens, à forte majorité féminine, allaient dans tous les sens. Plusieurs d’entre eux ont été malmenés par la police. Vers 10h, ils se sont rassemblés devant l’entrée de l’établissement Ibn Naas de la place du 1er-Mai, ne sachant pas ce qu’il fallait faire. Auparavant, les lycéens du centre-ville ont été chassés de la rue Didouche. «Où l’on va, on nous chasse», affirme-t-on. En vertu de la loi sur l’état d’urgence, toujours en vigueur, les manifestations publiques sont soumises à autorisation préalable de l’administration. Depuis le 14 juin 2001 (la marche des ârchs), elles sont interdites dans la capitale. Cette sortie des lycéens coïncide avec le cycle de protestations engagé par les représentants des enseignants (CLA, Cnapest) qui contestent la nouvelle grille des salaires et le projet de loi sur l’orientation scolaire encore à l’étude.

Attentats de 95 : les perles oubliées du dossier

attentat.jpgTerrorisme | samedi, 12 janvier 2008 | par Renée de Saissandre
http://www.bakchich.info/article2336.html

« Bakchich » a mis la main sur le dossier d’instruction des attentats commis en 1995 en France par les GIA (groupes islamiques armés) ainsi que sur les compte-rendus des auditions des acteurs de la nébuleuse terroriste algérienne de l’époque. On en apprend de drôles…

En octobre dernier, la condamnation à perpétuité à Paris de l’Algérien Rachid Ramda, principal financier des réseaux du GIA qui oeuvrait depuis Londres, clôturait le lourd dossier des attentats commis en France en 1995. Ainsi, excepté des zones d’ombre barbouzardes et diplomatiques cadenassées dans le secret des archives de la “Françalgérie”, tout aurait été dit et jugé.

Affaire classée ? Plutôt piégée. Au fil des centaines de pages qui constituent le dossier d’instruction des attentats de 1995 et les compte-rendus des auditions menées pour l’enquête, que Bakchich s’est procuré, on en apprend encore. Et la “ghanima” (le butin, comme disent les groupes armés islamistes), au bout de sa lecture intégrale, est juteuse : quelques petites bombes à retardement bien tapies y dormaient. Bakchich les révèle.

• Bombe retournée. Contrairement à la version connue, en 1994 le territoire français ne représentait pas une cible à frapper, au moment de la constitution du réseau des GIA en Europe. Au tout début, la Belgique était la base arrière centrale de ce réseau européen. Puis, « la structure française du GIA a été recrutée et structurée à partir de l’été 1994 depuis Bruxelles sous sa direction et y avait implanté une structure opérationnelle » de soutien aux combattants des GIA en Algérie. Elle servait à « l’approvisionnement des maquis en armes et matériel, ainsi qu’à l’acheminement et l’hébergement de militants de passage ».
Celui-ci a été envoyé par le prédécesseur de Djamel Zitouni, El Chérif Gousmi, qui l’a “nommé” « premier commandant du GIA en Europe, en septembre 1994 ». Il était de surcroît « un disciple de Mohammed Saïd », le dirigeant de la tendance dite “djazariste”
du GIA qui voulait délimiter l’action du groupe au seul territoire algérien et qui a été assassiné en novembre 1995, près de Medea, très certainement sur ordre de Zitouni. La faute aux rivalités internes qui animaient les différents groupes du GIA…

Le démantèlement de la structure belge par les autorités du pays, le 1er mars 1995, a paradoxalement rendu possible la mise en œuvre de la ligne de Zitouni, au profit du renforcement par défaut du réseau français. Selon les propos tenus par Ali Touchent et relaté par un de ses contacts français, « il fallait remettre en œuvre ce qui avait fonctionné en Belgique ». La Hollande, où Touchent s’était replié quelques jours avant de rejoindre clandestinement la France fin avril 1995, devait en revanche rester une base arrière où « aucune activité ne s’exercerait » pour qu’elle puisse justement le rester…

• Bombe de secours. Le réseau de Lyon, mené par l’islamiste Khaled Kelkal (impliqué dans les attentats et abattu par la police en septembre 1995) n’était pas le premier choix d’Ali Touchent. Il était en fait une solution de remplacement après le désistement d’une équipe de Chasse-sur-Rhône, constituée des convertis David Vallat et Joseph Jaime. Motivés par la promesse de rejoindre les maquis algériens, ces derniers étaient en revanche hostiles à des attentats sur le sol français.

Ils avaient même rompu les contacts avec Ali Touchent à l’été 1995 en apprenant la nature des nouveaux objectifs et après l’arrivée fin juin, via la Syrie, en Turquie, de Boualem Ben Saïd, que Touchent leur avait présenté comme « un émir représentant Zitouni », à qui ils devaient apporter des faux papiers pour passer en France. Pour Jospeh Jaime, Touchent n’était du reste « pas un islamiste », mais plutôt « un type de la sécurité militaire algérienne » peut-on lire dans le compte-rendu de son audition…

• Bombe vérolée. On apprend également qu’aussi pure et radicale qu’elle devait être pour mériter de s’y engager, la “cause” n’échappait pas aux tentations pécheresses de certains membres du réseau français des GIA, qui se sont allègrement servis dans les caisses destinées à soutenir les maquisards…

• Bombe dévoyée. Pis encore : le premier relais envisagé pour la région lyonnaise, – qui, selon son prédécesseur Safé Bourada, a bavé devant le juge en charge de l’enquête- , s’est fait proprement virer pour avoir honteusement « trompé les donateurs en leur occultant le fait que le produit [de la collecte des sous] était destiné au GIA ». En effet, ses mandataires en Algérie s’étaient fendus à son attention d’une « lettre officielle d’accréditation pour faire la collecte de fonds » pour le groupe armé …

Le dévoyé, décidément sans foi ni morale, avait également abusé « plusieurs jeunes de la région lyonnaise » en les envoyant en Afghanistan « dans des conditions précaires », en profitant « de contacts noués [dans ce pays] avec la structure européenne du GIA » … Un comble ! Arrivés au Pakistan, « ce beau pays » où « ils pourraient faire beaucoup de sport », selon les dires du dévoyé avant leur départ, ces “touristes” se voyaient proposés, à défaut d’activités sportives, « une formation militaire » dans le très fun « camp de Khalden » ! Et, de retour en France, surprise : leur compte en banque avait été vidé par le même individu, à qui, fraternité dans l’islam devait obliger, ils avaient en toute sérénité confié leur carte bleue pour régler le loyer et les impôts, et pointer à leur place aux Assedic…

• Bombe à clou. Le clou, si l’on peut dire, en matière d’enfumage est l’histoire de ce “demandeur d’asile” en France, porteur d’un passeport falsifié obtenu grâce au réseau d’appui aux clandestins du GIA, qui avait justifié son arrivée dans l’Hexagone pour cause de menaces dont il faisait l’objet en Algérie par les « intégristes », du fait de son métier : celui de Ninja, le corps d’élite des services secrets algériens…

Chronologie de l’année 1995

25 juillet : une bombe artisanale explose dans une rame du RER B à la station Saint-Michel à Paris. Elle fait 8 morts et environ 150 blessés.

17 août : une bombe placée dans une poubelle de l’avenue Friedland à Paris fait 17 blessés.

26 août : en bordure de la voie ferrée du TGV Paris-Lyon, une bombe artisanale qui n’a pas explosé au passage du train, est retrouvée. Les empreintes de Khaled Kelkal figurent sur l’engin.

3 septembre : 4 personnes sont blessées par une explosion sur le marché du boulevard Richard Lenoir, à Paris.

4 septembre : un engin explosif qui n’a pas fonctionné est retrouvé dans une sanisette, place Charles-Vallin à Paris (XVe arrondissement).

7 septembre : une voiture piégée explose à proximité d’un collège juif à Villeurbanne et fait un blessé.

28 septembre : Khaled Kelkal est abattu par les gendarmes près du lieu-dit de « Maison Blanche » (Rhône).

6 octobre : à proximité de la station de métro parisienne « Maison Blanche », une bombe explose dans une poubelle, faisant 16 blessés.

17 octobre : une bombe placée dans une rame du RER C explose à la station « Musée d’Orsay » et fait 27 blessés.

Le réseau français devait originellement se contenter, d’une part, de recruter des militants qui « acceptaient de s’engager totalement à la cause » contre le régime algérien et, d’autre part, de « constituer une réserve de personnes », hors recrues, « à qui des services pourraient être demandés ». Autrement dit, de ne représenter qu’une base arrière et/ou de repli à un combat qui se menait en Algérie… et pas en France.

Ce n’est que plus tard que la stratégie prônée par l’émir du GIA du moment, Djamel Zitouni, d’étendre le conflit sur le terrain français s’est progressivement élaborée. Comment ? Par l’intermédiaire du mystérieux Ali Touchent (cf. encadré) que la justice française considère comme le coordinateur des GIA en Europe et le cerveau des attentats de 1995.

Le mystère Ali Touchent

Figure centrale des quelques 70 “personnages” liés de près ou de loin aux attentats de 1995, figure omniprésente de l’enquête policière et des procès qui suivront à partir de 2002, Ali Touchent est considéré par la justice française comme le coordinateur des réseaux du GIA en Europe et l’organisateur des attentats en France.

Hélas, il restera définitivement le grand absent d’une affaire considérée comme classée depuis la condamnation à perpétuité de Rachid Ramda en octobre 2007. L’Algérien Ali Touchent alias Tarek, alias Samir Bouchiba, alias Cheikh Abdelnasser aura toujours miraculeusement échappé aux nombreux coups de filet opérés en France et en Europe, lancés pour démanteler les réseaux. Evaporé, disparu de la circulation !

Bien que traqué par Interpol, le fantôme est réapparu, mort, « abattu par les forces de l’ordre algériennes à Alger le 23 mai 1997 », comme le rapporte un document du dossier d’instruction des attentats de 1995. Il a été « identifié plus tard, le 18 février 1998 par une comparaison d’empreinte digitale » qui aura donc pris neuf mois, délai qu’à dû attendre la France pour être informée du décès d’Ali Touchent. De cet activiste membre du GIA, plus de douze ans après les attentats, il ne reste même pas une tombe pour sa famille, qui cherche encore son cadavre…

Le mystère de la disparition d’Ali Touchent a contribué à alimenter la thèse soutenue par les partisans du “qui-tue-qui”. Ceux-ci pensent que les services de sécurité algériens seraient les vrais instigateurs des attentats et auraient manipulé le GIA et ses émirs successifs à la vie courte, dont l’émir Djamel Zitouni, pour éradiquer l’opposition islamiste et impliquer la France dans la lutte anti-terroriste en Algérie.

R. de S.

Illustration: Algérie-politique

L’Algérie, un nouvel Irak ?

Par François Gèze*, Le Journal du dimanche, 16 décembre 2007

La terreur sanguinaire continue à frapper l’Algérie, au détriment d’une populirak.jpgation qui vit dans la misère et qui craint désormais la recrudescence d’attentats suicides, formule jusqu’au mois d’avril jamais utilisée par les groupes terroristes algériens. Mais comment imaginer que des actions de cette ampleur puissent se commettre en plein cœur des quartiers les plus sécurisés d’Alger ? Comment imaginer que les services de sécurité n’aient rien remarqué ? D’où sont arrivés les explosifs ? Plus de 1 600 kg à la barbe des renseignements algériens ? Il y a de quoi se poser des questions. Même la presse algérienne, qui ne présente en général qu’un seul son de cloche, commence à s’interroger, à évoquer des luttes de clans à l’origine des attentats.

Lors de la conférence de presse qui a suivi les attentats du 11 décembre, le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni a expliqué : « Les services de sécurité savaient depuis des mois que le siège du Conseil constitutionnel figurait parmi les cibles des groupes terroristes. » Et d’ajouter : « Les services de sécurité ont acquis une grande capacité d’infiltration des groupes terroristes et sont parvenus à affaiblir un grand nombre de ces groupes. » Que faut-il comprendre ? Les services secrets savaient parfaitement que les attentats étaient en préparation ? Pourquoi ne les ont-ils pas arrêtés ? Faut-il croire qu’ils ont laissé faire ? Le Département de renseignement et de sécurité (DRS), le vrai centre du pouvoir, se sert-il d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) pour frapper ses cibles et faire des dizaines de morts… ?

Bouteflika est un président au pouvoir limité. Mais depuis deux ans il est tenté de l’élargir. D’où une lutte sans merci qui oppose son clan à celui des chefs du DRS, en particulier pour le partage entre eux des richesses pétrolières et gazières du pays. Le président a ainsi suspendu une loi sur les hydrocarbures qui aurait permis aux multinationales américaines de mettre la main sur ces richesses et cela au plus grand profit des généraux qui touchent des commissions sur les grands contrats liés à l’exploitation des hydrocarbures.

Les causes profondes de la recrudescence du terrorisme ne viennent donc pas de Ben Laden. Elles sont endogènes et se situent au cœur même du pouvoir algérien. Pour cette raison, il n’y a pour le moment pas de risque que l’Algérie devienne un nouvel Irak. Il semble très improbable que l’AQMI bénéficie du soutien logistique d’Al-Qaida. Les seules « informations » sur ce point viennent du DRS. Et toute enquête indépendante est impossible. Mais beaucoup d’indices montrent que l’AQMI est un instrument entre les mains des chefs du DRS. En particulier le fait que les dizaines de milliers d’hommes de cette police politique sont partout, contrôlent tout.

Le choix de l’ONU comme cible n’est peut-être pas sans rapport avec ce qui s’est dit il y a un mois à Genève au Comité des droits de l’homme des Nations unies. Pour la première fois, le gouvernement algérien a été mis en cause : l’expression de « crime contre l’humanité » a été utilisée pour qualifier les événements de la « sale guerre » des années 1990. Cette déclaration a rendu furieux les officiels algériens. En revanche, le risque d’attentat en France est faible. Pour le moment du moins. Nous ne sommes pas dans le même scénario qu’en 1995, où la France avait pris position par le biais d’Alain Juppé contre la guerre qui se déroulait en Algérie [et qui avait conduit le DRS, par GIA interposés, à organiser des attentats sur le sol français].

* Directeur des Éditions La Découverte et membre de l’ONG Algeria-Watch

La phrase du jour

benaissa.jpg«On leur a dit, au lieu de faire le reproche aux missionnaires, participez et faites des propositions », Rachid Benaïssa, ministre délégué chargé du Développement rural à propos des Zaouïas

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