Très cher(e)s jeunes compatriotes,
Vous avez été des milliers, à occuper les rues de la capitale et d’autres grandes villes du pays pour réclamer vos droits légitimes pour un enseignement de qualité.
Vous vous êtes dressés contre la déliquescence de l’école algérienne, transformée en un laboratoire d’expérimentation par des ignares et des opportunistes de tous bords érigés en réformateurs.
Vous avez bravé les forces de répression venues en renfort pour vous interdire de vous exprimer et de clamer tout haut vos doléances légitimes. Certains d’entre vous ont été brutalisés, d’autres arrêtés. Vous ne revendiquez ni avantages, ni privilèges mais seulement des conditions d’études décentes et un programme d’enseignement équilibré pour réussir à vos examens de fin d’année.
Vos marches spontanées et dignes, sans violence aucune ont forcé notre admiration.
Notre génération a été le produit de l’école algérienne libre, fière de notre indépendance et de cette génération de lycéens et d’étudiants qui avaient répondu en 1956 à l’appel du devoir national, désertant les bancs des classes et des amphithéâtres pour rejoindre
la Révolution. Nous nous préparions, naïvement au lendemain de l’indépendance à prendre le flambeau de ceux qui avaient libéré le pays, pour, à notre tour, faire notre devoir qui est celui de le reconstruire. Mais hélas, on nous fit comprendre que nous ne pouvions être acteurs de la construction nationale.
Et c’est ainsi que, malgré nous, nous sommes devenus les spectateurs de la destruction nationale.
Nous aurions pu choisir la voie de la facilité et de l’aisance et rejoindre l’ « élite » de la « chitta » et de la khobza. Mais nous avons préféré choisir, comme nos aînés de la guerre de libération, la voie difficile qui est celle de la dignité et des principes.
Mais, hélas, il faut reconnaitre que nous n’avons rien pu faire pour éviter ces dérives graves et cette situation de faillite sanglante.
Situation qui fait de notre jeunesse de manière générale et de vous lycéens et collégiens d’une manière particulière, les innocentes victimes d’une crise nationale provoquée par l’imposture des gouvernants et la trahison d’une partie des élites.
Vous êtes les victimes expiatoires d’une politique criminelle de dévalorisation de l’école, programmée depuis des décennies pour détruire l’élite de demain, celle du savoir, pour laisser place à l’ « élite » de l’avoir et du pouvoir des « beggarines », pendant qu’ils assurent à leurs propres enfants un enseignement de qualité, ici et ailleurs.
Mais vous avez refusé qu’on sacrifie votre avenir à l’autel de la médiocrité.
A tous nos enfants lycéens, nous apportons notre indéfectible soutien pour l’aboutissement de leurs revendications légitimes.
Votre combat est le nôtre pour une école authentiquement Algérienne, formatrice des compétences citoyennes de demain. Votre combat est aussi celui de vos maîtres dont leurs syndicats libres luttent courageusement pour la réhabilitation de l’Ecole algérienne. Vous pouvez faire confiance à ces aînés de la dignité qui comme vous, ont bravé le régime corrompu et le syndicat vendu.
Vous nous donnez à tous une leçon de courage et de civisme. Vous démontrez que les Algériens savent manifester sans casser et sans détruire, car c’est ce qu’ils voudraient que vous fassiez, pour décrédibiliser votre mouvement.
Nos enfants et nos petits frères et sœurs prennent leur destin en main. Ils seront ce que leurs aînés ont été empêchés d’être: Des citoyens libres et dignes.
Soyez vigilants pour éviter toute provocation et toute récupération politicienne ou clanique dans le cadre des luttes féroces qui se déroulent actuellement au sein du régime moribond. Sachez qu’ils feront tout pour vous présenter comme des adolescents violents, manipulés par des milieux « occultes ». Et ils diront, encore une fois: « C’est un chahut de gamins », « Ce n’est pas un mouvement spontané ». Comme si les Algériens et les Algériennes étaient affectés de l’incapacité de penser et d’agir par eux-mêmes, sans être manipulés.
Ensemble œuvrons pour notre Algérie de demain, celle de l’intelligence et des compétences.
Premiers signataires (par ordre alphabétique) :
Chérif AZOUZ, Proviseur à la retraite, ancien Inspecteur d’académie. Constantine.
Zineb AZOUZ. Enseignante de mathématiques. Université de Constantine.
Djamaledine BENCHENOUF. Journaliste. France.
Abdelkader DEHBI. Retraité. Alger.
Salah-Eddine SIDHOUM. Chirurgien. Alger.
Pour signer la pétition : forumdignite@yahoo.fr