Zoubida Lachelache : “Des professeurs ont commencé le programme par le dernier chapitre !”
Zoubida Lachelache, pas plus haute que trois pommes. Sous ses airs d’adolescente gâtée d’Alger-Centre, se cache une véritable jeune fille révoltée de 17 ans. Élève du lycée Sacré-Cœur filière langues étrangères, elle est chef de classe depuis sa 1re année secondaire. Zoubiba a été désignée par ses camarades de son établissement comme déléguée pour représenter son lycée.
Elle passe toute sa journée au téléphone en contact avec les délégués des autres lycées afin de planifier et gérer la mobilisation des terminales avec les autres camarades du secondaire. Se plaçant toujours au premier rang des manifestations et des rassemblements.
“Rien nous ne fait peur à part rater notre baccalauréat. Nous voulons rencontrer le ministre de l’Éducation nationale afin de lui transmettre notre plate-forme de revendications et négocier les cours à amputer du programme national. Le responsable de l’éducation dit que les sujets du baccalauréat porteront sur les cours réalisés, mais je ne sais pas s’il est au courant qu’il y a certains professeurs qui ont commencé le programme par les derniers chapitres. Comment comptent-ils unifier les sujets du bac dans ce cas-là ? Nous voulons que le ministre arrête dès maintenant la liste des programmes à réaliser pour nous éviter toute mauvaise surprise à l’avenir”, déclare-t-elle. Comme tous les lycéens, à la fin de l’après-midi, elle rejoint ses cours particuliers afin de ne pas perdre son temps.
Asma Trabsi “J’ai exposé à Benbouzid…”
Si vous vous déplacez au lycée Bouattoura, vous verrez sa photo accrochée au tableau d’affichage de l’administration parmi les dix bons élèves de l’établissement.
Elle s’appelle Asma Trabsi, âgée de16 ans, filière sciences expérimentales. Elle a cumulé les bonnes notes depuis sa 1re année primaire jusqu’au 1er trimestre de sa terminale. Avec une bonne moyenne, elle se dit solidaire avec les autres élèves pour faire aboutir leur revendication.
Classée 6e de son lycée, elle a représenté ses camarades lors la visite du ministre de l’Éducation à l’établissement à la fin du 1er trimestre. “J’ai exposé au ministre le problème de la longueur du programme de terminale bien avant le début de la grève. Il m’a répondu en disant qu’il faut travailler de 18h jusqu’à 21h pour le finir”, a-t-elle raconté. Pour elle, les choses sont claires.
Pour bien avancer dans les révisions, il faut limiter le programme et être unis autour des mêmes revendications. “Nous sommes issus du système fondamental, on ne devrait pas être touchés par le programme de la réforme. Nous voulons simplement que Benbouzid écourte les leçons afin de nous donner notre chance d’avoir le bac”.
Ghiles Mammeri “Les lycéens veulent construire leur avenir et celui de leur pays”
Sous ses airs de lycéen farceur se cache un bon élève. Il s’excuse tout le temps d’être parmi les plus jeunes. “Je suis âgé, je dois être dans la cour des grands”.
19 ans, voilà ce que signifie pour lui être âgé. Victime de l’année blanche qu’a connue la wilaya de Tizi Ouzou en 1994 en raison de la grève du cartable, sa famille l’a transféré à Alger, il était en 2e année primaire lorsqu’il a redoublé sa classe. Depuis cette année, il a décidé de se venger des études et de rattraper le retard perdu avec des bonnes notes et une moyenne pas moins de 13/20 durant toute sa scolarité. Délégué du lycée Zoubida-Ould-Kablia, dans la commune de Draria, Ghiles Mammeri a été élu, à main levée, par ses camarades pour défendre la cause des lycéens. “M. le ministre, je vous prie de prendre en considération nos revendications. Pensez aux élèves qui souffrent et qui veulent s’en sortir afin de construire leur avenir ainsi que celui de notre pays”, a-t-il déclaré.
Rami Abou laïche “Le programme est intéressant mais trop chargé”
Même parcours que les autres terminales. Rami est un bon élève, série Math technique au lycée Abelallah-Ben-Abbès à El-Biar. Délégué de son établissement, âgé de 17 ans, il revendique la suppression de certaines leçons. Il estime, pour sa part, que le programme des terminales est intéressant mais trop chargé.
Ce qui rend la compréhension difficile. Armé d’une détermination qui renforce tous ces jeunes lycéens, Rami est persuadé que le mouvement des terminales fera aboutir leurs doléances légitimes.
“Notre mouvement est spontané qui ne répond à aucune visée politique. Nous voulons simplement que le ministre prenne une décision rapide pour alléger le programme afin de préparer notre examen dans des meilleures conditions avant la date fatidique”, a-t-il dit.
Nabila Afroun, Liberté