Voilà soixante-dix jours depuis que le maire RCD a été installé à la tête de l’APC. Ce dernier qui demeure sur une corde raide, gère en solo les affaires courantes, tout en restant convaincu que son siège est à tout moment éjectable vu la situation politique locale actuelle. Le groupe des huit (G8) composé des élus FFS/FLN avec trois (3) sièges chacun et indépendants (2) ne veulent plus en démordre et maintiennent toujours la pression. Ces élus contestataires majoritaires qui se sont réunis à plusieurs reprises depuis la proclamation des résultats du scrutin pour la pérennité de leur action sont devenus “allergiques” au du mot “Alliance” avec l’élu RCD en place, Hocine Lounis. Ils considèrent leur acte comme étant un “acte fondateur de la démocratie locale et qui opère une rupture radicale avec les pratiques du passé où l’élu se cramponnait contre vents et mares à son poste”. Par ailleurs, ces derniers jours, des rumeurs circulent sur le fait que certains élus du groupe tentent de fausser compagnie à leurs collègues et auraient même pris contact avec les élus du RCD pour rallier l’exécutif. Brahim Mohammedi (dit Mustapha) avocat au barreau de Tizi Ouzou, élu tête de liste FFS et qui parle au nom de la coalition (FFS/FLN/IND) a sollicité les colonnes de la Dépêche de Kabylie pour apporter un démenti formel à cette rumeur et en même asséner quelques vérités sur la situation actuelle. Ecoutons-le.
La Dépêche de Kabylie : L’APC est actuellement bloquée par la majorité et le maire gère en solo. Que dites-vous de cela ?
Brahim Mohammedi : Pour moi, l’APC de Larbaâ Nath Irathen n’est pas bloquée, bien au contraire, elle est débloquée, et ce pour les raisons suivantes : la population qui a voté pour le changement, a placé toute sa confiance en nous pour la concrétisation de cet objectif. Je suis profondément convaincu que les citoyens refusent le retour à la gestion des années 90. Le blocage est dans l’esprit même des élus installés qui refusent le fait accompli et voir la réalité en face. En termes plus clair, les élus du RCD ignorent l’aspiration de la population. La situation actuelle est bénéfique à plus d’un titre aussi bien pour la démocratie que pour la bonne gestion des affaires de la cité. Nous avons réussi à asseoir de nouvelles mœurs politiques locales qui poussent les partis politiques à choisir l’avenir des candidats intègres, propres, honnêtes, responsables et capables de gérer. En un mot, cela résume que la situation actuelle met fin au bricolage, à l’invective au dénigrement et à l’opportunisme à l’intérêt personnel et surtout au bradage de la collectivité. Le groupe des huit (G8) comme on l’appelle désormais, a opéré une rupture radicale avec les pratiques du passé où l’élu se cramponnait à son siège contre vents et marées, où seul l’attrait de la mangeoire et la soif du pouvoir peuvent expliquer le maintien à son poste.
Des rumeurs avancent que certains élus issus du FFS, FLN et indépendants veulent rejoindre l’exécutif. Confirmez-vous cela ?
C’est archi-faux. Il n’y a aucun élu parmi le groupe des huit (8) qui veut et encore moins pense à rejoindre l’APC, en dépit bien entendu de toutes les tentatives entreprises ayant échoué. La décision prise par l’ensemble des élus des formations que vous citez, majoritaires, est définitive, irrévocable et irréversible. Effectivement, nous assistons ces derniers jours à une panoplie de rumeurs et de propagande autour de cette question, lesquelles ne sont que l’œuvre de certaines personnes ayant des intérêts immédiats loin de l’intérêt public.
Il est clair que cette situation pénalise le citoyen. N’est-ce pas ?
La situation est loin de pénaliser le citoyen, car celui-ci a été tout le temps pénalisé, voire ignoré et marginalisé depuis plus d’une décennie. Le citoyen doit comprendre justement que l’heure est venue de rétablir la vérité et réhabiliter la citoyenneté, l’honneur et la dignité.
Ne craignez-vous pas une désaffection populaire pour les prochains rendez-vous électoraux? (les citoyens se diront que finalement à quoi bon de voter ?)
Les élections du 29 novembre 2007 démontrent largement que le citoyen est “libéré”. Il faut reconnaître que nous avons réussi aussi à mettre un terme au sectarisme, au tribalisme qui rongent notre localité depuis l’ouverture démocratique ; d’ailleurs la population l’a prouvé dans les suffrages exprimés. Ceux qui croient que Larbaâ Nath Irathen est acquise à un seul parti politique se trompent toujours de société. En dépit de toutes les tentatives de pressions et de harcèlements exercés par certaines forces occultes locales qui ont la main-mise sur l’administration, la population locale a résisté et a dit son dernier mot. Nous sommes profondément persuadés (mes collègues et moi) que les citoyens ont tiré des enseignements et leur détermination sera plus que jamais inébranlable dans les prochains rendez-vous électoraux.
Les électeurs toutes tendances pensent que le G8 est drivé par M. Mohand Amiri du FLN et que vous ne faites qu’exécuter ses directives. Qu’avez-vous à dire aux citoyens ?
Ce n’est pas de notre faute si la position du FLN et celle des indépendants coïncide parfaitement avec celle du FFS. Les décisions sont prises démocratiquement dans un débat contradictoire, sincère et sans tutelle. La position du FFS s’inscrit dans le cadre du principe directeur du parti et à la limite, c’est une question d’hommes. M. Amiri, que je respecte beaucoup, n’est qu’un élu parmi les autres.
Trois (03) sièges pour le FFS, est-ce une victoire ou une défaite selon vous ?
Le FFS en tant que parti d’opposition, contrairement à d’autres partis qui adoptent la politique de l’entrisme, explique que les résultats obtenus à Larbaâ Nath Irathen sont satisfaisants et encourageants. Nous avons réussi à nous positionner et échanger le paysage politique local. Il est vrai aussi que le FFS qui adopte le principe démocratique et qui respecte le choix de la volonté populaire pouvait faire mieux. En tout cas, je suis convaincu que Larbaâ Nath Irathen demeure le bastion du FFS, pour peu qu’il n’y ait pas de fraude.
Certains disent que la gestion précédente a laissé des casserole sale s au niveaude la municipalité. Une opinion là-dessus ?
Le citoyen de Larbaâ Nath Irathen n’est pas dupe. Il voit tout et entend tout. Les responsables locaux doivent le savoir. Le citoyen en fait est au courant de tous les détails concernant la gestion de sa commune. Je vous cite quelques exemples que vous n’êtes pas sans ignorer, et qui ont laissé des séquelles. La distribution des logements sociaux dans les années 90 est parfaitement illustrative. Ces logements ont été attribués par les responsables de l’époque à leurs familles, amis et proches. Il y a aussi l’iniquité dans la répartition des projets communaux qui sont souvent attribués aux “petits copains” et qui n’ont aucune notion d’entrepreneur. La gestion d’une collectivité ne devrait pas se résumer à l’organisation de banquets inutiles dépassant tout entendement avec l’argent du contribuable. Voilà ce que le citoyen a toujours dénoncé, en disant que l’APC n’est pas une propriété privée. C’est bien beau d’organiser des voyages à l’étranger prétextant que c’est dans le cadre d’un jumelage avec les communes françaises, mais faudrait-il que ces séjours apportent un intérêt particulier au citoyen. On peut citer l’exemple suivant : investissement, création d’emploi, savoir-faire au lieu et place de voyages de villégiatures et d’affaires personnelles.
Tout le monde constate, ces derniers jours que le “maire” est à pied d’œuvre, malgré cette situation d’isolement. Que pensez-vous de ça ?
Si vous faites allusion au bitumage du tronçon de route du dépotoir, de l’arrêt des fourgons de Tizi Ouzou et encore la route du village de Taourirt Mokrane, ces travaux sont loin d’être l’œuvre de l’actuel élu. Ce sont des projets qui ont été inscrits en 2007 et malheureusement n’ont pas été réalisés en leur temps par l’équipe sortante. Voilà. Sachez qu’en l’absence d’un exécutif, comme c’est le cas actuellement, aucun projet ne peut être exécuté et réalisé.
Un dernier mot ?
Je voudrais lancer un appel à tous les citoyens de Larbaâ Nath Irathen pour leur dire que les élus dont je fais partie n’ont aucun intérêt personnel à défendre, comme certains le prétendent si ce n’est ceux de la collectivité. Comme le dit si bien un Président américain : “Il faut penser à donner pour son pays et non pas à recevoir”.
Je rend hommage à tous les citoyens qui ont placé leur confiance en nous et se sont exprimés contre vents et marées et nous les rassurons sur notre abnégation pour déloger définitivement l’opportunisme et mettre fin à cette mascarade. Les affaires sur le dos des citoyens sont terminées. Entretien réalisé par S. K. S