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Sid Ahmed Ghozali à propos du départ de M. Hamrouche du gouvernement

Le départ de Mouloud Hamrouche était-il un départ naturel ou provoqué ?

C’est fifty-fifty. J’ignore l’existence d’une lettre de démission de sa part. On m’a dit qu’il a été démissionné. L’évolution des choses conduit à voir que la réalité est plus subtile que ça. Quand on évoque, en effet, ceux qui étaient derrière la conception du discours du 19 septembre 1988 qui mettait les échecs de la décennie 1980 sur le dos du FLN, et ceux qui ont obtenu le limogeage de Kasdi Merbah, ce sont les mêmes forces informelles des arcanes du pouvoir que l’on évoque. Je n’exclus donc ni l’hypothèse d’un problème de loyauté quelque part, le long d’une ligne de clivage au sein du microcosme civil et militaire, ni même celle d’une démission qui aurait été «concertée» aux fins de blanchir le sacrifié d’octobre 1988, le FLN et de le remplacer par un nouveau bouc émissaire. Lequel serait… le gouvernement Ghozali, par exemple ? Du temps où j’étais aux Affaires étrangères, le chef du gouvernement, à peine installé dans ses fonctions, semble avoir suscité des questionnements dans certains milieux de la Défense. J’étais présent au Conseil des ministres où il a dénoncé les services de la Défense comme étant la source d’attaques contre son gouvernement pour obtenir aussitôt le départ du responsable desdits services. C’est un fait unique dans les initiatives et les pouvoirs des chefs de gouvernement depuis l’amendement de la Constitution de novembre 1988. De surcroît, l’opacité dans les actions économiques et financières du chef du gouvernement et dans ses initiatives politiques semble avoir préoccupé le ministre de la Défense au point de s’en montrer suffisamment alarmé auprès du président, puisque c’est une séance d’«explications» qui fut tenue à la présidence, d’un côté les chefs du parti et du gouvernement accompagnés des ministres de l’Intérieur et des Finances, et de l’autre côté de la table, le directeur de cabinet et deux conseillers du président, ainsi que les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Les questions portèrent sur la situation financière du pays, sur les préparatifs des élections communales et sur les tractations politiques qui tournaient autour des futures élections législatives. Après quelques réponses très évasives, données dans une atmosphère d’une grande froideur, la séance tournait court et se soldait rapidement par une sorte de fin de non-recevoir à la question posée : «Où allons-nous ?». (In Le Soir d’Algérie du jeudi 19 mars 2008

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