28 mars, 2008
Belkheir, Touati, Khdiri et le critère de taille
Existerait-il un critère de taille qui lierait ces trois noms ? demandons-nous à de hautes personnalités. «Ils sont tous les trois de ou proches de l’armée.» Ce qui ne serait pas pour dire que les décideurs qui ont marqué l’histoire nationale des pouvoirs gardent intact leur statut de «faiseurs de président», beaucoup d’équilibres à ces niveaux ayant été cassés par les soins de Bouteflika. Ce serait plutôt ce qu’en penseraient les grandes puissances qui est mis en avant dans ces discussions. Les grandes puissances, ce sont bien sûr les Etats-Unis et la France. Pour ce qui est de Belkheir, il a toujours été soutenu dans les hautes sphères des pouvoirs «qu’il a la caution des deux, des Américains et des Français.» Pour Touati, il est plutôt dit que «ce sont les Américains qui le soutiennent au cas où… ». Reste Khdiri, «l’homme qui a parlé à l’avion», qui suscite curiosité. Mais c’est peut-être parce qu’il a parlé à l’avion koweitien détourné dans les années 80 sur Alger, qui lui vaudrait ce genre d’attention. A ce propos, les Américains étaient «tout ouïe» aux échos en provenance d’Alger. Khdiri aurait-il marqué leur esprit à ce point ? L’on ne saura rien de tout cela d’autant que rien ne dit que Bouteflika serait prêt à céder la place. Il serait d’ailleurs malheureux qu’il le fasse seulement sous ce genre de pressions. D’autant qu’il semble que pour l’instant, il se tourne vers Moscou même si l’affaire des MIG 29 a quelque peu troublé l’atmosphère entre les deux capitales.
Il est affirmé dans les milieux diplomatiques que Bouteflika continuera d’être aux yeux des Russes l’homme par qui l’idée de la création d’une OPEP du gaz pourrait avancer sûrement. Les dernières déclarations du ministre de l’Energie, Chakib Khelil, sur la question ne sont pas passées inaperçues. Il faut croire que Moscou a réussi à convaincre les grands producteurs de gaz de la faisabilité et de la nécessité d’un tel regroupement, même le Qatar, ce petit pays aux importantes réserves de gaz mais qui abrite la plus grande base militaire américaine. La participation du président de la République au sommet arabe qui se tient aujourd’hui à Damas – sauf imprévu de dernière minute – ne trompe pas sur son rapprochement avec Moscou et son scepticisme à l’égard de Washington. La Russie, faut-il le rappeler, a poussé tous les Arabes à assister à ce sommet. Elle tente même de forcer la main aux Américains en imposant son idée d’organiser une conférence internationale sur la paix au Moyen-Orient.
Il est désolant que les souverains arabes, notamment le saoudien et l’égyptien, continuent de réfléchir et de réagir à de si importants événements en fonction de l’humeur de leurs parrains occidentaux.
La crise des subprimes dont les conséquences sur l’économie mondiale pourrait être cette carte que l’Amérique de Bush jouerait pour tenir en haleine le reste du monde. Il faut croire que l’entêtement de l’Iranien Ahmedinedjed à enrichir l’uranium, les multiples réactions de Moscou pour contrecarrer la politique américaine, la fulgurante expansion de l’économie chinoise et les changements politiques en Amérique latine cachent mal l’intention de ce reste du monde à vouloir changer l’ordre mondial. «Le monde ne peut plus continuer à fonctionner ainsi, il faut que ça change», nous avait dit le président iranien lorsqu’il nous avait reçus en juillet dernier à Téhéran.
Ghania Oukazzi, Le Quotidien d’Oran du 26 mars 2008