22 avril, 2008
Que se passe-t-il au MSP?
«Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) risque l’imploser lors de son 4ème congrès, prévu les 29, 30 avril et 1er mai prochains ». C’est ce qu’affirment de nombreux journalistes qui ne cessent d’évoquer la «guerre de leadership» qui oppose l’actuel président du MSP, Bouguerra Soltani, à son rival le vice-président du parti, Abdelmadjid Menasra. Pour nos journalistes, habitués aux jeux de coulisses et à la manipulation, toute lutte, pourtant légitime, pour la présidence d’un parti mène droit à son implosion et à la division des rangs des militants.
Dans le cas du MSP, des journalistes évoquent l’existence d’une guerre entre deux courants à l’intérieur de
la Haraka du défunt cheikh Mahfoud Nahnah. En réalité, il n’existe aucun courant au sein du MSP. Le seul courant qui prônait la radicalité a été laminé. Il ne reste aujourd’hui qu’un seul courant : celui des affairistes. Aucun des cadres du Mouvement ne réclame le retrait du parti du gouvernement. Abdelmadjid Menasra a tendance à oublier qu’il était ministre de l’industrie et de la restructuration !
La guerre pour la présidence du parti :
«L’appétit vient en mangeant », dit l’adage français. En effet, seule cette course à l’enrichissement personnel creuse le fossé entre Bouguerra et Menasra. Ce dernier n’a pas lésiné sur les moyens pour convaincre les militants à le propulser à la tête du parti lors du prochain congrès. Il accuse Bouguerra de proximité avec le pouvoir. A la recherche de soutiens, Menasra a sollicité celui de la famille de Cheikh Nahnah. Fin mars 2008, la famille de l’ancien président du MSP, décédé à Alger le 19 juin 2003, a organisé un dîner au domicile familial à Blida, en l’honneur des fondateurs du parti et compagnons du défunt. Pas moins de 150 cadres du parti, à leur tête Abdelmadjid Menasra, candidat à la présidence du parti, se sont rencontrés pour rendre hommage au père spirituel du parti.
La famille de Nahnah, par voix de son fils, a publiquement apporté son soutien à la candidature de Abdelmadjid Menasra à la présidence du parti. Menasra, vice-président du MSP, jouit du soutien de la majorité des membres du conseil consultatif, des parlementaires, de l’instance des fondateurs et de la commission préparatoire du congrès, présidée par M. Salem Cherif, un farouche opposant à Bouguerra.
Ripostant à la déclaration de la famille de feu Nahnah, Bouguerra a déclaré, hier, lors d’un point de presse organisé au siège de son parti qu’il refuse que le prochain président du MSP soit désigné par paternité ou par une tutelle.
Les chances de Menasra sont minimes :
Des cadres du MSP affirment qu’en dépit du soutien que lui apportent les cadres dirigeants, M. Menasra ne jouit pas du soutien de la base militante. D’ailleurs, les délégués au prochain congrès, dans leur majorité, soutiennent M. Bouguerra. Fort du soutien de la base, n’a pas hésité à proposer à ce que le président du parti soit élu par le congrès et non pas par le madjliss echoura (Conseil consultatif).
Rejetant la proposition de Bouguerra, les partisans de Menasra ont exprimé leur attachement aux dispositions des statuts et règlement intérieur en vigueur stipulant que le président est élu par le Conseil consultatif.
Jeudi dernier, lors de leur réunion, les membres du Conseil consultatif ont adopté deux résolutions. La première consiste en l’élection du président du MSP par le Conseil consultatif et la seconde qui conditionne la candidature à la présidence du parti par la démission du gouvernement. Cette disposition vise directement l’actuel président de la Haraka qui occupe le poste de ministre d’Etat sans portefeuille.
Très sûr du soutien que lui apporte la base militante, Bouguerra Soltani a expliqué lors de son point de presse que « le congrès est la plus haute instance du parti. Par conséquent, le dernier mot revient aux congressistes. C’est à eux d’élire un président en toute démocratie et transparence ». Avant d’ajouter que les 208 membres du madjliss echoura e peuvent pas décider à la place de 1400 congressistes.
Le prochain congrès reconduira sans doute Bouguerra à son poste de président du MSP. Pour rappel, lors du dernier congrès tenu en août 2003, Bouguerra était confronté à un sérieux rival, en l’occurrence M. Abderrahmane Saïdi, dont la candidature était parrainée par 18 membres du bureau exécutif. M. Bouguerra avait remporté l’élection avec 105 voix contre 95 exprimées en faveur de son rival.
Par El Mouhtarem