Réponse à M. Sadali *

Dans votre « réponse » du 8 juillet Monsieur Sadali, je crains que vous n’ayez mal compris ce que j’ai écrit et à quoi vous répondez.

En un premier temps, je ne m’inquiète pas du tout pour vous. Dans mon commentaire, je me contentais de préciser le contenu de mes propos afin d’éviter tout équivoque concernant mon écrit.

En un deuxième temps, je m’interroge sur l’insistance pour beaucoup, dont vous, de se référer à un parti quel qu’il soit quand d’un autre côté, on se déclare porteur de valeurs démocratiques. Selon ma compréhension des choses, la pratique démocratique, en particulier dans l’espace d’un forum, consiste précisément à s’exprimer à titre personnelle, sans revendication d’appartenance politique ou historique (restriction à ne pas appliquer aux histoires comme celles du cafetier de Tahar Hamadache. Ces histoires-là sont toujours les bienvenues).

J’ai donc le sentiment de dire exactement l’inverse de ce que vous avez compris.

1/ Je ne crois ni à des « droits de l’homme universels » tels que conçus par des pays qui élaborent des armes de destruction de plus en plus « performants », qui les commercialisent et s’en enrichissent ; ni à une application des mêmes standards dans n’importe quelles circonstances. C’est précisément cela que je contestais dans votre première contribution. 2/ Je ne crois pas qu’il faille ni qu’il soit judicieux, ni même possible de (je vous cite) : « travailler afin que l’écart politique existant entre les pays de la rive nord et ceux de la rive sud de la méditerranée soit comblé ». Je ne suis pas convaincue que la politique des pays de la rive nord soit un modèle même pour eux.  3/ Quant aux « acteurs indépendants des deux rives » (je vous cite encore), permettez que je reste sur la réserve. L’indépendance, c’est autre chose qu’une allégeance à un protocole ou un autre qui définit ce que doit être la « bonne » politique pour tous ; surtout pour les autres d’ailleurs.  4/ « On ne peut parler de démocratie si les droits de l’homme ne sont pas respectés. »  Vous êtes convaincu que l’on peut parler de démocratie et de respect des droits de l’homme en parlant de pays, du nord, qui ont organisés la dépendance économique et politique des pays dits pauvres, forcément du sud ? Vous êtes convaincu que ce qui se passe actuellement en Afrique n’est pas le résultat de quelque défaillance grave en matière de démocratie et de droits de l’homme ?  Vous manifestez là une foi de charbonnier, Monsieur, ce qui permet de légitimement se demander en quoi vous vous considérez indépendant.

Avec tout le respect que je dois à la personne que vous êtes, quelles que soient vos opinions, je vous prie de ne pas m’associer à vous par des formules qui peuvent tromper le lecteur sur mes propos. Exemple, votre : « … c’est là où je vous rejoint en disant que la démocratie s’arrache, elle ne s’octroi pas. » est pour le moins inapproprié. Vous ne pouvez simplement pas me « rejoindre » quand je dis exactement le contraire de ce que vous dites ! Voici ce que je dis précisément : « Quant à la démocratie, cela ne se donne ni ne s’acquiert ; cela se pratique. » Cette formulation, Monsieur, exclut tout recours à une quelconque forme de violence, contrairement à votre « s’arrache ». 

En définitive, Monsieur Sadali, tant d’écart entre ce que je dis et ce que vous comprenez pose un vrai problème d’intentions. Mon intention à moi en participant à ce forum est de communiquer en toute franchise.

S. Bari

* J’espère que cette polémique, même instructive, trouvera sa fin. El Mouhtarem

Commentaires

  1. S. Bari dit :

    Cher Elmouhtarem,
    Le débat est ouvert ou fermé ? Libre ou conditionné ? C’est une question de cohérence fonctionnelle. Vous offrez un espace de débat, dans la mesure où il n’y a pas agressivité ou tentative de récupération, donc pas de pollution, garantissez-nous-en un usage paisible.

    Quand un problème de compréhension se pose au point de produire un contre-sens à 180 degrés, il est juste que les participants puissent apporter des précisions. Devrions-nous laisser en plan un terrain miné par une interprétation erronée juste parce que cela prend du temps ? Mais, cher ami, le temps est notre allié, il y en a plein ! Faisons-lui honneur en en faisant bon usage et nous irons loin ensemble. Il faut juste accepter que les choses aillent à leur rythme et non à un rythme forcé.
    Votre P.S par lequel vous suggérez une interruption immédiate d’un véritable « débat » (pour une fois, car il n’y a pas « polémique »), illustre une caractéristique typique de la société que vous savez : « … chez nous, quand un type il est en train de planter heu… un clou, quand il arrive au milieu, naâd… j’m'ennuie… » (je ne garantis pas l’exactitude des propos).

    Cette caractéristique est un véritable obstacle à la construction réfléchie, solide, durable de la société algérienne. « Nous, on veut tout, toute’suite ! ».
    D’accord, « les berbères étaient là avant tout le monde … » mais beaucoup de monde est arrivé par la suite. Faites un peu de place dans ce café, yarham waldikoum (Dieu bénisse vos parents). Tout le monde y a droit ; ou personne …

    En tout cas, cette impatience génétique, de type arido-abrupte, il faut la moduler aujourd’hui, sinon, on ne peut pas vivre ensemble ; on n’arrive déjà pas à se parler sans s’égratigner le nez ! A force de se couper la parole en plein souffle, la parole a perdu son fil, l’histoire sa trame, le vent sa direction. C’est une politique dévastatrice de ce type qui dévaste l’Algérie et le monde.

    Je vous invite à faire un effort d’élargissement de l’espace dans votre esprit et à accepter qu’une expérience, surtout si vous la jugez « instructive », aille à son terme grâce à votre blog.
    Sinon, Elmouhtarem, que chacun retourne à ses moutons dans son coin.

    Avec mon amitié sincère et exigeante ; et l’espoir que ce message passera surtout parce qu’il n’est pas d’accord avec vous.
    S. Bari

  2. sadali dit :

    Je crois que le débat va dans le bon sens et se déroule dans le respect mutuel. Chacun défend ses idées avec ses propres arguments. En ce qui me concerne, c’est mon militantisme pour les droits de l’homme qui m’a convaicu du princippe de leur universalité et ce pour plusieurs raisons. Vous arrivez à déduire que le combat est inégal; vous avez d’un coté une dictature structurée avec des moyens financiers énormes, des médias lourds et des services de securité à sa solde, qui d’ailleurs ont aménagé dans leurs locaux des sales pour la torture, qu’est-ce que vous pouvez faire quand vos camarades de lutte se retrouvent dans ces lieux ? Qu’est-ce que vous pouvez faire quand des mères se présentent chez vous et vous disent que leurs maris ou leurs enfants sont enlevés par des éléments appartenant à tel ou tel service de securité, et vous ne saviez même pas l’endroit où se trouvent. Certains ont disparu à ce jour. Des militants ont découvert des charniers et ont averti les familles des disparus. Le résultat: les charniers ont été déplacés et ses militants se sont retrouvé devant la justice. C’est la raison pour laquelle des militants qui ont subi les affres de la torture se sont regroupés dans des ONG pour sensibiliser les organismes onusiens des droits de l’homme, qui à leur tour font pression sur les gouvernenents tortionnaires afin qu’ils cessent de pratiquer de tels sevices à leurs opposants. C’est en effet le seul moyen efficace jusqu’à maintenant. Un proverbe arabe dit: ma yhess bi ldjemra ghir lli kouatou. Pour ce qui est de l’utilisation du verbe « arracher » en ce qui conserne la démocratie; je le maintiens même si vous n’êtes pas d’accord. Vous avez votre lexique et j’ai le mien, un lexique d’un militant qui s’assume en tant que tel (c’est-à-dire affilié à un parti politique). Consultez le dictionnaire Larousse vous allez vous appercevoir que le terme ne porte aucune forme de violence, il signifie aussi: obtenir avec peine. Malek Sadali

  3. Wi Yilan' dit :

    Que le débat continue jusqu’à épuisement des arguments, avec la bénédiction d’Elmouhtarem ; et sa bienveillance (sans polémique je vous assure et sans court-circuiter S. Bari, au contraire).
    Je rebondis sur un élément qui me semble faire l’objet de ce débat bien alimenté : l’universalité des droits de l’homme.
    Il y a des domaines de l’activité humaine qui doivent pouvoir faire l’objet d’un consensus global, d’une réglementation consentie ET d’un suivi exempt de tout marchandage. La qualité de vie (préservation des sols, de la faune, de l’atmosphère, gestion de l’énergie …), la garantie des droits dits fondamentaux (liberté d’expression, de penser, de croire), l’éducation, la santé … sont des domaines essentiels que les états doivent pouvoir parvenir à gérer de façon « universelle ».
    Wi Yilan’
    Universelle mais pas univoque, ce qui se traduirait par de l’équivoque sur le terrain, la rigidité étant source de … raideurs mentales et, en définitive, politiques. Pour la raison simple que les mentalités sont différentes et que les moyens doivent s’adapter aux différences de perceptions. Prenons l’exemple d’une activité des plus répandue et qui concerne toutes les populations, quel qu’en soit le régime : l’école (la formation professionnelle …). Supposons que l’apprentissage fasse l’objet d’un consensus en termes de garantie pour l’ensemble de l’humanité. Pensez-vous que, même en supposant que l’on s’accorde grossièrement sur la garantie de base, ce qui est déjà utopique, on pourrait en toute objectivité s’attendre à ce que l’application des postulats en soit identique, et les résultats équivalents partout dans le monde ? Qui décidera de ce qui est peut être légitimé malgré tout comme « valeur sûre » et sur quels critères ? Quand ce sera possible, il n’y aura plus d’états ni de pays ; seulement la terre avec et pour des humains égaux en droits et en devoirs. Ce n’est pas pour demain.
    Pour cette raison, poser un idéal comme option est déjà en soi un signe d’échec (je crois que quelqu’un l’a déjà dit sur ce forum). La raison en est que d’envisager un idéal signifie que l’on a échoué sur le terrain du possible (c’est sans doute encore un plagia, mea culpa). En attendant, ce serait une grande victoire sur soi (en tant que personne, groupe, état) que de parvenir à des projets et des politiques qui ne « forcent » pas les sensibilités. C’est cela qui peut nous éviter des réactions épidermiques en chaîne.

    Si une telle universalité ne peut pas fonctionner pour un domaine aussi premier et concret que l’école, imaginez-vous qu’il en soit autrement pour des notions, des concepts dont la « lecture » dépend du degré d’instruction et de la capacité d’actualisation ? C’est pour cette raison qu’il nous faut être vigilants quand il s’agit d’importer des modes de fonctionnement made in somewhere else (quelque part ailleurs). De la même façon, la notion de militantisme au niveau mondial a peu de chance de donner des résultats significatifs si elle s’applique sans la compréhension ET l’adhésion des populations. Si militer est compris comme « s’opposer », ce qui semble devenir le cas dans les pays « producteurs » de ces pratiques, je ne vois pas l’intérêt de l’importer. Car même dans les pays où cette pratique est implantée de longue date, le militantisme est en train de se délocaliser. Sur place, on ne sait plus si les militants ouvrent pour ceux qu’ils représentent ou bien contre les pouvoirs en place, raisons pour laquelle, de plus en plus, les militants de la base s’opposent ouvertement à leurs référents !

    Dans ces conditions, chercher à appliquer au pays du sud les mêmes « standards » que ceux du nord ne me semble pas judicieux. Ce n’est pas la notion qui pose problème, c’est la tentation de faire consommer à Hamid ce que produit Jean en fonction de sa réalité à lui. Pour quelle raison Hamid, surtout parce qu’il a faim, devrait-il consommer pareil ? Cela le libère-t-il ou bien l’asservit-il ? Le problème se pose à ce niveau. A mon sens, Hamid sera un homme complet, mature, responsable, quand il aura suffisamment faim pour inventer ses propres modes de consommation (adapter est aussi une façon d’inventer bien entendu).

    Si le respect des droits de l’homme était un fait acquis au nord, alors pourrait-on admettre que Jean en propose les outils à Hamid, qui prendrait ses dispositions à sa convenance, étant entendu que Jean accepterait tout aussi naturellement que Hamid lui propose ses outils à lui (humour, fraternité, générosité …). Ainsi pourraient-ils faire ensemble au mieux pour chacun ET pour tous. Il se trouve que ces droits sont quotidiennement violés sur leur lieu de naissance. Comment dans ce cas aller dire aux autres « faites comme nous » sans faire figure de mystificateur ?

    Exemples de violation des droits qui ne porte pas son nom (extraits du magazine « Essentiel santé » de juin 08) : 1/ « Les acides gras, dits « trans », que l’on retrouve dans les aliments industriels comme certains plats cuisinés, types de pains, viennoiseries et pâtes à pizza, étaient déjà connus pour favoriser les maladies cardio-vasculaires. Ils sont aujourd’hui mis en cause dans l’apparition du cancer du sein », en attendant d’autres effets je suppose. Ces aliments sont pourtant consommés en grande quantité par beaucoup de monde dont les jeunes ! Demandons-nous alors quel est l’intérêt d’introduire des enseignes commerciales, tel Carrefour, dans nos régions ? Peut-être celui de continuer à faire de gros sous là où c’est encore possible …
    2/ Sur la même page : les boîtiers anti-jeunes, « des émetteurs d’ultra-sons qui émettent des sons très désagréables à l’oreille des moins de 25 ans, les seuls capables d’entendre ses sons très aigus. ». Vous acceptez que l’on vous donne des leçons en matière de « droits de l’homme » quand on autorise, ne serait-ce qu’à titre expérimental, la production d’un tel gadget nuisant « contre » une catégorie désignée de la population ?

    Enfin, les occidentaux ont « arraché » leurs droits fondamentaux ; les ex-colonies ont « arraché » leurs indépendances. Qu’ont fait les uns et les autres de ce qu’ils ont « obtenu avec peine » ? C’est pour cela qu’il serait temps aujourd’hui d’imaginer des stratégies différentes. Avec le concours de toutes les sensibilités, cela va sans dire dès lors que l’objectif est le bien-être.

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