La mystérieuse sale besogne de Ahmed ouyahia*
Les Algériens le savaient : le retour d’Ouyahia aux affaires annonçait forcément la mise en oeuvre imminente de quelque sale besogne, encore une. Certains ont vite établi un lien entre ce retour et le projet cher à Bouteflika, la révision de la Constitution. Il se trouve que le même Ouyahia déclarait au lendemain du congrès de son parti, moins d’une semaine après son rappel, que le principe de l’amendement du texte constitutionnel était acquis. Il laissait donc entendre que la messe était dite avant son retour au poste de chef du gouvernement.
Il fallait en prendre acte…
D’autres ont cru que Ouyahia était chargé d’organiser la prochaine fraude électorale sachant qu’il s’y connaît autant que les dirigeants du FLN mais qu’il est capable, en plus, d’assumer l’ignominie qui en découlera…en toute fierté. Une aubaine pour le parti de Boutef qui s’en lavera les mains. Comme des fraudes de juin et d’octobre 1997. Ou encore, celle plus récente d’avril 2004. Le chef du RND ayant largement acquis et mérité la réputation de fraudeur en chef, pourquoi encombrer le FLN d’une mission si immorale, si infamante ? Pourquoi ne pas laisser Ouyahia salir un peu plus son CV? Après tout, cela pourrait servir un jour… Mais si telle était la seule arrière pensée de Boutef, le FLN aurait applaudi. Il se trouve que le remplacement de Belkhadem par Ouyahia a mis en émoi la maison FLN. A tel point que certains dirigeants de ce parti, à l’exemple de Si Affif dont on connaît le caractère aussi impulsif que prétentieux, veulent la tête de Belkhadem, pas moins.
Que cache donc le retour d’Ouyahia à la tête de l’Exécutif, lui qui, en 2006, avait été éjecté sans ménagement ni égard aux “services rendus” antérieurs? Comment comprendre que, dans le cadre du dernier remaniement opéré dans le corps des walis, Boutef ait nommé 29 walis (sur les 48) originaires de Tlemcen et que, quasiment en même temps, il ait préféré un Kabyle à un homme de l’ouest dont la fidélité au clan est indiscutable ?
C’est que la mise à exécution de la mission secrète, la mystérieuse sale besogne inscrite sur l’agenda du régime requiert, par sa nature et surtout par l’identité des protagonistes qu’elle se doit de mettre en scène, qu’elle soit confiée à un Kabyle.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour identifier ladite mission: la réouverture du procès de l’assassinat de Matoub Lounès et la liste des témoins requis par Malika Matoub (où l’on trouve, pêle-mêle, Said sadi, Djeddai, Abrika, Ferhat M’henni, Benchicou, Amara Benyounès, Khalida Toumi, etc…) laissent supposer la décision de réinstaller à nouveau la Kabylie dans un climat délétère, voire même d’y susciter de nouvelles violences. Cela fait dix ans que Malika, (…) demande une nouvelle enquête, un nouveau procès. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’on décide de la “prendre au sérieux”. C’est ainsi que cela se passe chaque fois que le régime fait face à des difficultés d’ordre clanique ou encore lorsque le besoin de discréditer l’opposition démocratique se fait pressant. Il se trouve que Said Sadi se fait plus gênant depuis quelques mois et que Ait Ahmed envisage une initiative en septembre. C’est beaucoup trop de choses pour ne pas imaginer une riposte.
Il faut savoir que la connexion entre Malika Matoub et Ouyahia a été établie immédiatement après l’assassinat de Lounès. C’est un certain Allel, établi à Paris en tant que responsable du RND émigration mais surtout agent des services secrets algériens, qui a toujours servi d’intermédiaire entre la soeur de Lounès et Ahmed Ouyahia, décrit comme un traître de la pire espèce dans le dernier album du chanteur. A l’époque, Malika craignait de voir la veuve de Lounès bénéficier de l’héritage et que sa mère et elle même en soient exclues. Il était important qu’elle pût compter sur une ponte du régime pour spolier Nadia Matoub de ses droits. Ce “soutien” promis par le fameux Allel impliquait une contrepartie: Malika devait soupçonner publiquement les amis de Lounès d’avoir organisé son assassinat. Rien de mieux pour écarter la piste qui mène à la vérité. Si la justice est instruite de réveiller le dossier Matoub, c’est qu’Ahmed Ouyahia va réveiller le réseau dormant dont il dispose en Kabylie. Un réseau constitué de clients plus ou moins voyous dont le critère commun est qu’ils se sont enrichis à vue d’oeil depuis 2001.
Malika applaudit, Benchicou jubile, Abrika se frotte les mains: la Kabylie est en danger, ses dignes fils sont interpellés.
On dit qu’un criminel revient toujours sur les lieux de son crime. Et si, grâce à ce nouveau procès, Malika et Ouyahia nous menaient à la vérité sans le vouloir.
Par Moha
* Le titre est d’El Mouhtarem
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