Analyse du titre du journal Echououk
Je tente une approche prudente à la sémantique de cette phrase aussi dramatique que loufoque a priori. Elle est présentée comme titre d’un article rapportant un évènement triste qui s’insère dans une actualité explosive. Sa traduction donne ceci:
“un terroriste drogué, se fait exploser par crainte d’être tué par un gendarme”.
Alors, élaborons une petite histoire hypothétique noire à partir de ce titre. Comme on dit chez nous, parfois le malheur fait rire. On suppose que c’est un martien qui lut le tire et devait disserter sur le sujet et donner libre cours à son imagination tout en étant très objectif. Il écrivit a peu près ceci:
S’arrêtant par hasard à l’endroit où il avait planifié son attentat suicide, un terroriste la tête dans les nuages sous l’effet de la drogue, mais innocent et très sympa, trouva que cet endroit était joli est ne méritait pas d’être dévasté. C’était difficile pour lui de transformer un tel objectif en ruine et décombre. Il le regrettera sûrement après sa mort. Il s’est dit alors qu’il se suicidera mais ailleurs. Tandis qu’il était noyé dans ces réflexions idylliques, un énergumène en tenue de gendarme surgit de nulle part et remarqua ses réticences. Il compris rapidement qu’il s’agit d’un candidat au voyage céleste qui voulait de la compagnie, mais ne savait pas quel cosmodrome prendre. Par expérience le gendarme savait que ce genre de voyageur n’a pas suffisamment de détermination pour décoller.
Il devait l’aider à se propulser de la misère vers le paradis céleste en vol direct. Voyez-vous, c’est un acte de charité musulmane qu’il faisait tout le temps. Car notre gendarme avait un coeur tendre, il voulait l’encourager et l’aider à améliorer sa situation à sa façon; sans aucun effort. Il dégaina son arme vers lui pour lui signifier que s’il ne se fait pas exploser il serait dans l’obligation de le tuer. Voyant l’arme pointée sur lui, notre terroriste tiré subitement de sa léthargie, se pétrifia sur le coup. Il ne voulait pas être tué par balle, c’était trop affreux. Sa main qui était déjà sur le détonateur de sa bombe se crispa si fort qu’elle déclencha la mise à feu du propulseur cosmique. Et comme ça l’attentat accidentel se produisit, faisant plusieurs morts qui feront partie du voyage vers le Paradis, et plusieurs bléssés qui n’ont pas eu la chance de s’envolé avec les morts. Le gendarme fut très satisfait. Le terroriste, mort sur le coup, échappa aux balles du gendarme et tout entra dans l’ordre. Mais on ne sut jamais si ce dernier a regretté ou non les dégâts dans ce joli endroit.
Comme le ridicule ne tue pas, on peut titrer n’importe quoi n’importe comment.
Avec mes plus profondes condoléances à toutes les familles des victimes du terrorisme.
Par un psychanaliste de passage
Le rire est le meilleur de l’homme. Je profite de celui initié par vous pour poursuivre sur votre mode, en espérant que vous le permettez …
Vous signez « Un psychanaliste de passage » ; c’est très mystérieux. Et si le mystérieux peut tétaniser (c’est sans doute pour cela que tous les pouvoirs s’exercent dans le secret de palais « interdits à toute personne étrangère »), il peut aussi emballer la curiosité.
Je fais un effort pour résister à la crainte (de vous être désagréable ET d’agacer certains lecteurs !) et je me permets, emportée par la curiosité, de questionner votre signature. Je précise cependant (pour tenter de me protéger contre des réactions intempestives possibles) que cette démarche provient chez moi d’un intérêt réel et déjà manifesté auparavant sur ce blog pour d’autres identités publiques mystérieuses.
Vous êtes donc « de passage » … où ? En psychanalyse ? Sur le blog ? En Algérie ? Dans la rue où le gentil terroriste, pris de terreur à la vue d’une arme à feu, s’est fait explosé pour se préserver d’une mort infâme ?
Redevenons sérieux et analysons, non plus le contenu du titre mais son esprit. Bien qu’amusant dans sa formulation, l’analyse lyrique qui est faite du titre n’en révèle que plus son ambiguïté, le caractère irréaliste de « l’information ».
En restant très sérieux, le titre nous dit que c’est la vue de l’arme à feu braquée sur lui qui aurait éveillé l’instinct de … survie (!) chez le kamikaze. Nous reposant confortablement sur le traitement qu’en fait notre ami « psychanaliste de passage », nous en déduisons (d’autres déductions sont possibles) que, mourir « comme ça », ce serait « véritablement » mourir. Par déduction, on en conclut que son projet à lui était de mourir de telle sorte qu’il soit assuré de continuer à vivre « après », d’où son instinct de « survie » salvateur.
En toute logique (puisque la vue de l’arme à feu l’a fait paniqué !), on peut affirmer que ce candidat au terrorisme l’était malgré lui. Sans l’effet stupéfiant de la drogue (comment nos informateurs le savent, allez savoir …), il en serait resté à l’amateurisme tout au plus. En d’autres termes, sans y avoir été contraint (contre un), il n’en serait jamais arrivé au suicide explosif …
On peut même imaginer, pour continuer sur le mode lyrique, que le kamikaze ignorait ce qu’est « mourir » et que le sens de la fatalité de la chose lui aurait sauté à la gorge (la gorge serrée) à la vue d’une arme à feu braquée sur lui, donc au moment où la mort était imminente.
Franchement, ceci est un conte mais je me demande si, dans la réalité, ça ne se passe pas comme ça : les terroristes sur le terrain, surtout les jeunes, iraient à l’action terroristes comme d’autres prennent des barques pour traverser la grande Méditerranée, à la recherche d’une vie meilleure ; sous d’autres cieux …
Dans ce cas, comment les juger tous de façon juste ? Cette question, les juges et les algériens en général, se la sont-ils posée ?
TAnt pis, notre psy est reparti …