15 août, 2008
Le syndicaliste Boubakeur Attik inhumé à Béjaia
Décédé avant-hier, en fin d’après-midi, suite à un arrêt cardiaque, Attik Boubekeur a été inhumé hier au cimetière de Sidi- Ahmed de la ville de Béjaïa, en présence de nombreux proches et amis, de syndicalistes et militants de la mouvance démocratique, notamment du MDS (Mouvement démocratique et social) et du PST (Parti socialiste des travailleurs), ceux avec lesquels il avait eu à partager de longues années de lutte. De nombreux travailleurs lui ont aussi rendu un ultime hommage en l’accompagnant à sa dernière demeure. Des travailleurs qui, comme lui, luttaient dignement et sans se compromettre pour que leurs droits sociaux ne soient plus bafoués. Ali Hocine, secrétaire général du MDS, a tenu à assister à l’enterrement pour celui qui représentait son parti dans la wilaya de Béjaïa depuis des décennies. Pour beaucoup de syndicalistes, la disparition de Attik Boubekeur constitue une grande perte pour le combat syndical. Un de ses anciens amis, Mourad Bouaïche, considère que le défunt représentait «une école syndicale et, avec sa mort, c’est cette même école qui s’en va.» Attik Boubekeur, de l’avis de tous, était un syndicaliste combatif, désintéressé, ne reculant jamais devant l’adversité malgré les persécutions dont il était l’objet durant des années. Pour lui, la lutte syndicale se pratique toujours en faveur des opprimés, les réprimés et tous les travailleurs spoliés de leurs droits. Sa forte personnalité et la sincérité de son combat, syndical et politique, lui ont valu beaucoup de respect ; mais il ne tira jamais quelque avantage personnel d’une telle situation. Il est resté égal à lui-même toute sa vie durant. Malgré les multiples tentatives de corruption de la part des autorités de l’époque du parti unique, il n’a jamais succombé aux chants des sirènes alors qu’il n’avait même pas de logement personnel. Il était, pendant de longues années, locataire en ayant à sa charge une famille nombreuse vivant dans la précarité. Fidèle à l’école syndicale à laquelle il appartenait, Boubekeur refusait depuis toujours de troquer son idéal contre un bien matériel de quelque nature que ce soit. Il voulait que soit arraché par la lutte. C’est ainsi d’ailleurs qu’il a impulsé, au lendemain de l’ouverture démocratique (1990- 1991), l’association des locataires de Bejaïa, grâce à laquelle il a pu obtenir, après une série d’actions de rue, un logement à Sidi-Ahmed qu’il occupera de cette date jusqu’à sa mort. Entre lui et l’armée de syndicalistes rentiers essaimant beaucoup de structures syndicales, il y a tout un monde bien sûr. Son parcours syndical mérite amplement d’être connu pour qu’il serve d’exemple dans cette conjoncture marquée par une lutte historique des syndicats autonomes pour le bien social et les libertés politiques et syndicales.
Par Kader Sadji