22 août, 2008
Cette Algérie qui brise ses sportifs
Contrairement à ceux qui affirment que l’Algérie a été humiliée en France suite à l’arrestation de Mohamed Ziane Hassani, c’est à Pékin que notre pays a été humilié à Pékin. En effet, sur 57 athlètes qui ont pris part aux Jeux olympiques, seuls deux (02) ont réussi à décrocher des médailles. Il s’agit de la judoka Soraya Haddad qui a remporté le 10 août la première médaille olympique pour l’Algérie, décrochant le bronze dans la catégorie des -52 kg et le judoka Amar Benikhlef médaillé d’argent dans la catégorie de - de 90 kg. Sinon, tous les autres participants ont été éliminés après des échecs. Il y a un seul athlète qui a déclaré forfait, c’est Khoudir Aggoune.
Au lendemain de son forfait, l’enfant de Souk El Tenine (Béjaia) est sorti de sa réserve pour expliquer les raisons qui l’ont poussées à renoncer à la compétition. Dans un entretien accordé au Soir d’Algérie, Aggoun a expliqué que dans son contrat-programme paraphé cette saison, le 10 000 m ne figurait pas dans ses objectifs. « On ne change pas de distance à la veille d’une compétition majeure comme les Jeux olympiques », a-t-il indiqué.
Au début de l’année, il était entendu que qu’il prépare le 5 000 m. « Ni moi ni mon entraîneur n’avions évoqué une préparation pour le 10 000 m. De plus, mes 27’58’’ réalisées cette saison sur 10 000 m (minima B) sont trop faibles pour pouvoir réussir une place honorable aux JO », a précisé Khoudir Aggoune. Six jours avant son voyage, Aggoune était informé qu’il était engagé au 5 000 m. Lorsqu’il a su qu’il était engagé au 10.000 m, Aggoune a transmis un courrier à la FAA pour « contester cette décision illégale » prise contre sa volonté. « Le DTN de la FAA, Ahmed Boubrit, m’a promis de revoir cette décision », a-t-il souligné.
« J’étais tellement touché dans mon amour-propre par cette mesure arbitraire que j’ai décidé de ne pas effectuer le déplacement en Chine. A trois jours de notre départ, j’avais même remis mon accréditation et mon billet pour lui signifier que je ne partirai pas en Chine si je ne cours pas le 5 000 m », a encore déclaré Aggoune. Le DTN Ahmed Boubrit lui a juré plusieurs fois qu’il allait courir le 5 000 m et non le 10 000 m. « Il m’a supplié de rejoindre Pékin avec la sélection nationale (…) Je ne pense pas que le DTN niera ce qu’il m’a avancé devant le siège du Comité olympique algérien », a précisé l’enfant de Souk El Tenine et de s’interroger: « pourquoi le DTN, qui était désigné chef d’équipe, a évité de partir à Pékin, alors qu’il était avec nous à l’aéroport pour accompagner les athlètes ».
A Pékin, Khoudir a vécu des moments de pression, mais avait la conviction qu’il serait engagé dans le 5 000 m. « Une distance dans laquelle j’avais réalisé les minima A« , a-t-il affirmé. Il a eu une entrevue avec le chef de mission, pour lui dire qu’il ne peut courir que le 5 000 m. Ce dernier lui a répondu qu’il a reçu un ordre par écrit de la part du président de la FAA et non du DTN pour qu’il courre le 10 000 m. « J’étais profondément touché par cette injustice. J’ai senti la plus grande humiliation de ma vie. Je pense que je fais les frais de la décision de mon club (MCA) pour avoir boycotté le meeting d’Alger (29 mai). Ni plus ni moins. Je le répète : je suis victime d’un règlement de compte », a clamé Aggoune.
En octobre 2006, la judokate Soraya Haddad, médaillée de bronze lors des championnats du monde 2005, a décidé d’interrompre sa carrière. Dans une lettre qu’elle a adressée au ministre de la jeunesse et des sports, Soraya Haddad a dénoncé la précarité de sa situation. « Je ne vois rien venir, ni la possibilité de bénéficier d’une formation au sein d’un institut de sport pour obtenir un diplôme qui assurerait mon avenir professionnel, ni la chance d’une intégration dans le secteur de la jeunesse et des sports en qualité de fonctionnaire qui mettrait fin à mon statut de chômeuse de luxe temporaire. Rien de tout cela ne s’est concrétisé malgré toutes les tentatives de me rassurer », a-t-elle écrit dans sa missive. »Monsieur le Ministre, j’avoue que je ne trouve même pas de mots pour qualifier l’humiliation que le wali de Béjaïa, de surcroît président du Fonds de wilaya du sport, m’a infligée lors d’une cérémonie organisée en mon honneur, en me gratifiant d’une modique somme de cinq millions de centimes (50 000,00 DA) en guise de récompense pour les résultats réalisés durant la saison 2005 : – Médaille d’or au championnat d’Afrique individuel – Médaille d’or à la Coupe d’Afrique des nations – Médaille d’or aux Jeux méditerranéens – Médaille de bronze au championnat du monde- 3e place à la Coupe du monde des nations » (…)
Ces deux cas nous renseignent à plus d’un titre sur l’état de notre sport. Le lecteur peut conclure que notre cher pays est gouverné par des briseurs d’ambitions. Par El Mouhtarem