30 août, 2008
Mohamed Samraoui: »Hassani doit soulager sa conscience et avouer sa participation à ce meurtre »
L’ancien officier du DRS, Mohamed Samraoui, en exil en Allemagne, a déclaré aujourd’hui (lire l’interview dans www.lequotidiendalgerie.com (ex-tahiabladi), que pour ce qui est de l´identification de Mohamed Ziane Hasseni, «le mieux serait que je me rende à Paris pour une éventuelle confrontation ». M. Samraoui a expliqué que «d´après les photos montrées (par les journalistes de Madiapart), il s´agit bel et bien de Rachid Hassani, mais ma conscience et la crainte de Dieu ne m´autorisent pas à accuser un innocent, par conséquent une confrontation est souhaitable pour lever les derniers doutes».
A la question de savoir pourquoi Hassani s’est rendu en France se sachant sous le coup d’un mandat d’arrêt international, M Samraoui a révélé que Rachid Hassani allait être muté à la fin des années 1980 en …France. «Et ce n´est que sur insistance de l’intéressé qu’il fut finalement envoyé en poste en tant que consul à Bamako au Mali », a indiqué l’ancien officier algérien. Selon lui, Hassani a certainement reçu des assurances pour se rendre en toute quiétude en France, grâce à la détention d´un passeport diplomatique (qui devait en principe lui octroyer l’immunité) et en jouant sur l’homonymie. «La falsification d´un passeport et l’établissement d´une nouvelle légende sont des techniques courantes pour se soustraire à la justice ou exécuter des opérations clandestines dans un environnement étranger ou hostile », a-t-il encore expliqué.
M. Samraoui a déclaré que les actuels chefs du DRS et le président Bouteflika, qui ne sont pas mêlés à l’affaire Mecili, peuvent sacrifier Hassani. «Il ne leur causera aucun souci judiciaire et ne sera en aucun cas une source d´inquiétude pour eux », a souligné M.Samraoui.
A la question de savoir si la justice française l’a sollicité pour témoigner, M. Samraoui a déclaré que pour le moment il n’a pas été sollicité. « Je me tiendrai à la disposition de la justice française si elle le désire. Ce sont les propos que j’ai tenus avec le juge Thevenot lorsqu’il est venu me voir en Allemagne en 2003 », a-t-il ajouté.
Au sujet du risque de voir l’affaire classée pour « raison d’Etat », l’ancien membre du DRS a expliqué qu’en dépit des tractations qui ont certainement commencé, la conjoncture de 1987 n´est pas identique à celle de 2008. «Voilà pourquoi je ne vois pas l´intérêt d´un classement de cette affaire », a déclaré M. Samraoui.
Pour M. Samraoui, Hassani doit soulager sa conscience et avouer sa participation à ce meurtre à la fois macabre et gratuit. «Ce n´est certes qu’un exécutant, mais il doit répondre devant la justice de ses actes afin que les assassinats politiques soient bannis et ne servent plus de moyens d’intimidation contre ceux qui ne partagent pas les vues des décideurs ou refusent leurs dérives», a déclaré l’ancien officier en ajoutant par ailleurs qu’il faut que l’assassin Amellou soit remis à la justice et de s’interroger: pourquoi le couvre-t-on à Alger ?
L’affaire Hassani inquiète-t-elle des personnalités du régime algérien ? «Forcément ! Si la justice française va au bout, et c´est ce que je souhaite, certaines personnalités du régime doivent trembler, je pense tout particulièrement au général Larbi Belkheir qui servait à l’époque à la présidence de la République et qui était un proche du général Mejdoub Lakhal Ayat , le chef de la DGPS», a répondu M. Samraoui qui a précisé que Lakhal Ayat étant décédé, il va de soi que les commanditaires de l’assassinat de Mecili vont tout faire pour lui imputer la responsabilité de cet odieux forfait.