15 août 2008 :
L’AFP annonce l’ arrestation du commanditaire présumé du meurtre de l’avocat algérien Mecili ». « Un responsable du protocole de l’Etat algérien, commanditaire présumé de l’assassinat de l’avocat opposant algérien Ali Mecili le 7 avril 1987 à Paris et objet d’un mandat d’arrêt international, a été arrêté jeudi à l’aéroport de Marseille-Marignane (sud-est) et déféré vendredi devant la justice à Paris, a-t-on appris de sources judiciaire et policière.
Mohamed Ziane Hassani est soupçonné d’être le commanditaire de cet assassinat qui aurait été exécuté par Abdelmalek Amellou, un petit truand algérien. Les mandats d’arrêt visant ces deux hommes avaient été signés le 7 décembre 2007 par le juge parisien Baudoin Thouvenot.
Cet Algérien “a été arrêté à (l’aéroport) Marseille-Marignane à l’arrivée d’un vol en provenance d’Alger”. “Il a été arrêté hier (jeudi) à Marseille-Marignane par la Police aux frontières (PAF), il a été déféré aujourd’hui (vendredi) au parquet de Paris et présenté au juge Thouvenot” en charge de l’instruction de cette affaire, a indiqué à l’AFP une source judiciaire à Paris.
“Le mandat d’arrêt vaut mise en examen”, a précisé cette même source, ajoutant que Mohamed Ziane Hassani devait être présenté dans la soirée devant un juge des libertés et de la détention (JLD).
M. Hassani “était porteur d’un passeport diplomatique mais n’est pas inscrit sur la liste des personnes jouissant de l’immunité diplomatique”, a-t-on appris de source policière.
“Il a tenté de faire jouer une question d’homonymie avec les policiers de la PAF puis avec le procureur d’Aix-en-Provence sans succès”, a-t-on affirmé de même source. M. Hassani, interpellé jeudi après-midi a été brièvement écroué dans le sud de la France. Selon cette source, le livre “Un crime d’Etats, l’affaire Mecili” publié en avril 1993 par le journaliste Michel Naudy a mis au jour “deux nouveaux témoins et le nom de Hassani est apparu à cette époque”. avant son transfert à Paris.
16 août 2008
L’Afp annonce l’inculpation de Mohammed Ziane Hassani pour “complicité d’assassinat” mais laissé en liberté. « Cet homme (…) a été remis en liberté par un juge des libertés et de la détention et placé sous contrôle judiciaire. »
Le parquet, qui avait requis contre lui une inculpation, n’a pas été en mesure de préciser si ce contrôle judiciaire imposait à Mohamed Ziane Hassani de rester sur le territoire français avant une prochaine convocation “fin août” chez le juge d’instruction Baudouin Thouvenot.
Le Président du FFS, Hocine Aït Ahmed, réagit sur RFI à l’arrestation de Mohamed Ziane Hassani. « Je suis très heureux d’apprendre comme ça qu’on met fin, d’une certaine manière, à l’impunité (…) L’omerta qui a été adoptée par les autorités algériennes et les autorités françaises était trop dure. Alors j’espère qu’une ouverture se fera sur ce plan là. Evidemment, Madame Mecili et ses enfants seront très heureux d’apprendre qu’enfin justice va être faite”, affirme M. Aït-Ahmed.
L’Afp annonce la mise sous contrôle judiciaire de Mohamed Ziane Hassani. « Ce contrôle judiciaire est assorti d’une interdiction de quitter la région parisienne et de l’obligation de justifier d’une résidence à Paris avant une prochaine convocation “fin août” chez le juge d’instruction Baudouin Thouvenot.
Le FFS, par la voix de son premier secrétaire par intérim, Ahmed Betatache, salue le courage et l’intégrité morale du Juge français Baudouin Thouvenot. «Mais dans cette affaire, les intrusions des pouvoirs, au nom de la raison d’Etat, ont systématiquement œuvré contre la manifestation de la vérité (…) Le FFS suivra avec attention les suites qui seront données à cette affaire et espère que la logique du droit l’emportera sur la raison d’Etat (…), déclare M. Betatache.
Le président du MSP, Abou Djerra Soltani, déclare à la chaîne qatarie El Djazeera que la police française s’était trompée de personne (Mohamed Ziane Hassani) et qu’en réalité il s’agissait d’un homonyme.
17 août 2008
Le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Mustapha Bouchachi, s’est dit très content d’apprendre la réouverture du dossier Mecili (Sources Algérie News). “J’espère que les commanditaires seront jugés”, déclare M. Bouchachi. S’agissant de la procédure judiciaire, l’avocat estime que cette mesure impose à l’individu concerné l’interdiction de quitter le territoire. Par ailleurs, le président de la LADDH qualifie la mesure prise par le juge Baudoin Thouvenot de positive puisqu’elle “permet de recueillir des informations et de faire toute la lumière sur ce lâche assassinat”.
Le quotidien Liberté publie une réaction d’un haut fonctionnaire algérien du nom de Sid Ahmed Abdelhadi. L’auteur de l’article intitulé “L’Algérie humiliée”, met en garde la France contre une détérioration de ses relations avec Alger après l’interpellation du responsable du protocole au ministère des Affaires étrangères. M. Abdelhadi tente de semer la confusion en affirmant que l’arrestation du haut cadre de l’Etat algérien s’est faite sur “la base d’une fallacieuse homonymie et qui, en son temps déjà, avait prouvé que la confusion sciemment entretenue autour de son identité relevait d’une manœuvre tendancieuse orchestrée par le félon Samraoui dont l’obstination à desservir son pays relève purement et simplement de la traîtrise”. L’Afp reprend les propos de Sid Ahmed Abdelhadi.
Le quotidien Ennahar indique que les autorités françaises ont humilié le diplomate algérien, directeur central au ministère des Affaires étrangères Mohamed Ziane Hassani. “Il a été maltraité, dépouillé de ses vêtements et a subi des pressions”, souligne Ennahar. “M. Hassani a été transféré à Paris par TGV pour le présenter devant un juge chargé des affaires du terrorisme. Il a été longuement interrogé, alors que les services français savaient que le diplomate arrêté n’avait aucune relation avec l’accusé cité par Samraoui…La différence d’âge entre les deux est de 10 ans, leurs noms différent et sont issus de deux régions différentes. Le diplomate arrêté est de Tolga et l’autre est des Aurès”, écrit la journaliste qui ajoute que M. Hassani a été ”traité comme un criminel de guerre ou à membre d’une bande de malfrats.”
Par ailleurs, Ennahar affirme que les autorités françaises n’ont pas pris en considération le passeport diplomatique de M. Hassani, “alors que les diplomates français sont très respectés en Algérie”. “Les autorités françaises n’ont pas pris en considération les efforts consentis par Bouteflika dans le cadre de la consolidation de l’amitié algéro-française. M. Bouteflika a montré sa bonne foi lors de sa participation au sommet de l’UPM tenu en juillet dernier à Paris. (Le hasard (?) fait que cette phrase se trouve aussi dans le texte écrit pas M. Abdelhadi dans le journal Liberté).
Ennahar souligne, par ailleurs, qu’au moment de l’assassinat de Mecili en 1987, M. Hassani était un haut fonctionnaire de la présidence de la République, chargé de la résidence. “Tout le monde témoigne de sa droiture et de son comportement exemplaires”, ajoute le journal. ”M. Hassani a vécu 48 heures d’horreur suite à l’interrogatoire qu’il a subi”, indique Ennahar en précisant que le diplomate est contraint de signer un PV deux fois par semaine. “Les autorités françaises ont imposé à M. Hassani de résider à l’ambassade d’Algérie à Paris, puisqu’il est interdit de résider dans les hôtels français”, rapporte Ennahar. Enfin, le journal de Anis Rahmani, affirme que Hassani sera jugé le 27 août prochain au retour des vacances du juge chargé de l’affaire. (Tout comme Liberté, Ennahar joue sur le registre de l’humiliation).
Out comme Ennahar, le journal du FLN, Sawt El Ahrar, publie un article en page 3 où il fait état de l’humiliation qu’aurait subie le diplomate Hassani.
18 août 2008:
Le président du FFS, Hocine Aït-AHmed affirme dans Toutsurlalgerie que l’assassin de Mecili était porteur d’un ordre de mission signé par Hassani. « Je crois que l’élément qui a fondé la conviction du juge est le témoignage de Samraoui en 2003. Quand il a raconté comment il avait accompagné Hassani pour aller voir Amellou, le tueur et le convaincre d’accepter 800 000 francs pour son «boulot» en attendant le reste », souligne M. Aït-Ahmed.
Pour sa part, Annie Mecili déclare au quotidien Le Parisien que «Cette interpellation est très réconfortante car nous n’avons jamais abandonné le combat contre l’injustice et l’opposition de deux Etats, la France et l’Algérie, à voir ce dossier aboutir. »
Me Antoine Comte, l’avocat des parties civiles, affirme dans les colonnes du Parisien que l’affaire Mecili, c’est une affaire Ben Barka bis. « Sauf que pour Ben Barka, le président de Gaulle avait tapé du poing sur la table pour exiger que la justice passe. Cela a été tout le contraire dans le cas d’Ali Mecili ».
21 août 2008
Hicham Aboud affirme dans les colonnes d’Ennahar que le principal complice dans l’assassinat de Mecili est connu. A cet effet, « Mohamed Ziane Hassani n’a aucune relation avec lui. Le nom Ziane n’existe pas dans la région d’Oum Bouaghi. C’est ce qui rend possible l’hypothèse de l’homonymat. Par ailleurs, Mohamed Ziane Hassani est un simple diplomate. (…) Je considère que l’arrestation de Hassani de cette manière est une humiliation pour le gouvernement et le peuple algériens. (…) »
Hicham Aboud souligne que le complice dans l’assassinat de Mecili est connu et le nom de Ziane n’existe pas à Oum Bouaghi dont sommes issus moi et le véritable commanditaire du crime. « L’accusé principal, je le connais parfaitement. Il est issu d’une famille révolutionnaire; il est détenteur de la nationalité française et son âge dépasse 50 ans ». (Aboud affirme que Rachid Hassani est âgé de plus de 50 ans. Sur la photo, on peut affirmer que Mohamed Ziane Hassani est également âgé de plus de 50 ans.)
«J’ai pris contact avec les autorités judiciaires françaises afin de mettre à ma disposition la photo du diplomate dans le but de l’identifier; parce que je connais parfaitement le complice dans l’assassinat. A cet effet, je peux affirmer que ce simple diplomate est innocent et qu’il est victime d’une méprise des autorités françaises. (…) Il est tout de même triste de voir un diplomate algérien humilié dans un autre pays sans que les autorités algériennes ne bougent le petit doigt. (Hicham Aboud affirme avoir pris contact avec la justice française afin de lui fournir la photo du diplomate «dans le but de l’identifier». Comment attester alors l’innocence d’une personne sans voir sa photo ?)
« Je suis certain que les autorités françaises se sont trompées en arrêtant une personne parce qu’elle porte le nom de Hassani alors que plusieurs personnes portent ce même nom. L’arrestation de Hassani est une erreur que les autorités française devront assumer. (…) Les gens qui se cachent derrière l’affaire ce sont ceux les détracteurs de la ministre de la justice, d’origine maghrébine, Rachida Dati. Ces gens veulent écarter et humilier diplomatiquement la ministre pour ses origines arabo-musulmanes. Il est regrettable de constater qu’au moment où l’Algérie croyait que ses relations avec la France étaient sur la bonne voie, la France commet une erreur aussi grave. Je m’interroge sur le silence des deux Etats. »
24 août 2008
L’avocat Jacques Vergès déclare à Liberté à propos de Mohamed Ziane Hasseni: “Il n’a pas le même nom. Il n’a pas le même prénom. Il n’a pas la même date de naissance. Il n’a pas le même lieu de naissance. Il n’a pas le même métier. Et on l’arrête. C’est un haut fonctionnaire. On le fait voyager de nuit, menotté dans un train. Ensuite, on l’inculpe alors qu’ils disent qu’il y a une confusion d’identité. Ensuite on le met — et c’est une mesure prétendument généreuse — sous contrôle judiciaire. Je dis que c’est un scandale…. »
Commentaire: Vergès affirme que le diplomate n’a pas le même nom, ni la même date de naissance, ni la même profession… Peut-il nous dire d’où il tient toutes ces informations ? Si elles proviennent des autorités algériennes, peuvent-elles nous renseigner d’où se trouve Rachid Hassani ? Pourtant, selon le site Rue89, Hassani à l’adresse du juge à déclaré que «La fiche dont vous me donnez lecture s’applique bien à mon identité, mais je ne comprends pas pourquoi. Je ne suis concerné ni de loin ni de près par une quelconque complicité d’assassinat.»
Mohamed Ziane Hassani doit être entendu sur le fond du dossier dans la matinée du 1er septembre prochain, selon Jean-Louis Pelletier, l’un des deux avocats de Hassani.
L’ancien colonel du DRS, Mohamed Samraoui, s’exprime pour la première fois sur la question dans ce blog.
Contrairement à Hicham Aboud qui atteste l’innocence de Hasseni sans même voir sa photo, Mohamed Samraoui affirme que “N´ayant pas été confronté à la personne arrêtée, je ne peux évidemment pas émettre une quelconque opinion sur cette affaire, par contre je me tiens à la disposition de la justice pour apporter mon témoignage. D´un point de vue strictement personnel, je considère invraisemblable que la police française ait pu commettre une telle méprise, surtout qu´il n´y a aucune homonymie possible entre les deux noms Hassani et Hasni. (…) Une investigation rapide portant sur le parcours de Rachid Hassani depuis 1987 aurait pu facilement déterminer s´il s´agissait du commanditaire de l’assassinat de Me Ali Mecili ou pas », souligne M. Samraoui.
25 août 2008:
Le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, qualifie, lors d’un point de presse à l’issue du Conseil du gouvernement, d’humiliant le traitement subi par le diplomate algérien, Mohamed Ziane Hassani lors de son interpellation par la police française à l’aéroport de Marseille et sa mise sous contrôle judiciaire par la justice à Paris.
Boukerzaza indique qu’un groupe d’avocats a été constitué par le ministère des affaires étrangères pour défendre le diplomate algérien et d’ajouter qu’une cellule de crise a été installée au ministère des AE dès l’éclatement de cette affaire.
L’orateur affirme que le diplomate algérien “a été victime d’un traitement humiliant de la part de la police française. C’est un incident regrettable”.
26 août 2008
Me Khaled Lasbeur, avocat de Mohamed Ziane Hasseni interjette appel au sujet de la mise sous contrôle judiciaire de son client, rapporte le quotidien El Watan.
L’appel de la défense, qui conteste les motivations de la mise sous contrôle judiciaire du diplomate algérien et son caractère contraignant, devra être examiné par la chambre d’instruction.
30 août 2008
Le site Mediapart présente deux photos de Mohamed Ziane Hasseni, à Mohamed Samraoui, ex-officier algérien, l’une prise en novembre 2006, l’autre en juillet 2008 alors que Hassani accueillait des dirigeants européens à Alger. «C’est lui, sans le moindre doute possible», affirme M. Samraoui.
Simplement, celui qui fut l’organisateur de l’assassinat d’Ali Mécili s’appelait à l’époque «le capitaine Hassani ”, avant de devenir, au début des années 1990, le diplomate Mohamed Ziane Hasseni. Un “ diplomate » qui fut notamment en poste en Allemagne entre 1997 et 2004, et qui est aujourd’hui «directeur du cérémonial des visites officielles à la direction du protocole du ministère algérien des Affaires étrangères».
Le site Rue89 publie un article relatant ce qu’a déclaré Hassani à l’adresse du juge: «La fiche dont vous me donnez lecture s’applique bien à mon identité, mais je ne comprends pas pourquoi. Je ne suis concerné ni de loin ni de près par une quelconque complicité d’assassinat.» Il a aussi affirmé «n’avoir jamais été dans l’armée» et «ne connaître» ni Amellou ni Ali Mécili. (…)
Mohamed Samraoui déclare dans un entretien au journal Tahiabladi, que pour ce qui est de l´identification de Mohamed Ziane Hasseni, «le mieux serait que je me rende à Paris pour une éventuelle confrontation ». M. Samraoui a expliqué que «d´après les photos montrées (par les journalistes de Madiapart), il s´agit bel et bien de Rachid Hassani, mais ma conscience et la crainte de Dieu ne m´autorisent pas à accuser un innocent, par conséquent une confrontation est souhaitable pour lever les derniers doutes».
A la question de savoir pourquoi Hassani s’est rendu en France se sachant sous le coup d’un mandat d’arrêt international, M Samraoui révéle que Rachid Hassani allait être muté à la fin des années 1980 en …France. «Et ce n´est que sur insistance de l’intéressé qu’il fut finalement envoyé en poste en tant que consul à Bamako au Mali», indique l’ancien officier algérien. Selon lui, Hassani a certainement reçu des assurances pour se rendre en toute quiétude en France, grâce à la détention d´un passeport diplomatique (qui devait en principe lui octroyer l’immunité) et en jouant sur l’homonymie. «La falsification d´un passeport et l’établissement d´une nouvelle légende sont des techniques courantes pour se soustraire à la justice ou exécuter des opérations clandestines dans un environnement étranger ou hostile », explique-t-il encore.
1er septembre 2008
Réagissant à l’arrestation et la mise sous contrôle judiciaire de Mohamed Ziane Hasseni, la Fondation du 8 Mai 1945 estime qu’il s’agit là d’un viol manifeste des «principes et règles des conventions internationales ». « Comment peut-on expliquer l’entêtement (des autorités judiciaires françaises) à ne pas reconnaître l’erreur d’homonymie et, surtout, à ne pas confondre l’auteur (Samraoui) d’un livre sur la base duquel le procès Mecili a été ouvert », s’interroge-t-on. « D’autant plus, ajoute la Fondation, que Samraoui avoue être présent à une rencontre décisive juste avant la mort de Me Mecili. »
Dans un entretien au quotidien Ennahar, l’ancien agent de la Sécurité militaire, Hicham Aboud, justifie l’assassinat de Ali Mecili. «Les gens doivent savoir que lorsque Rachid Hassani avait commandité l’assassinat de André Mecili, il n’avait réagi ni de son propre gré, ni en dehors de sa profession. (…) Rachid Hassani, en sa qualité d’officier de la SM, était convaincu que Mecili qui portait la nationalité et un nom français était un agent des Services français et que ces derniers avait la main mise sur l’opposition algérienne représentée par Hocine Aït Ahmed et Benbella. Pour briser la main des Services français, il fallait donner un coup fatal qui consistait en l’assassinat de Mecili. L’assassinat rentrait dans le cadre de la guerre entre les Services algériens et les Services français
C’est pour cette raison que beaucoup d’Algériens considèrent toujours que Hassani avait commis un acte patriotique loin de tous les calculs politiques. Cette conviction chez Hassani est née du fait qu’il est issu d’une famille révolutionnaire qui a inscrit son nom dans le mouvement national depuis les années 30. «Pour un officier des Services, il n’y a pas de crime ; il y a assassinat d’un ennemi.”
Mohamed Ziane Hasseni fait appel de sa mise en examen et de son placement sous contrôle judiciaire, a annoncé son avocat, Me Jean-Louis Pelletier.
M. Hasseni entendu lundi après-midi sur le fond du dossier par le magistrat qui avait délivré en décembre 2007 un mandat d’arrêt à son encontre. Me Pelletier indique à l’AFP, à l’issue de cette audition, avoir saisi la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris pour “annuler cette mise en examen et ce contrôle judiciaire qui n’ont aucune justification”. Selon Me Pelletier, “on reste complètement dans le flou dans cette histoire”. “C’est à l’accusation d’apporter les preuves de la participation de mon client à cette curieuse affaire, qui s’est déroulée il y a plus de vingt ans”, ajoute-t-il “Mais je pense que le juge commence à percevoir les failles de l’accusation”, expliqué Me Pelletier qui espère que le parquet restera sur sa position initiale.
Le ministère public s’était en effet prononcé contre la délivrance par le juge du mandat d’arrêt estimant qu’il ne “s’imposait pas”. “Le seul élément contre mon client provient de témoignages fluctuants du colonel Mohammed Samraoui qui affirme que c’est M. Hasseni le coupable sans apporter la moindre preuve”, relève Me Pelletier.
2 septembre 2008
Le contrôle judiciaire auquel Mohamed Ziane Hasseni est soumis, soit deux présentations par semaine devant le service des contrôles judiciaires du tribunal correctionnel de Paris, devra être ramené à une seule fois par semaine en attendant que la chambre d’instruction décide, dans les jours à venir, des suites à donner à la demande d’annulation de la mise sous contrôle judiciaire introduite en appel par ses avocats.
Interrogé, en marge des travaux de l’APN, sur l’arrestation du diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, en France, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, note que “l’affaire est en ce moment traitée par les instances judiciaires françaises”, soulignant que “la presse nationale a rapporté ce jour des données prouvant la véracité et la force de nos espoirs”.
3 septembre 2008
La famille Mecili dépose une demande de confrontation entre le diplomate Mohamed Ziane Hasseni. «Nous avons déposé hier (mardi) une demande de confrontation entre le diplomate Mohamed Ziane Hasseni, soupçonné d’être le commanditaire, et son accusateur Mohammed Samraoui , un colonel” a annoncé à l’AFP l’avocat des parties civiles, Me Antoine Comte. Selon lui, “le juge Thouvenot devrait faire droit à cette confrontation”.
6 septembre 2008 :
Le quotidien algérien El Khabar affirme que les autorités françaises ont décidé de libérer le diplomate algérien Mohammed Ziane Hassani, détenu depuis le 13 Août dernier en France. “Le Gouvernement algérien aurait exercé une grande pression sur les autorités françaises, ce qui a poussé la justice de ce pays à désigner rapidement un juge qui décidera de libérer l’accusé pour l’absence de preuves, privilégiant le bénéfice du doute”, a écrit le journal. Selon El Khabar, le diplomate algérien est revenu en
Algérie et qu’il a rejoint les membres de sa famille.
7 septembre 2008:
Le quotidien Liberté affirme que le diplomate Mohamed Ziane Hasseni est toujours à Paris. ”Contrairement à ce qui a pu être rapporté, le responsable du protocole au ministère des Affaires étrangères n’a pas regagné Alger”, affirme Liberté.
9 septembre 2008:
France 3 réalise un reportage sur Mohamed Ziane Hasseni. Le reportage effectué par les journalistes Joseph Thual et Alexandre Dupont diffusé dans l’édition du 12/13 montre le colonel et diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni fuyant les caméras dans les couloirs du Palais de Justice de Paris.
En compagnie du journaliste de France 3, le lieutenant colonel Samraoui, concentré, visionne attentivement les images montrant Hasseni. Il ne laisse point planer de doute. Il est catégorique dans ses affirmations :
“Il a perdu un peu de ses cheveux, mais c’est lui. C’est bien lui, il n’y a pas de doute”
Le journaliste poursuit : “Qu’est-ce que vous avez vécu avec ce Monsieur ?”
Samraoui : ” Je l’ai connu en 87 lorsqu’il était venu rendre visite à Amelou qui était caché, dissimulé à Skikda et c’est à ce moment là que je l’ai vu de mes propres yeux. J’étais présent, donc je peux témoigner. Il lui a remis une mallette avec une certaine somme d’argent. Je n’ai pas compté, je n’ai pas vérifié. Je n’ai pas inventé cette histoire des 80 millions si ce n’était pas Monsieur Hassani qui me l’avait dit […] voilà comment il lui a donné les 80 millions pour l’assassinat de Mecili” Extraits
10 septembre 2008:
Hicham Aboud intervient dans les colonnes d’Ennahar pour déclarer que les photos diffusées par France 3 ne sont pas celles de Rachid Hassani. Aboud accuse l’ancien colonel Mohamed Samraoui de menteur.
11 septembre 2008:
Mohamed Samraoui réagi aux propos de Aboud dans ce BLOG. « Etre traité de menteur par un journaleux à la botte du colonel Faouzi est pour moi un signe manifeste du désarroi dans lequel se trouvent les gangsters du DRS, qui à défaut d´arguments, versent dans l´argutie, l´insulte et l´invective. » (…) Le DRS aura beau faire appel aux opposants de pacotille pour discréditer mon témoignage, établir un faux passeport ou fabriquer une nouvelle légende à Rachid Hassani, mais j´apporterai la preuve par A+B qu´il s´agit du commanditaire de l´assassinat de feu Mécili, n´en déplaise à ceux qui veulent couvrir les criminels ou qui se dissimulent derrière la raison d´état…
« De son lit d´hôpital l´opposant de service affirme doctement dans un canard connu pour ses accointances avec le DRS, que les photos parues dans Mediapart et FR3 ne représentent pas la même personne ; tiens c´est curieux, on ignorait qu´au Ministère des Affaires Etrangères il y avait deux chefs du protocole.
Alors chiche, que le journaleux de service nous dise quel est le nom de cette personne ; ou mieux encore que cette personne se manifeste et le doute est levé et j´accepterai volontiers d´être considéré comme un menteur. (…)
« Rachid Hassani n´échappera pas à la justice, s´il n´avait rien à se reprocher, il n´aurait jamais détalé comme un lièvre pour fuir les caméras et se terrer comme un rat dans une salle qui servait de bureau à …. victime. Face à cette scène surréaliste tous les experts en psychologie avaient immédiatement identifié un comportement caractéristique propre aux coupables. Après avoir joué sur l´homonymie, voilà qu´on nous ressort la blague du sosie. » (…) Extraits
13 sepptembre 2008:
L’ancien ministre de la communication, Abdelaziz rahabi, réagi aux propos de Samraoui dans ce blog. « ’Jai exercé au sein de l‘Ambassade d’Algérie en Allemagne ( ex RDA ) de 1982 à 1987 en qualité de Ministre Conseiller ou ce qu’on appelle communément Second de L’Ambassade en charge des questions politique et économique. Ceci pour lever toute confusion que pourrait produire l’allusion (? ) de l’ex Commandant Semaraoui (…) En effet, j’ai connu Mohamed Ziane Hasseni, enfant de Tolga (ou Hasni en fonction de la transcription latine) dans les années 70 à l’Université d’Alger où je suivais des cours d’Economie en tant qu’auditeur libre du fait que j’étais étudiant à l’ENA d’Alger (1974-1978 section diplomatique). J’ai continué à le voir aussi bien quand il exerçait au Département du Protocole de la Présidence de la République – période qui coïncidait avec ma présence au MAE (1987-1991) en qualité de porte-parole et plus tard comme Chef de Cabinet du Ministre Lakhdar Brahimi. (…) Quand Hasseni exerçait en qualité de consul Général à Bonn, le Commandant Samraoui était en charge du Bureau de Sécurité de l’Ambassade. Il ne peut ainsi prétendre au bénéfice du doute mais ceci est une autre affaire qu’il convient de laisser aux soins de la Justice.(…) Extraits
Samraoui réagit dans ce blog :
« En écrivant “3. Quand Hasseni exerçait en qualité de consul Général à Bonn, le Commandant Samraoui était en charge du Bureau de Sécurité de l’Ambassade. Il ne peut ainsi prétendre au bénéfice du doute mais ceci est une autre affaire qu’il convient de laisser aux soins de la Justice.(…)
« Malgré ma mise au point, Mr Rahabi persiste dans le faux et cherche à détourner le débat. Les faits prouvent que j´étais en poste à Bonn de septembre 1992 à janvier 1996 et qu´il n´y avait aucun consulat général d´Algérie à Bonn (il se trouvait à Francfort et jamais Hassani n´a jamais été en poste en Allemagne entre 1992-1996, je pourrais citer les noms des consuls qui y ont exercé mais cela est sans importance).
Hassani fut désigné d´abord consul général à Berlin en 1997 avant de rejoindre Bonn, donc bien après ma défection. »
Pourquoi faire dans l´amalgame en induisant les gens en erreur avec de fausses affirmations?
« Le DRS pourra bâtir une nouvelle légende à Hassani, des ministres pourront affirmer qu´il était conseiller auprès d´eux en avril 1987, Larbi Belkheir pourra témoigner qu´il était en poste à la présidence au moment des faits, rien n´entamera ma détermination à trainer les criminels devant une cour de justice. (…)
1- J´ai eu il est vrai, un doute sur la fiabilité de vos informations en notant que vous citez «Hasni» au lieu de Hassani ou même Hasseni; pour quelqu´un que vous considérez comme un «collègue du MAE», il était de mon droit de m´interroger à qui profiterait cette confusion, fut elle involontaire. Mais au fait depuis quelle date Hassani est il au MAE ? Est-il un diplomate de carrière sorti de l´école nationale d´administration comme vous ?
Mr Rahabi, certainement par ignorance, confond que j´ai côtoyé Hassani pendant trois ans lorsqu´il avait effectué un cours passage au sein des services et non lorsqu´il fut consul général à Berlin puis à Bonn. Désolé pour vous Monsieur l´ex ministre, je trouve cette ambiguïté très suspecte et contribue à renforcer l´opacité autour de l´affaire Mecili.(…) Extraits
18 septembre 2008:
L’avocat de Mohamed Ziane Hasseni, Maître Khaled Lasbeur, affirme à Liberté que «Quant à l’acharnement de M. Samraoui, opposant notoire au pouvoir algérien, son témoignage est, aujourd’hui, dépourvu de tout crédit en raison, d’une part, de l’incohérence de ses déclarations qui, de surcroît, s’avèrent être, sur certains aspects, contradictoires par rapport à celles de son collègue Aboud Hicham. D’autre part, dès l’interpellation du mis en examen et sans l’avoir identifié, il déclare que “je considère invraisemblable que la police française ait pu commettre une telle méprise” en procédant à l’arrestation du diplomate. Ensuite, le journal électronique Mediapart lui a présenté deux clichés de visites diplomatiques des ministres étrangers sur lesquels figurent au second plan un homme à lunette, petite moustache, grande carrure, qu’il identifie formellement comme étant Rachid Hassani, alors qu’en réalité, il n’y a aucune ressemblance entre la personne désignée dans les photos et le diplomate algérien mis en examen. Enfin, il voit de dos le diplomate sur la chaîne France 3 et il soutient alors sans hésitation: “Même de dos, je le reconnais.” Ceci démontre à l’évidence le manque de sérieux de ce témoin qui voit partout M. Hasseni. D’ailleurs, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris devra apprécier prochainement l’éventualité de la mise en cause de ce témoin. Extraits
24 septembre 2008:
France Inter réalise une enquête et affirme que Mohammed Ziane Hasseni refuse les tests ADN et l’expertise graphologique. « Lors de son audition, le 1er septembre 2008, par le juge Thouvenot, le commanditaire présumé de l’assassinat d’Ali Mecili, Mohammed Ziane Hasseni a refusé de détailler son curriculum vitae et, surtout, de se soumettre à un test ADN et à une expertise graphologique. »
Sollicité sur le refus de Mohammed Ziane Hasseni de se soumettre aux expertises, son avocat, Me Jean-Louis Pelletier, n’a pas souhaité s’exprimer.
Maître Antoine Comte: “J’en tire la conclusion que cet homme a probablement beaucoup de choses à cacher, mais çà c’est un point de vue purement personnel. J’en tire la conclusion que cette affaire ne fait que commencer, et qu’il est indispensable que la chambre de l’instruction dise que l’instruction doit continuer justement pour que cette expertise graphologique soit faite, justement pour que cette expertise génétique soit faite, justement pour qu’un vrai curriculum soit fait et donc par conséquent, on ne peut pas dire aujourd’hui, çà (cette personne) n’est pas la bonne personne si on refuse toutes les vérifications que demande le juge, car c’est normal qu’un juge à partir du moment où on vous dit çà n’est pas moi, vous dise eh bien tenez, je vais faire une série de vérifications et on refuse celle-ci, alors pourquoi ? Extraits
26 septembre 2008:
La cour d’appel de Paris met en délibéré au 14 octobre l’appel de la mise en examen de Mohammed Ziane Hasseni. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris “a mis en délibéré sa décision au 14 octobre”, déclare à la presse Me Comte à l’issue de l’audience qui s’est déroulée à huis clos. “Je suis un peu étonné car M. Hasseni avait la possibilité le 1er septembre, lors de son audition par le juge d’instruction Baudouin Thouvenot de se soumettre à un certain nombre d’expertises que le magistrat lui a demandées (expertises graphologiques, test ADN, ndlr) et on aurait pu trancher cette question selon laquelle il n’est pas la bonne personne”, a relevé Me Comte. Selon lui, l’attitude de M. Hasseni “justifie qu’il se soumette aux expertises que le juge a demandées”.
27 septembre 2008:
Me Jean-Louis Pelletier, avocat du diplomate Hasseni, à Liberté
« Hasseni n’était pas à Bonn en 1987. Il a eu des responsabilités consulaires mais bien plus tard. Il n’a jamais été à Bamako. Comme on ne trouve pas Hassani, on a ciblé Hasseni.(…) C’est une incohérence du dossier. On recherche Hasseni ou Hacini, avec la même date de naissance que Mohamed Ziane, mais pas le même lieu puisqu’on le fait naître à Oum El-Bouaghi, alors qu’il est né à Tolga. (…) J’ai une pièce déterminante : c’est un vieux livret de famille du père de M. Hasseni. Il y a toute la filiation des enfants. Pour moi, cela clôt le débat. On ne peut pas faire de Hasseni un Hassani, de Mohamed Ziane un Rachid. Et on ne peut pas dire qu’il n’est pas né à Tolga. Extraits (Samraoui a dit Hassani fut désigné d´abord consul général à Berlin en 1997 et non en 1987 avant de rejoindre Bonn, donc bien après ma défection. »
Par El Mouhtarem