Berriane: La population sinistrée dans le désarroi
Cinq mois après les tragiques évènements de Berriane qui ont fait des morts et des blessés en plus des dégâts matériels considérables, la population de cette commune continue de vivre dans un climat de tension et l’incertitude du lendemain.
Les affrontements tragiques ont laissé 257 familles sans abri. «Ce sont des maisons complètements saccagées et presque irrécupérables», a affirmé un habitant à Bérriane. «Beaucoup de familles, retrouvées sinistrées au lendemain des évènements, ne peuvent plus revenir chez elles. En plus de l’état des maisons inhabitables vu l’ampleur des dégâts, ces familles disent qu’elles ne peuvent revenir dans les quartiers touchés, de peur de subir les représailles des tribus opposantes. Elles craignent un retour à la case départ avec de nouveaux affrontements qui risquent d’éclater au retour des familles sur les lieux du drame», a encore indiqué le même habitant. Hébergées dans deux établissements scolaires, les familles sinistrées ont été sommées de quitter les lieux à la veille de la rentrée scolaire. «Vendredi soir, les forces de l’ordre sont venues chasser les familles sinistrées. Cela s’est passé dans des conditions déplorables. Ni les cris des enfants ni les larmes des femmes n’ont empêché les éléments de la force publique d’évacuer avec force ces familles», a précisé un communiqué de presse diffusé avant-hier par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) qui a dénoncé ce genre de situation et de pratiques archaïques. Ce groupe, composé d’une centaine de familles, a été ensuite conduit dans une salle des fêtes située dans la commune de Bérriane. «C’est, encore une fois, une solution provisoire. Les autorités locales ont trouvé à ces familles un toit pour le mois de ramadhan. La salle des fêtes va reprendre ses activités juste après ce mois sacré, où seront -elles hébergées après ?», s’est interrogé Fekhar Kamel Eddine, membre de la LADDH. «Aucun endroit ne peut être dégagé pendant l’année pour accueillir ces familles. Tout cela parce que les autorités ont refusé de déclarer cette zone sinistrée. Une mesure qui aurait permis de mettre en place un plan d’urgence en incluant la nécessité de trouver un endroit d’hébergement à ces familles en attendant de les reloger dans les maisons décentes. Nous avons demandé l’installation de chalets pour ne mettre personne dans la gêne mais cette proposition a été rejetée sous prétexte qu’il n’y a pas eu de sinistre», a encore expliqué le membre du bureau de la LADDH. «Ces familles se trouvent sans chalet ni espoir de bénéficier d’un logement dans les meilleurs délais» a-t-il indiqué. En plus de ce groupe composé d’une centaine de familles, les autres ont été contraints de quitter l’école et de se réfugier chez leurs proches ou amis. «Des notables et des élus sont venus pour convaincre ces familles, notamment les femmes, à quitter les écoles sous prétexte qu’il est indécent et même honteux d’occuper une école», a-t-il expliqué. «Ce n’est pas encore la paix à Berriane. Cette commune connaît, de temps à autre, des violences et des incendies, des insultes verbales, des jets de pierres entre les deux tribus en conflit. Les forces de l’ordre arrivent à maîtriser la situation en mettant un terme dès le déclenchement d’un malentendu» a-t-il ajouté. Le sentiment de haine et d’injustice semble prendre le dessus sur la tolérance et la fraternité. «Aucune initiative de réconciliation n’a été tentée pour calmer les gens et les rassurer. Les négociations sont limitées au niveau des chefs de tribus mais aucun résultat n’a été concrétisé. La population reste livrée à elle-même et dans l’incertitude totale» a-t-il conclu.
Par Nouria Bourihane, Le Jour d’Algérie
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