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Archive pour le 23 septembre, 2008

FERHAT ABBAS, Premier Président du GPRA

Témoignage d’Abdelhamid Mehri, ancien ministre du GPRAferhat.jpg

 

Ferhat Abbas représentait pour moi et pour des générations de militants PPA le porte-parole d’une école politique que nous avons combattu. Ferhat Abbas prônait, avant la deuxième guerre mondiale, l’assimilation comme moyen pour les algériens, soumis aux obligations de leur statut de français, d’en acquérir les droits.

A la fin de la guerre, les positions de Ferhat Abbas ont évolué vers des positions plus proches de la revendication de l’indépendance. Les dialogues menés avec lui par le Dr Lamine Debbaghine et le Dr Chawki Mostefai, dirigeants du PPA, y avaient grandement contribué. Et ce fut le Manifeste du peuple algérien, puis les Amis du Manifeste et de la Liberté (AML). Immense mouvement d’union populaire qui a marqué la lutte politique du peuple algérien contre le régime colonial.

 

La tragédie du 8 mai 1945 et la dissolution des AML ont provoqué la dislocation de cette union, emmené Ferhat Abbas à créer l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA) et s’inscrire dans la vision du Général De Gaulle qui voulait transformer l’empire colonial français en union « librement consentie »: l’Union Française. Les députés UDMA proposaient, en conséquence, à l’Assemblée Nationale Française le projet d’une République Algérienne fédérée à cette Union.
Ce projet a été également combattu par notre génération et rejeté, en même temps, par le Gouvernement français.

 

Aujourd’hui, avec le recul, je demeure convaincu que le combat contre la politique prônée par Ferhat Abbas, pour la solution du problème algérien, devait être mené. Et il est heureux qu’il l’ait été.
Le Premier Novembre a éloigné ce passé avec ses clivages politiques. Mais c’est l’homme de ce passé qui est accueilli, au sein du FLN, par les hommes qui l’avaient combattu. Tous les dirigeants de première ligne de la révolution étaient, en effet, issus du PPA, son principal adversaire politique. L’événement n’était pas anodin et les contacts au début étaient un peu laborieux et prudents. Les retenues et les réserves étaient, peut-être, de la même nature des deux cotés. L’adhésion de Ferhat Abbas au FLN ne pouvait effacer d’un trait les traces d’un passé chargé de divergences politiques et idéologiques, mais aussi de préjugés et de séquelles de polémiques pas toujours heureuses.

 

Mais l’adhésion de Ferhat Abbas était sincère, honnête et réfléchie. Il a su s’adapter à un milieu politique très différent de son itinéraire et de son expérience politique. Il a fait des efforts méritoires pour s’intégrer à ce nouvel environnement, l’accompagner, le comprendre. Il a même aidé à maintenir et à consolider sa propre cohésion. Son apport au combat de la libération était considérable et son rôle au sein des organismes dirigeants de la Révolution (CCE et GPRA) très important.

 

Les contacts avec Ferhat Abbas ont commencé après l’installation de Abbane Ramdane à Alger.

 

Ce dernier me disait, en mai 1955, que ses contacts avec le leader de l’UDMA étaient encourageants et qu’il a été agréablement surpris par les dispositions de l’homme. Ces contacts entrepris par Abbane auprès des acteurs politiques, on l’a appris par la suite, préparaient le terrain à la tenue du Congrès de la Soummam qui a scellé l’union de toutes les familles du nationalisme algérien. Lors de ces assises, Ferhat Abbas et d’autres personnalités politiques d’horizons fort éloignés du PPA, ont fait leur entrée au Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA). Les décisions politiques et organisationnelles de la Soummam ont eu de grandes répercussions à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Mais cette ouverture politique provoqua des remous dans les sphères dirigeantes de la Révolution, notamment chez certains « historiques ».

 

Ces remous se transformèrent en crise aiguë, après la sortie du CCE et lors la première session du CNRA, réunie au Caire en août 1957.

 

Dans une première phase de cette crise, la contestation remettait en cause, simplement, tous les organismes dirigeants mis en place par le Congrès de la Soummam et son orientation générale. Mais un compromis, sauvant l’essentiel des décisions du Congrès, a pu être dégagé au prix d’efforts considérables de dialogue et de contact. Ferhat Abbas a pris une part importante à cet effort de conciliation.

 

Au point que les contestataires, qu’on appelait les militaires, ont surpris lorsque il s’est agit de la formation du Comité de Coordination et d’exécution (CCE). Car, au moment ou ces contestataires reprochaient à Dahleb et à Benkhedda leur tiédeur à l’égard du projet insurrectionnel et insistaient pour leur élimination du CCE, ils tenaient à ce que Ferhat Abbas y figure malgré les réserves de certains, dont je faisais partie, mais pour des raisons différentes.

 

Cela explique, en grande partie, que lors de la formation du GPRA, le nom de Ferhat Abbas était celui qui réalisait le consensus le plus large pour le présider.

 

Le CCE, puis le GPRA, présidé par Ferhat Abbas, connurent des phases difficiles et des crises internes. L’attitude de Ferhat Abbas, en ces moments là, a été toujours marquée par une volonté tenace de les résoudre, ou les atténuer, par le dialogue et la concertation.

 

Arrive la grande crise de l’été 1962. N’étant pas convaincu des motifs invoqués par les deux camps, j’ai vainement essayé de persuader Ferhat Abbas de rester en dehors de la mêlée pour continuer de jouer le même rôle. Je n’ai pas réussi à le convaincre. Il a choisis de prendre position avec le Bureau politique.

 

Il me confia ultérieurement, et il l’a répété à d’autres amis, qu’il a profondément regretté cette prise de position.

 

 

******Il m’est arrivé, quelques fois, d’accompagner le Président Ferhat Abbas lors de rencontres de chefs d’État. La trame de fond de toutes ces rencontres était évidemment la question algérienne. Mais certains gestes et paroles de l’Homme, sont restés en mémoire.

 

 

 

 

 

J’évoquerais trois moments significatifs à certains égards:
1. Rencontre avec le Président Jamal Abdennasser.
Si mes souvenirs sont exacts, c’était la première rencontre entre les deux hommes. Et il n’a pas était facile de l’organiser. Car l’image de Ferhat Abbas dans les fiches des services de renseignements égyptiens était, peut être, à l’origine de certaines réserves. Mais finalement la rencontre s’est déroulée dans une atmosphère sereine, emprunte de respect et de franchise, même si elle manquait de chaleur. En quittant les lieux où nous avons été reçus, Ferhat Abbas résumait ses impressions dans cette phrase: « C’est un grand homme, dommage qu’il traîne une bureaucratie millénaire!! »
2. Rencontre avec le Président Habib Bourguiba à un moment de brouille avec Jamal Abdenasser.
Entre les deux hommes, tout le monde le savait, le courant ne passait pas. Leurs désaccords tournaient parfois à la crise ouverte. Au début de la conversation, Bourguiba commençait à évoquer cette brouille. Alors que personne ne s’y attendait, Ferhat Abbas l’interrompit brusquement: « Mon cher ami cesse de te chamailler avec Abdennasser… (Les deux hommes se tutoyaient)…nous sommes en train de faire face à une guerre atroce et sachez bien que nous avons besoin de vous tous! ». Je m’attendis à une réplique coléreuse habituelle de la part de Habib Bourguiba. Ce fut un silence pesant qui me paraissait long. Puis Bourguiba esquissait un large sourire et change de sujet. Le message du président Abbas était bien reçu. Les conversations revinrent vers l’objet initial de notre rencontre.
3. Rencontre avec sa Majesté Mohamed V (août 1958 moins de deux mois avant la formation du GPRA).
Dépêchés en mission urgente auprès de Sa Mohamed V, Ferhat Abbas et moi nous fument reçus au Palais Royal dés notre arrivée à Rabat. Une grande tension régnait alors aux frontières algéro-marocaines dans la région de Béchar. Des heurts graves et regrettables avaient eu lieu entre des éléments des deux pays. La circulation dans la région était sévérement réglementée et un blocus établi autour de certains points de présence de l’ALN. Sa Majesté Mohamed V nous a reçus, comme il a toujours fait avec les responsables du FLN, avec simplicité et gentillesse. Informé de l’objet de notre mission, il entra directement dans le vif du sujet. « Vous savez que moi et le Maroc tout entier sommes aux côtés de la révolution algérienne. Je peux vous assurer que cela ne changera pas. Mais, en tant que chef d’État, j’ai des obligations envers mon Pays et son unité territoriale. Il y a un problème de frontières entre nos deux pays et j’aimerais que l’on en discute dès maintenant. Je désigne le Prince Moulay El Hassen pour présider la délégation marocaine »

L’audience était brève mais édifiante. Ce que l’on croyait être des incidents locaux limités, était en fait lié un problème sérieux posé officiellement, et solennellement.

 

Ferhat Abbas était d’autant plus désolé qu’il devait quitter le Maroc pour un rendez-vous important. Il me demanda donc de rester à Rabat, de former une délégation sur place et de mener les négociations avec les responsables marocains. Ce que je me suis efforcé de faire.

 

En guise de consignes, Ferhat Abbas me dit ceci: « Ecoute mon cher Mehri, formellement, nos frères marocains ont peut-être raison d’évoquer la question des frontières. Cependant, ils choisissent très mal la façon et le moment de le faire. Nous ne pouvons pas les suivre sur cette voie. Tâche de les persuader que l’intérêt des deux pays commande le renvoi du règlement de cette question après l’indépendance de l’Algérie ».

 

 

Après l’indépendance je rendais, souvent, visite au Président du GPRA. L’une des dernières visites que je lui ai rendues chez lui, se situait juste après la défaite des armées arabes en Juin 1967. Après un bref échange amical, je le provoquais un peu : « Alors, Monsieur le Président, nous avons reçu encore une tannée!? » Ferhat Abbas, calme, me fixa un moment, puis, sans aucun signe de plaisanterie dans sa voix, me répondit: – Mais, mon cher Mehri, nous allons vaincre – !?!!! Comment cela Monsieur le Président ? – Oui, nous vaincrons à force d’être vaincus !

 

 

Rahima Allah Ferhat Abbas.
Alger le 19 Septembre 2008, Abdelhamid Mehri

Boussouf a été un planificateur pour la liquidation des patriotes…

boussouf.jpgL’histoire retiendra que Boussouf a été un planificateur pour la liquidation des patriotes les plus engagés dans la voie qui devait assurer au pays un autre destin que celui qui le caractérise actuellement. Tout en prétendant être chef d’Etat-major, loin du maquis intérieur, il séjournait à Nador sous la protection de son ami Alonzo qui lui procurait garde personnelle, armes, munitions ainsi que boissons… en contrepartie de rémunérations versées en espèces sonnantes et trébuchantes. La sédition de Zoubir avait aiguisé sa méfiance au point qu’il ne se sentait jamais en sécurité parmi les djounouds. Outre ses crimes à l’encontre des concurrents potentiels dans la course au leadership qu’il a fini par imposer avec des éléments à son entière dévotion, qui ont constitué la trame du système qui règne sur le pays depuis l’indépendance, il s’est illustré dans l’envoi à la mort de milliers d’étudiants grévistes et qui à ses yeux et aux yeux de ses comparses risquaient un jour de lui faire de l’ombre. En bon Stalinien, il ne pouvait avoir ni conscience ni âme, en dehors des calculs qui devaient lui assurer une main-basse sur le pays une fois libéré et un partage du butin avec ses amis. Il suffit de regarder autour de soi pour réaliser que pour ces zaims d’au delà les frontières, l’Algérie n’a été rien de plus qu’un butin de guerre. Aux colons d’hier a succédé une nouvelle race d’anciens bandits affamés qui persistent à vouloir s’imposer en seigneurs avec les mêmes recettes concoctées à base d’escroquerie, de perfidie et de roublardise acquises à Tunis et Oujda. Inda rabbikoum tekhtassimoun. Le regard des chouhadas qui ont été victimes de leur perfidie les fixe et les attend au jugement dernier.

Par Ami777 

Réaction au limogeage du DG de l’IGF: « Cette affaire renferme quelques faits saugrenus »

igf.jpgUne pétition et oups ! On se croirait aux années 70 du temps de la gestion socialiste “alibi” tout est fait, un décret présidentiel et tout un tralala avec l’installation aussi rapide que dite. Cette affaire renferme quelques faits saugrenus. Je suis curieux de connaitre les références des nouveaux promus par rapport à leurs prédécesseurs. Il y a anguille sous roche, est-ce que ce ne serait pas une tuile téléguidée par des forces occultes maffieuses, trabendistes, financières qui sont à l’origine de ce changement. Par ailleurs, on continue à bricoler ; on ne passe pas de la comptabilité à l’audit et à l’inspection. Ce sont des métiers différents et des profils aussi différents. Mais quand l’Algérie fera attention à ce genre de chose dans le choix des hommes qui en d’autres cieux sont essentielles ?

 

Le DG limogé a du dire non à quelconque mascarade pour se retrouver dehors. L’affaire Orascom est-elle pour quelque chose? Ou bien veut-on seulement installer un nouveau DG pour bien le guider dans le labyrinthe bien huilé du fonctionnement de l’Algérie des sous marins ? Choix qui veut qu’on désigne les cibles en fonction de l’accointance qu’on a avec l’un ou l’autre. On choisit les hommes qui disent oui et oui et oui, sans se poser de question d’éthique. On choisit les hommes manipulables à souhait. Et autant que faire ce peu, il doit être natif d’une région donnée, car il faut renforcer le clan. Comme on dit : celui qui détient  l’information a le pouvoir, on pourrait dire à ce propos que celui qui dirige l’IGF peut défaire des hommes récalcitrants à certaines sollicitations.

 

Certains ont les informations et les investigations secrètes, d’autres veulent pouvoir avoir des dossiers via l’IGF… Les semaines à venir seront révélatrices des tenants et aboutissants de cette décision aussi rapide que bizarre…
C’est dommage que ce Monsieur limogé n’ait pas de soutiens et d’audience parmi les fonctionnaires et les hauts dirigeants en retrait. On aurait voulu voir les éternels défenseurs des administrations intervenir pour essayer de comprendre et soutenir leur collègue, objet d’une probable injustice.

 

Après le DG d’Algérie Telecom voilà le DG de l’IGF, sans oublier tous les magistrats, les présidents d’instances judiciaires, qui ont perdu leur emploi pour n’avoir pas été complices de mascarades de justice et pour avoir dit non, en fonction de leur intime conviction dans les dossiers scabreux qu’ils ont eu à traiter. On ne relève pas également tous ceux qui ont obtenu des galons et des promotions fulgurantes sans cause. Quant aux P/APC , P/APW,  députés etc… riches à milliards c’est une autre rengaine. On aura tout le temps de les mettre en vedette lorsque le pouvoir sera entre les mains de personnes “propres”.

Par Mohand 

Révision annuelle des listes électorales le 1er octobre

votefor.jpg La révision annuelle des listes électorales en Algérie sera ouverte le 1er octobre 2008 et prendra fin le 31 du même mois, a annoncé lundi le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales dans un communiqué. Tous les citoyens et citoyennes non inscrits sur les listes électorales âgés de 18 ans au 31 décembre 2008 sont invités à solliciter leur inscription auprès de leur commune de résidence, conformément aux dispositions de l’article 5 de l’ordonnance portant loi organique relative au régime électoral, a précisé la même source.

Une conférence de presse du CMA empêchée hier à Tizi Ouzou

cma.pngLa conférence de presse animée hier par des membres du Congrès mondial amazigh (CMA), au bureau de l’association Amusnaw à Tizi Ouzou, a été interrompue avant l’heure. Et pour cause, des éléments de la police ont fait irruption dans la salle pour sommer les intervenants marocains, Rachid Raha, Ahmed Adghrini, Mohamed Marraki et Abdellah Bouchart, respectivement vice-président du CMA, secrétaire général du Parti démocrate amazigh du Maroc et membre de la jeune Amazigh. de les accompagner au siège de la sûreté de wilaya. 

Après plus de deux heures d’interrogatoire, les quatre Marocains ont été libérés. « Ils nous ont fait un PV et ils nous ont signifié qu’il est interdit aux étrangers de tenir une conférence de presse sans autorisation. Mais ce n’est pas cela qui va nous empêcher de tenir notre congrès en Kabylie », dira Rachid Daha, vice-président du CMA.

(D’après El Watan/ Synthèse d’El Mouhtarem) 

Algérie: Le sit-in des enseignants contractuels empêché

Les enseignants contractuels ont été malmenés, brutalisés, tabassés et insultés par des policiers venus en force empêcher leur sit-in prévu lundi devant la présidence de la République. Cinq manifestants ont été interpellés, menottés comme de vulgaires voyous, avant d’être embarqués pour les commissariats les plus proches. En toute vraisemblance, les policiers ont eu le même comportement adopté lors du premier sit-in tenu en juillet dernier. Ils étaient déchaînés et furieux contre des individus qui essayaient de manière pacifique d’atteindre le siège de la Présidence.

Pour rappel, les enseignants contractuels sont à leur 5ème sit-in devant le siège de la présidence de la République. Notons que les protestataires demandent leur intégration dans leur poste de travail, la régularisation de leur situation financière, la réintégration des enseignants exclus abusivement, la titularisation après une année d’exercice ainsi que l’ouverture de postes budgétaires dans les nouvelles filières comme l’informatique. (D’après El Watan/ Synthèse d’El Mouhtarem)

Hocine Aït-Ahmed: « Il s’agit d’être clair sur les combats à mener aujourd’hui »*

haa1.jpgCinquantième anniversaire de la création du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA)

Conférence débat animée par Abdelhamid MEHRI et Daho DJERBAL 19 septembre 2008- au siège national du FFS à Alger

Contribution de Hocine AIT AHMED

Un anniversaire, c’est aussi un moment de retrouvailles. Non seulement retrouvailles entre compagnons de lutte, camarades et amis, mais également un moment où…se rappelant un évènement et le célébrant, on remet sur la table les rêves, les valeurs, les principes qui ont conduit à sa fondation. Les rêves, les valeurs et les principes qui ont conduit à la proclamation du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, GPRA.

Nous avons non seulement le devoir, de les rappeler – afin que nul n’oublie, mais nous avons aussi le devoir de les confronter aux réalités d’aujourd’hui, de voir ce que ces rêves, ces valeurs et ces principes sont devenus… afin que là aussi, nul n’oublie !

Ce que je vais vous dire aujourd’hui, j’ai déjà eu à l’écrire – en son temps – à mes camarades du CCE (Comité central élargi), la direction révolutionnaire de l’époque, dans un rapport que j’ai ultérieurement publié dans Guerre et Après Guerre :
«La constitution du GPRA a été – dans le cadre de la révolution – la réalisation du rêve de plusieurs générations d’Algériens : le rétablissement de la Dawla, de l’Etat. »

L’Algérie a été voulue par les Algériens comme un Etat représentant, incarnant, défendant les intérêts d’un peuple. Ceci est important à rappeler aujourd’hui.
Face aux oligarchies de toutes obédiences, face aux clans et autres regroupements infra-politiques ou para-politiques qui squattent l’espace public en privatisant l’Etat, spoliant le peuple, défigurant la société et la déstructurant.

Quelle question se pose aujourd’hui ? Est-ce que l’Etat voulu par des générations d’Algériens, par ce peuple qui a tant payé pour atteindre cet objectif est aujourd’hui bien incarné par le régime en place ?

Pour pouvoir répondre à cette question, il faut peut-être en poser une autre : Est-ce que les nouvelles générations, les Algériennes et les Algériens qui sont nés dans cet Etat, l’Algérie ; l’Etat algérien, dont ont rêvé les générations précédentes ; cet Etat qui a été gagné de haute lutte grâce à la révolution, est-ce que les jeunes d’aujourd’hui considèrent cet Etat comme le leur ? Ou bien le régime en place l’a-t-il à ce point éloigné de ses missions originelles, c’est-à-dire incarner, représenter et défendre les intérêts du peuple dans la diversité de ses composantes qu’il en a résulté un recul désastreux auprès de notre population et notamment des jeunes dont la colère contre le régime, se transforme en rejet de l’Etat ?

Quand on entend des responsables faire officiellement des procès en patriotisme à notre jeunesse, nous avons le devoir de leur rappeler, d’une part, quels étaient les principes fondateurs de l’Etat algérien et d’autre part, combien ils les ont bafoué !!

Et combien ils continuent quotidiennement de les bafouer !!

2e rappel toujours tiré du rapport au CCE : «La constitution d’un gouvernement est avant tout un acte politique devant par conséquent répondre à des impératifs d’ordre politique. Elle ne peut être conçue à partir de simples évocations historiques ou juridiques »

Parmi les raisons multiples qui ont conduit à la proclamation du GPRA il est nécessaire de rappeler la protection et le respect des droits de l’Homme. Dans notre souci politique, le GPRA avait l’ambition de faire appliquer les conventions de Genève, pour protéger notre population et nos combattants, pour interdire les bombardements de villages, pour interdire la prise d’otages et les représailles collectives, pour le respect du soldat… pour sauver nos jeunes de la guillotine, nos cadres de l’assassinat…

Qu’en est-il aujourd’hui de ces droits de l’Homme ? De ce souci de protéger notre population, nos jeunes, nos cadres et nos…soldats empêtrés dans la sale guerre ? Qu’en est-il aujourd’hui du droit à l’autodétermination du peuple algérien, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?

On ne peut – par ailleurs – absolument pas évoquer la création du GPRA sans rappeler le Congrès de la Soummam, Congrès sans lequel la dynamique de l’unification des forces nationales n’aurait pas eu progressivement et rapidement la visibilité nécessaire à sa crédibilité ! Le GPRA s’est aussi inscrit dans ce souci de visibilité.

Bien sûr, cette date du 19 septembre avec la célébration du GPRA amène à l’esprit toutes les luttes, les souffrances et les sacrifices consentis par le peuple algérien, par les femmes et les hommes qui le composent. Par respect pour la mémoire de ceux qui ne sont plus, par devoir envers les nouvelles générations et celles qui sont appelées à venir, il est peut-être vital, essentiel de rappeler le pourquoi et le comment du combat pour l’indépendance algérienne.

Car il reste encore beaucoup de chemin à faire…

Pour que l’Etat soit de nouveau l’incarnation des rêves d’un peuple et le garant de la défense de ses intérêts… Pour qu’il ne soit plus ce cauchemar qui fait fuir par milliers nos jeunes. Et les moins jeunes… Il est utile, voire vital de préciser certaines choses. Chaque lutte renvoie au contexte historique et à l’environnement international qui sont les siens. Il s’agit d’être clair sur les combats à mener aujourd’hui.

L’Etat d’aujourd’hui n’est pas à confondre avec l’Etat colonial. Mais il s’agit également d’avoir la lucidité de voir que l’Etat algérien d’aujourd’hui confisqué par une caste prédatrice ne répond plus aux aspirations du peuple et de la société. Aux attentes de tous les Algériens et de toutes les Algériennes dans la diversité de leurs aspirations à la liberté et à la dignité.

Faire œuvre utile en politique aujourd’hui c’est aussi expliquer en quoi l’Histoire, la nôtre, s’est appuyée sur l’esprit millénaire de résistance qui caractérise cette terre.
Cette Histoire, pour se faire, s’est également appuyée sur les instruments de la modernité universelle.

L’Etat moderne est un Etat au service d’un peuple dont il garantit la liberté, le développement et la sécurité et en retour, le peuple est le garant de la pérennité de cet Etat, quand ce dernier repose sur la liberté de la société et des individus qui la composent.

Au moment de célébrer les espoirs soulevés par les victoires du passé, au moment d’évoquer, comme ce soir, les victoires sur le colonialisme, il ne faut surtout pas, en ces temps si durs pour notre peuple, il ne faut surtout pas oublier qu’avant de triompher du colonialisme, nous avions d’abord triomphé des limites qu’il était parvenu à imposer à notre audace autant qu’à notre action.

La création du GPRA a été la concrétisation la plus politique et la plus manifeste de cette double victoire sur le colonialisme et sur nos propres limites. Le coup de force contre le GPRA a de ce fait consacré une terrible régression: il demeure non seulement le témoignage d’une illégitimité originelle. Mais il a aussi installé – pour ne pas dire réinstallé – la force brute comme seul mode de gestion de notre société. (FIN)

*Titre tiré du texte par El Mouhtarem

Photo Corbis: 13 décembre 1996

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