Lettre non datée trouvée après la mort de Ali Mécili
Lorsqu’on ouvrira cette lettre, se sera accomplie une destinée qui, depuis ma plus tendre enfance, n’aura jamais cessé de hanter mon esprit.
J’aurais pu mourir hier sous les balles des soldats de la colonisation, je meurs aujourd’hui sous des balles algériennes dans un pays que l’ironie de l’Histoire a voulu que je connaisse après l’avoir combattu les armes à la main.
Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l’Algérie.
Je meurs, parce qu’issu du plus vieux peuple du Maghreb, j’avais caressé le rêve de voir ériger ses antiques traditions démocratiques au rang d’institutions.
Je meurs seul, dans un pays d’indifférence et de racisme.
Je meurs pour avoir naïvement cru qu’il n’y avait qu’un seul socialisme: celui, qui, mettant fin à l’exploitation de l’Homme par l’Homme, met fin à l’exploitation des ventres creux.
Je meurs pour avoir naïvement cru qu’il n’y avait qu’une seule démocratie: celle qui, en assurant le respect des libertés fondamentales, redonne à l’Homme sa dignité et les moyens les plus appropriés pour épanouir sa personnalité.
Je meurs pour ne pas avoir accepté la compromission et le déshonneur dans lesquels se complaisent les plus grand nombre d’élites du Tiers Monde.
Je meurs pour ne pas avoir accepté le silence devant les cris des suppléciés qui hantent les cris des villas mauresques, naguère hauts lieux de pacification.
Je meurs pour avoir vu mourir l’Algérie au lendemain même de sa naissance et pour avoir vu baillonner l’un des peuples de la Terre qui a payé le plus lourd tribut pour affirmer son droit à l’existence.
Le contenu de cette lettre est toujours d’actualité.
Nous sommes des milliers d’algériens à mourrir des maux sociaux de la folie quotidienne (terrorisme, accidents suicidaires sur les routes, abandons de famille, etc…)
Nous sommes aussi des milliers d’exilés à mourrir virtuellement à petit feu loin de notre patrie.
« Je meurs, parce qu’issu du plus vieux peuple du Maghreb, j’avais caressé le rêve de voir ériger ses antiques traditions démocratiques au rang d’institutions. »
« Je meurs seul, dans un pays d’indifférence et de racisme. »
Il faut l’accepter comme un message d’outre tombe pour que nous n’abandonions jamais le combat.
Une lettre qui dit bien ce qu’elle veut dire. Son auteur est un homme comme malheureusement il y en a pas beaucoup de nos jours. Il exprime parfaitement ce qu’il a ressenti, et ce que nous ressentons aujourd’hui. Une lettre magnifique … un programme pour ceux qui comme lui avait une toute autre idée de ce qu’il faut faire en Algerie. Un homme de valeur … voila ce qu’il pensait de l’Algérie et son rôle en tant que militant, voila pourquoi on l’a assassiné comme on a tué Abane et d’autres encore.Il y a mal qui ronge ce pays , comme nul part ailleurs.
Ali, tu n’es pas mort!Meme si ton corps a disparu et, est devenu poussiere, ta memoire reteras gravée en nous!Toi qui n’as jamais accepté de vivre dans une ALGERIE larmoyante, toi qui as combattu sans relache la hogra , toi qui a combattu jusqu’au dernier souffle pour une Algerie libre et souveraine, tu resteras gravé dans nos mémoires, sois-en rassuré!
L’algerie dont tu as révé se realisera un jour ou l’autre car il existe des hommes auquels tu as insuflé de ton vivant et meme aprés ta mort, le sens du combat collectif pour les libertés individuelles.
Ali, tu es notre exemple de combat, tu es donc vivant pour nous!
Ali, meme mort tu es vivant car tu fais toujours peur à tes détracteurs!
Ta lettre est assez expressive pour lancer un appel à toutes les forces vives de la nation algerienne pour ne pas cesser le combat vers une démocratie reelle!
J’ai lu aussi ce qui serait des propos d’Ali André Mecili, voici un extrait: « j’ai connu les poux et les punaises, la saleté, l’hypocrisie, la bassesse humaine, les exécutions sommaires de ceux qui n’ont rien fait de mal et qui ne pourront plus rien faire. J’ai connu la honte, la peur, l’épuisement, le défaitisme, en d’autres termes, j’ai connu l’homme, à nu ».
Maintenant si tu veux vraiment savoir les vraies raisons da sa mort, lis entre les lignes de ce qui suit:
« En septembre 1963, les deux hommes se retrouvent pour la création du Front des forces socialistes (FFS). Mécili prend en charge l’impression et la diffusion de la propagande du nouveau parti. Très proche des milieux étudiants, il y impulse la constitution d’un courant favorable à la démocratie et à l’autonomie syndicale, face à la direction FLN de l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA). Son activité d’organisation porte aussi sur l’action du FFS en faveur d’un mouvement syndical libre et du combat des femmes pour leur émancipation10.
Parallèlement, André Mécili réintègre les services secrets, devenus entretemps Sécurité militaire (SM). Lorsqu’en réponse à l’assaut de l’armée le FFS soulève la Kabylie, sa position lui permet de « désinformer » le pouvoir sur l’état du mouvement, tout en fournissant à son parti des données précieuses sur les projets répressifs qui le visent. Ses fonctions officielles le conduisent par ailleurs à La Havane, pour le cinquième anniversaire de la révolution cubaine : c’est pour lui l’occasion de discuter avec Fidel Castro et Che Guevara. Il apprécie la fraternité du peuple cubain et relève les efforts faits par les dirigeants en faveur des campesinos11.
Le 17 octobre 1964, un an après le début de l’insurrection du FFS, Aït Ahmed et Mécili sont arrêtés ensemble en Kabylie, au cours d’une de leurs rencontres clandestines. Ali Mécili est sauvé de l’exécution par la volonté de négociation d’Ahmed Ben Bella et l’attentisme des services face aux difficultés du régime. Transféré à la prison militaire d’Oran, il est libéré le 1er novembre 196512, peu après le coup d’État de Houari Boumédiène. »
Bonne continuation.
NB: Thikhsi dhidamniss itsingane.. ttimouchouha, non??
Du paradis d’où tu nous regarde , je te dis merci mon frère Ali .
Un jour ton idéal démocratique triomphera .Des milliers d’algériens te portent dans leur coeur .
Chaque 7 Avril , nous venons et nous viendrons au cimetière Père La Chaise pour te répéter que tu n’es pas mort pour rien .Grâce à toi , je militerai pour le même idéal que tu nous as tracé jusqu’à mon dernier souffle .
Merci encore mon frère Ali .