Affaire Mecili : l’étrange coup de fil entre Alger et Rachida Dati
Ce vendredi, la Cour d’appel de Paris doit statuer sur le sort d’un diplomate algérien soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat de l’opposant algérien Ali Mecili en 1987. L’Elysée et la Chancellerie, bombardée de coups de fil des autorités algériennes, suivent de très près le dossier…
Le 7 avril 1987, l’opposant politique algérien Ali Mecili est abattu de trois balles dans le hall de son immeuble parisien du boulevard Saint-Michel. Après dix ans de soubresauts divers et variés (cf. encadré), le dossier rebondit brutalement cet été. Et de quelle façon !
Vingt et un ans plus tard, le 14 août 2008, le responsable du protocole du ministère algérien des Affaires étrangères, Mohamed Ziane Hasseni est interpellé à l’aéroport de Marseille-Marignane, en provenance d’Alger (pour voir sa trombine, regardez le reportage de France 3 diffusé le 8 septembre dernier). Soupçonné d’être le commanditaire de l’exécution d’Ali Mecili, il est mis en examen pour «complicité d’assassinat» et mis en liberté sous contrôle judiciaire. Un courrier de l’ambassadeur d’Algérie en France où ce dernier se porte garant de la représentation en justice du diplomate aurait pesé.
A l’origine des mésaventures de Mohamed Ziane Hasseni avec la justice française: un mandat d’arrêt émis en décembre 2007 par le juge Baudouin Thouvenot, en charge de l’affaire, contre un certain capitaine Hassani (cf. encadré) pouvant également répondre à l’identité de Mohamed Ziane Hassani ou Hasseni. Le diplomate interpellé le 14 août affirme, lui, ne pas être la personne recherchée et se dit victime d’une homonymie. Mais, comme l’a révélé France Inter le 24 septembre, lors de son audition le 1er septembre 2008 par le juge Thouvenot, le diplomate a «refusé de détailler son curriculum vitae et, surtout, de se soumettre à un test ADN et à une expertise graphologique».
Le ministre algérien de l’Intérieur téléphone à Rachida Dati
Si l’affaire est éminemment sensible — c’est tout de même le chef du protocole des Affaires étrangères algériennes qui vient d’être interpellé — il n’en reste pas moins que, le week-end du 15 août, toute la France est en vacances… Mais côté algérien, on s’agite sec. Bakchich est en mesure de révéler que le ministre de l’Intérieur, Yazid Zehrouni, a téléphoné à sa consoeur française de la Justice, Rachida Dati. «Il lui a simplement signalé que le chef du protocole du ministère des Affaires étrangères de son pays avait été interpellé en France» affirme Guillaume Didier, porte-parole de la Place Vendôme. «Et puis Rachida Dati et Yazid Zerhouni se connaissent depuis le voyage officiel de Nicolas Sarkozy en Algérie à la fin 2007. Ils ont des contacts réguliers sur l’affaire Scharbook, du nom d’une petite fille qui est gardée en Algérie par sa grand-mère maternelle alors que la justice algérienne a accordé la garde au père, français. La ministre a laissé pour consigne que, lorsque M. Zehrouni téléphone à son cabinet, on le mette en contact avec elle» poursuit le porte-parole.
Peu après cette conversation interministérielle franco-algérienne, la Place Vendôme confirme également que Rachida Dati a eu un contact téléphonique avec l’un des avocats du diplomate, maître Khaled Lasbeur. «Nous ne le connaissions pas. Il a appelé le conseiller de permanence du ministère pour demander où se trouvait son client et a pu parler à Mme. Dati. Elle l’a informé que son client avait été incarcéré à Aix et était en cours de transfert sur Paris. Elle lui a indiqué que le plus simple était de se tourner vers les autorités consulaires algériennes» continue Guillaume Didier. Maître Lasbeur a, lui, fermement refusé de s’exprimer sur son contact avec Rachida Dati: « je vous interdit de publier quoi que ce soit sur le sujet» a-t-il éructé à Bakchich avant de préciser qu’il n’accordait pas d’interviews pour le moment.
Une chose est sûre, Mohamed Ziane Hasseni ne s’est évidemment pas perdu dans les méandres de la Justice. Selon le Canard Enchaîné du 10 septembre, la prison d’Aix a reçu un étrange appel du ministère de la Justice dans la nuit du 14 août. «Sur ordre de l’Elysée, il faut immédiatement ouvrir au consul d’Algérie» qui veut rendre visite au diplomate embastillé. Or, les visites nocturnes sont interdites quel que soit le pedigree du détenu. Du coup, l’affaire est remontée «jusqu’au directeur de l’administration pénitentiaire, Claude d’Harcourt. Et ça coince. Intraitable, l’ancien préfet oppose à cette intrusion incongrue un farouche et courageux véto. Qu’importe. Sur réquisition du procureur général, pour «ne pas différer l’exercice de la protection consulaire», avant l’aube, on ouvre les portes de la taule».
Le Parquet sera-t-il tolérant avec nos amis algériens ?
Très en forme, la diplomatie algérienne se remanifeste de nouveau auprès des autorités françaises aussitôt Mohamed Ziane Hasseni transféré dans la capitale. C’est le consul adjoint d’Algérie à Paris qui s’y colle et insiste lourdement pour assister à la petite réunion entre le diplomate, son avocat, le procureur et le juge des libertés et de la détention (JLD). Sauf que cette fois pas la peine de passer en force. La loi prévoit en effet que ce type de réunion qui se tient habituellement à huis clos peut être déclarée publique. Ce qui fût bien sûr fait mais demeure tout à fait exceptionnel.
Reste maintenant à savoir quel sort la justice française réserve à Mohamed Ziane Hasseni. Le diplomate sera fixé ce vendredi 26 septembre en début d’après-midi puisque la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris siège pour examiner la levée ou non de sa mise en examen. Les réquisitions du Parquet ne devraient pas être franchement défavorables à nos amis algériens…
www.bakchich.info
cher ami quand on est elu par le peuple on a le pouvoir réel, sauf si on refuse de l’exercer. Alors les éternels cris des personnes effarouchées par des éternels épouvantails on s’est lassé. Quant on juge sur la main sur le Coran, de respecter la constitution il faut le faire. Sinon il on rentre chez soi, comme il l a d’ailleurs souvent répété les premières années de son mandat. Mais on note comme par enchantement qu’il ne fait plus jamais allusion. Il s’est rangé à la force des habitudes des chefs algériens, on démissionne pas. On est responsable sans être coupable. Les coupables c’est ceux d’à côté … une farce qui ne fait rire plus personne.
ATTENTION Rachida Dati ne doit pas se courber devant la mafia au pouvoir en algerie.
Si en algerie ces bandits reglent leur justice par des coups de fil, la france est regardée par le monde entier sur cet horrible crime dans son propre territoire et sa propre citoyenne et et ses enfants francais et europeens qui attendent que justice soit faite.
Si le presumé commanditaire est innoncent, il doit faire les simples testes que le juge Thouvenot lui proposa et alors tout rentre dans l’ordre mais s’il refuse donc il s’auto declare coupable et la famille Mecili , Annie et ses enfants, aura son droit de justice dans son propre pays des droits de l’homme.
La justice au service de son peuple et non au service des assassins.
Rachida Dati doit respecter la justice de la france et l’europe car les regards du monde sont braqués …
Un commanditaire/assassin, quelque soit son statut il est assassin, il ne doit pas etre au dessus de la justice sinon le monde sera dangereux.
Au bon entendeur.
Si les coups de téléphone se font entre algériens et français est ce pour innocenter un criminel ou rendre justice à un innocent? dans le cas ou Hasseni (qui dit – on n’est pas le capitaine Hassani qui avait pour nom de guerre Mohamed Meziane) ne serait pas le commanditaire, c’est à l’Algérie de condamner le vrai meurtrier et de dévoiler sa véritable identité..pourquoi tous ces mystères….c’est devenu une affaire d’Etats alors qu’il fallait laisser la justice fonctionner normalement…à mon humble avis, Hasseni, meme s’il n’est pas le commanditaire il subit d’énormes pressions de la part des services de sécurité pour cacher des choses….affaire à suivre..
Rigolos les gesticulations de notre ministre et de ses sbires. Il croit que la justice se rend en France comme en algérie : Par coups de téléphone, à minuit et en espéces sonnantes et trébuchantes.
Notons que pour l’instant ils n’ont pas pû trouver un moyen de pression ou d’échange. Ils font probablement des offres de services pour régler en échange de la libération du sieur H., la question iranienne (oui.oui), libanaise, siryienne… Mais pour l’instant ils n’ont pas de chance : aucun otage en vue, à moins d’y aller.
RAPPEL D’UNE LETTRE
Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle française sur l’assassinat d’Ali Mécili
par Annie Mécili, 3 avril 2007
Le 3 avril 2007, Annie Mécili, la veuve d’Ali Mécili, opposant algérien assassiné à Paris le 7 avril 1987, a adressé la lettre suivante aux douze candidats à l’élection présidentielle française.
Madame, Monsieur
Voici qu’approche l’élection présidentielle pour laquelle vous avez fait acte de candidature, voici qu’est annoncé le temps du changement.
Afin de ne pas espérer en vain, j’ai besoin de m’assurer, comme cela a été récemment soutenu à propos de la Chine ou encore de la Russie, que la France désormais ne s’interdira plus de dénoncer les violations des droits de l’homme où qu’elles soient commises et par quelque État que ce soit.
Le 7 avril 2007, il y aura vingt ans que l’avocat Ali Mécili, né André, compagnon de Hocine Aït-Ahmed, a été exécuté à Paris où il avait choisi de vivre et d’exercer son métier. Il était français et algérien à la fois par l’effet d’une histoire douloureuse liant nos deux pays. Et de cette double appartenance, il avait fait une force vive au service du combat qu’il a livré toute sa vie pour la justice et la liberté, pour le respect des droits de l’homme et pour l’instauration de la démocratie en Algérie. Son assassin présumé, rapidement interpellé et trouvé porteur d’un ordre de mission de la Sécurité militaire algérienne, a aussitôt été soustrait à la justice française et expulsé en Algérie, en urgence absolue, ainsi rendu à ses commanditaires par décision de Robert Pan-draud, alors ministre délégué chargé de la Sécurité. Depuis, sa famille, ses amis, tous ceux qui portent en eux les valeurs qui furent les siennes attendent que justice lui soit rendue.
Afin de n’être pas déçue, j’ai aujourd’hui besoin de savoir : serez-vous celle ou celui qui saura mettre un terme au scandale que demeure l’affaire Mécili, serez-vous celle ou celui qui saura garantir le triomphe de l’État de droit sur la raison des États quels qu’ils soient et forcer ainsi le respect ?
L’avenir des relations entre deux peuples qui ont tant à partager ne saurait se construire sur un déni de justice.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à mon espérance et vous prie de croire en l’assurance de ma considération distinguée.
Annie Mécili
http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/partis/lettre_mme_mecili.htm