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Archive pour le 6 octobre, 2008

SAS à El Watan: «Ceux qui ont fait la dictature ne peuvent pas faire la démocratie»

sas.jpgSid-ahmed semiane, chroniqueur, auteur de Octobre, ils parlent

 

Il est surtout connu sous ses initiales: S.A.S. Et pour ses chroniques au vitriol dont il a abreuvé nos tabloïds, de Sur la tête de ma mère à ses débuts à Algérie-Actualité jusqu’à « Tag âla man Tag », son billet sulfureux à la « der » du Matin. Il avait récidivé récemment avec de belles chroniques urbaines dans le quotidien La Tribune sous le titre générique : Des Nouvelles du Dehors. Même si ce statut l’agace, Sid-Ahmed Semiane est un symbole fort de ce qu’on a pris coutume d’appeler « la génération d’Octobre ». Il est d’ailleurs l’un des rares à avoir écrit sur l’intifada fondatrice, lui qui a commis un opus qui est en soi un morceau de bravoure : Octobre, Ils parlent (éditions Le Matin, 1998). «Ils», c’est les Khaled Nezzar, Larbi Belkheir, Mohamed Betchine et autre Mejdoub Lakhal-Ayat (excusez du peu…). Notre trublion féroce, à la bouille juvénile, allait ainsi, en dictaphone et baskets, acculer sans trembler les pontes de l’époque. Depuis, SAS a signé d’autres ouvrages, tous traversés peu ou prou par le souffle tellurique d’Octobre. Le dernier en date : Au refuge des balles perdues (La Découverte, 2005). Introuvable en Algérie.

La première question qui me vient à l’esprit c’est : comment avez-vous vécu personnellement les événements du 5 Octobre 1988 ? Quel souvenir précis en gardez-vous ?

Le premier souvenir d’Octobre qui me reste et qui surgit à mon esprit à chaque fois que j’y repense est celui des chars. Bien sûr, il y a les victimes, il y a surtout l’abjection de la torture, les arrestations arbitraires… Mais pour moi, le premier souvenir d’Octobre, celui qui donne le la à la symphonie du désastre, c’est d’abord les chars. Cette tragédie mécanique, cette force arrogante, phallique, méprisante, qui se met en place dans une parfaite théâtralité, qui occupe l’espace en un rien de temps, un peu comme des acteurs qui s’installent sur scène dans l’obscurité, très rapidement, avant le lever de rideau, et sans que l’on se rende compte de leurs mouvements, de leurs déplacements… Ils sont déjà là et vous, vous êtes presque déjà mort. Cette vision des chars m’obsède. J’avais l’impression que leur seule présence était déjà chaotique. Qu’il ne fallait pas en rajouter. Je les voyais pour la première fois en vrai… Nous étions nombreux à les voir pour la première fois. Et ce n’était plus du cinéma. Nous n’étions plus avec John Wayne dans un film de guerre à gros budget. C’est vraiment abominable, un défilé de chars ; des chars nerveux, avec des soldats armés qui s’accrochent au-dessus, fonçant aveuglément sur la ville pour faire la guerre à des enfants. Nous étions nombreux à les voir pour la première fois et nombreux à avoir cet étrange sentiment que la monstruosité de leurs canons nous était entièrement dédiée. On sentait qu’il y avait une volonté de tuer, de faire mal, une volonté d’avilir l’autre et l’autre c’était nous. Je disais que les chars étaient un élément constitutif de notre histoire. C’est vrai. C’est un peu le parfait symbole de notre propre décadence. Si l’on devait choisir un symbole pour raconter nos échecs, ce serait forcément celui du char. Chaque génération a eu droit à son lot de chars. Nos parents, avec ceux de la guerre de Libération, de la Bataille d’Alger… puis, dès l’indépendance, le char a été là, toujours là, prêt à tout moment à manifester sa puissance pour écraser les paroles dissonantes, discordantes, qui ne chantaient pas dans la même gamme que les ténors du parti-Etat. Les chars de 1962, de 1965, de 1967, de 1988, de 1991, et ça continue… Les chars, et certainement l’ENTV, sont les armes les plus efficaces du pouvoir. Maintenant reste à déterminer laquelle des deux armes est la plus efficace et la plus meurtrière ?

En 1998, à l’occasion du dixième anniversaire d’Octobre, vous aviez conçu un livre fort remarqué intitulé : Octobre, Ils parlent. Vous êtes, à ce titre, l’un des rares intellectuels algériens à avoir écrit sur Octobre. Pouvez-vous nous parler un peu de ce livre ? Avez-vous rencontré des difficultés à faire parler justement les acteurs de l’époque ?

Vous savez que tous les acteurs que j’ai pu rencontrer, hormis ceux qui étaient en dehors des sphères du pouvoir naturellement, n’avaient quasiment jamais parlé à un média, ne s’étaient jamais exprimé ni sur cette terrifiante question d’Octobre qui était encore toute fraîche ni sur une tout autre question. C’étaient des petits empereurs vivant dans une espèce de cité interdite, des traders avant l’heure qui spéculaient sur le destin d’une nation en toute impunité. Ce ne fut pas facile, parce que les principaux acteurs se connaissaient entre eux. Ils avaient partagé le pouvoir, ils savaient ce qui s’était réellement passé, ils avaient chacun une part de responsabilité, ils étaient liés par le secret, l’intrigue, les enjeux et des années de dictature… Et puis moi qui arrive avec mon dictaphone et mon sac à dos pour poser des questions… c’était un peu kafkaïen comme situation. Ils n’étaient pas habitués à ça. C’était comme un bug cérébral. Ils ne comprenaient pas qu’on vienne les chercher pour les faire parler. Ils ont difficilement accepté les entrevues. Mais dès que le premier d’entre eux, peut-être le plus influent à l’époque et certainement le plus bavard de tous, avait donné son accord, les autres se sont dit qu’il était possible de le faire. Le premier ne voulait pas que je l’enregistre, ce que j’ai refusé catégoriquement. Il voulait parler et que moi je prenne des notes comme un secrétaire. L’enregistrement était dangereux pour lui. Ce sont des hommes qui travaillent sans preuves. Sans écrits. Il a fini par accepter quand je lui ai expliqué les difficultés d’abord techniques de faire une entrevue de plusieurs heures sans enregistrement, puis, je lui ai expliqué l’avantage que lui-même pouvait en tirer. C’était une preuve juridique autant pour lui que pour moi en cas de litige. Il a accepté. Quelques jours plus tard, quand j’avais fini par retranscrire le tout, il m’avait appelé pour que je lui restitue les cassettes. Faisant l’idiot, je lui dis que j’allais dès le lendemain lui envoyer une copie, il me dit non, je veux l’enregistrement. L’original. Pas de copie pour vous. Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas le faire. Que les cassettes m’appartenaient, qu’elles constituaient un document de travail, et qu’il ne servait à rien que je lui mente en lui disant que j’allais les lui envoyer sans faire de copies pour moi. C’était inconcevable. Je crois que là j’étais prêt à laisser tomber le livre. Mais il n’avait pas insisté plus que ça. Aujourd’hui qu’il y a prescription, je peux raconter tout ça, tous ces travers… J’avais l’impression que ces hommes puissants étaient finalement d’une grande fragilité. Leur puissance, c’était leur silence, leur mépris… Ils se téléphonaient constamment les uns les autres. Dès que je quittais l’un d’eux, ils essayaient de savoir si je posais les mêmes questions, dans quel ordre et dans quel but… L’un d’eux, le plus zélé, est même allé jusqu’à vérifier mon « pedigree » pour voir si je n’avais pas de sympathie particulière pour l’ancienne puissance coloniale ! Avant d’entamer l’entretien, il m’a dit : avez-vous vécu en France ? Je dis non, pourquoi ? Il me dit sans gêne aucune que dans sa tentative d’en savoir un peu plus sur moi, il y avait cette information et qu’il voulait la confirmer. Je n’en revenais pas ! Mais je m’en foutais un peu aussi. Il fallait faire le livre. Le reste, ma foi, c’était un vrai délire… A un moment, ils avaient même conclu que je tentais de les piéger quand ils se sont rendu compte qu’une bonne partie du questionnaire était identique. Ce qui était normal, puisque je leur posais des questions sur le même événement et que je tentais d’avoir le point de vue de chacun sur les mêmes points qui restaient obscurs. Ils se concertaient en permanence. Il fallait qu’ils accordent leurs violons sur le même mensonge, ce qui n’était forcément pas facile pour eux. Je crois qu’ils ne s’étaient jamais dit avant de me rencontrer qu’il était possible qu’un jour, quelqu’un puisse leur poser des questions en toute liberté sur ce qui s’était passé durant les journées d’Octobre. Ils ne s’étaient jamais préparés à ce cas de figure, je crois. Ils ne s’étaient jamais justifiés de rien. Moi, ce que je voulais, c’était qu’ils parlent, d’où le titre d’ailleurs. C’était presque mon seul objectif. La vérité, vous pensez bien, était une option aléatoire. Je ne pouvais tout de même pas tout avoir. Je voulais les faire parler, qu’on entende leurs voix, qu’on inscrive quelque part sur des supports non périssables leurs mots… Des mots que d’autres pourraient utiliser comme base de données pour aller plus en profondeur dans un travail de vérité historique recoupée et vérifiée. Vous rendez-vous compte, les quatre principaux responsables d’Etat durant les événements d’Octobre que j’avais interrogés, quand je leur parlais de la torture, me disaient tous, sans sourciller, avec des trémolos dans la voix, qu’ils n’étaient pas au courant de cette abomination. L’un d’eux m’a même avoué, sans que je le torture, presque les larmes aux yeux, comme un très médiocre acteur de télénovela, qu’il n’avait appris que des cas de tortures existaient que des semaines après les sanglantes journées d’Octobre, et seulement quand les premières lettres de citoyens dénonçant cette abominable pratique arrivaient sur son bureau à la Présidence. Il m’avait juré sur la tête de ses enfants qu’avant d’avoir lu ces lettres, il n’était au courant de rien. Je savais que c’étaient de gros mensonges ce que me racontait cet homme puissant. C’était presque risible. C’était pathétique. Mais je n’allais tout de même pas l’obliger à dire la vérité. Ça, c’est le travail des juges. De la justice. D’une vraie justice…

Au terme de vos entretiens, pouvez-vous nous livrer votre conclusion « intime » quant à l’interprétation d’Octobre. Laquelle des thèses l’a finalement remportée : « chahut de gamins » ou manipulation ?

« Chahut de gamins », sûrement pas. Et franchement, j’en ai marre de cette histoire de manipulation. Je ne supporte plus ce mot. Ça fait plus de vingt ans que l’on tente de savoir si oui ou non le pouvoir (ou une partie de ce pouvoir luttant contre une autre partie) a manipulé la rue. Encore une fois, le débat est biaisé. Parce que cette interrogation n’est pas la bonne. Même moi, croyant bien faire, je me la suis posée. Mais c’est totalement idiot. Parce que, une fois encore, c’est le pouvoir qui choisit les termes du débat. C’est lui qui donne le la, nous laissant nous engouffrer tête baissée dans une équation inextricable. Tous les pouvoirs manipulent de toutes les façons. C’est consubstantiel à leur raison d’être. A la raison d’être de la politique… Pourquoi alors abandonner l’essentiel pour perdre du temps dans des interrogations sans réponses précises ? Parce que l’essentiel, ce n’est pas de savoir s’il y eut manipulation ou pas, ça, c’est tout bénéf pour tous les potentats qui nous observent en train de nous entre-déchirer dans des circonvolutions intellectuelles vaseuses et sans fin… L’essentiel n’est pas de savoir comment les gens sont sortis, mais pourquoi ils sont sortis. L’essentiel, ce sont plus de 600 morts, des milliers d’arrestations arbitraires et presque autant de cas de tortures pratiquées sur des adolescents qui restent totalement impunies sans qu’aucun juge ne se dise qu’il est temps d’ouvrir le dossier. Non pas pour se venger, pour punir ou châtier les coupables, mais surtout pour savoir. Pour la vérité. Pour que ça ne se reproduise plus. Au lieu de cela, nous avons eu une amnistie. Quel scandale ! Une amnistie ! Vous rendez-vous compte que l’Etat a pardonné au lieu de demander pardon. C’est le comble du cynisme. C’est-à-dire que l’Etat pardonne à ceux qu’il a torturés. Il leur pardonne de s’être fait torturer par lui… L’Etat pardonne à ceux qu’il a tués aussi. C’est surréaliste. C’est pour tout cela que je m’en fous un peu de ce discours sur la manipulation. En Octobre, il y avait des gens dans la rue qui ont affronté des chars à mains nues. Et eux, personne ne les a manipulés. Je pense que si les Algériens avaient le niveau de vie des Suédois, s’ils avaient leur liberté, leur police, leurs loisirs, leurs écoles et leurs hôpitaux, leurs salles de concerts et de cinéma, leur justice, leurs lois et le même respect de l’individu, vous auriez pu les manipuler à volonté ces Algériens, ils ne seraient jamais sortis. A la place, ils auraient sûrement préféré, au lieu d’affronter des militaires avec des armes de guerre, aller danser ou boire un verre de thé ou une bière avec des amis. Il est temps de sortir de la dialectique que nous impose le pouvoir. Cessons de répondre aux angoisses des puissants et occupons-nous de nos propres angoisses qui sont nombreuses. Si le pouvoir veut savoir qui a manipulé quoi, qu’il le fasse. Nous, on veut savoir qui a tué et qui a torturé. Il faut qu’on se crée nos propres questionnements et ne pas répondre aux questions sans réponses précises qui nous sont imposées par des gouvernants illégitimes.

Dans ce même ordre d’idées, que vous inspire la dernière déclaration d’Ouyahia qui niait que la rue ait été pour quelque chose dans les événements d’Octobre et les revendications démocratiques qu’ils véhiculaient ?

Nous sommes au cœur de ce que l’on disait il y a un instant. Pourquoi voudriez-vous que les propos de M. Ouyahia m’inspirent quoi que ce soit ? Pourquoi voudriez-vous que je réfléchisse à ce que dit le chef du gouvernement ? M. Ouyahia est dans son rôle, le rôle d’un Premier ministre qui a dit  » j’ai menti « , comme me le faisait rappeler un ami, en parlant du nombre des victimes du massacre de Bentalha. Sortons de l’esclavage de la pensée. Il faut qu’on arrive enfin à renverser ce schéma aliénant. Ce n’est pas à moi de penser, de réfléchir à ce que dit le chef du gouvernement. C’est au chef du gouvernement et à tous les autres dirigeants de penser et de réfléchir à ce que je dis moi, vous et toute la société. Quand ils nous écouteront et qu’ils réfléchiront un peu plus à ce qu’on dit, nous aurons certainement fait un pas important vers un ailleurs certainement meilleur.

Comment expliquez-vous le peu de contributions, journalistiques, universitaires, littéraires, autour d’Octobre ? Y a-t-il, selon vous, un vrai problème à écrire sur Octobre1988 comme on a des difficultés à écrire sur tout ce qui touche à l’histoire de ce pays ?

L’écriture de l’histoire a toujours été problématique. Que ce soit l’histoire lointaine ou contemporaine. On ne peut pas écrire l’histoire sous une dictature ni sous les auspices de ce simulacre de démocratie, pour abuser des euphémismes. Il y aura toujours quelqu’un pour dire que cette version des faits ne lui convient pas. Que ce soit l’histoire de la colonisation, l’histoire de l’Islam dans le Maghreb, l’histoire des mythes fondateurs, l’histoire des Berbères, l’histoires des Arabes, l’histoire de l’Emir Abdelkader, l’histoire de Tin-hinan, l’histoire de la Kahina, l’histoire de l’Eglise chrétienne en Algérie,de la Rome antique à nos jours, l’histoire des Oulémas, l’histoire des Frères musulmans, toutes les histoires sont problématiques, quoique vous fassiez. L’écriture de l’histoire a besoin de la sérénité démocratique d’une nation. Il faut qu’elle soit l’affaire d’historiens, de scientifiques, pas d’apparatchiks. L’histoire d’Octobre est encore plus compliquée, parce que les acteurs ne sont pas seulement en vie, mais pour beaucoup d’entre eux, encore en poste, preuve d’ailleurs de l’échec de cette révolution. D’où le malentendu historique. Ceux qui ont fait la dictature ne peuvent pas faire la démocratie. Ceux qui ont fait la gloire de la presse unique et de l’unicité de pensée ne peuvent pas non plus se mettre en pole position pour prétendre faire une presse libre. Malheureusement, nous sommes dans ce cas de figure unique.

Nous avons le sentiment, au jour d’aujourd’hui, qu’Octobre a été vidé de son contenu. Que c’est une date morte, qui n’inspire plus rien. Y aurait-il un malaise autour d’Octobre ? Que reste-t-il, de votre point de vue, de l’héritage d’Octobre, ses acquis, ses revendications et son souffle libertaire ?

Il a été vidé de son contenu pour toutes les raisons que l’on vient de citer et bien d’autres encore. Il reste une plaie pour les victimes qui font le pied de grue devant les rédactions et les sièges nationaux des partis politiques tous les ans à la même période. N’oubliez pas que toutes les victimes sont considérées aujourd’hui encore comme des victimes d’accidents de travail et non pas victimes de la répression. Ce qui, d’un côté, est tout à fait normal puisque le même pouvoir répressif est toujours en place. Mais d’un autre côté, c’est totalement absurde, parce qu’on fait payer les pensions à un organisme d’Etat qui n’a absolument rien à voir dans l’affaire. Le plus ridicule est que la plupart des victimes, handicapées à vie pour certains, n’étaient même pas en âge de travailler pour qu’on les considère comme victimes d’accidents de travail. Oui, octobre ne signifie plus grand-chose. Ceux qui sont nés en 1988 ont aujourd’hui 20 ans. Ils sont nés dans une autre guerre, nettement plus féroce.

SAS, en tant que chroniqueur sulfureux qui a longtemps « guerroyé » contre le système en place, vous êtes, bon gré, mal gré, le symbole de ce qu’on a pris l’habitude d’appeler « la génération d’Octobre ». Revendiquez-vous ce titre ?

Je ne suis le symbole de rien. Pis: j’ai horreur de cette appellation romantique de « génération d’Octobre ». D’ailleurs, nous ne sommes pas la génération d’octobre. Nous ne sommes pas ses enfants non plus. Nous sommes plutôt les bâtards d’octobre. Ça me semble plus juste. Nous serons les enfants d’octobre le jour où nos espoirs de liberté et de vie meilleure seront une réalité absolue. Pas avant.

Toujours est-il que vous représentez beaucoup pour les jeunes. Comment voyez-vous justement la place accordée à la jeunesse algérienne tant dans la société qu’au sein des institutions de ce pays ?

Je n’ai pas de constat spécial à faire sur les jeunes. Sauf à dire qu’il est criminel de laisser une magnifique énergie se transformer en bombes humaines, en harraga ou en gardiens de parkings, ces fameux « parkingueurs » qui vous guettent à chaque stationnement. Je crois que jamais un pays aussi riche n’a humilié sa jeunesse comme l’a fait avec une rigoureuse constance l’Algérie indépendante. Mais ce ne sont pas seulement les jeunes qui sont exclus et infantilisés, c’est encore plus grave. Nous sommes face à une oligarchie vieillissante qui se régénère en excluant, pas uniquement les jeunes, mais toute la société.

Par Mustapha Benfodil

FFS: Une délégation se rend à Ghardaïa

solidarite.jpgPoursuivant son action de solidarité avec la population de Ghardaïa, victime des dernières intempéries ayant causé des pertes humaines et des dégâts matériels importants, une délégation composée de membres du conseil national, des élus APW, des présidents d’APC et des militants du Front des forces socialistes, conduite par les secrétaires nationaux chargés des élus locaux et de la solidarité, s’est rendue lundi dans cette wilaya.

Said Khellil veut revenir au FFS

khellil.jpgDans un entretien accordé au quotidien El Watan, l’ancien secrétaire général du FFS, Said Khellil, a exprimé sa volonté de revenir à son ancien parti. « Lorsqu’on vit cette passion (activité politique), on y renonce pas. On est là à guetter la moindre opportunité pour faire avancer la démocratie dans le pays, même si tout pousse vers la résignation et le renoncement. Mais, je crois que c’est dans ces moments-là qu’il faut puiser son énergie pour continuer à résister », a déclaré Said Khellil.

A la question se savoir s’il va continuer à faire de la politique en intégrant un parti, l’ancien SG du FFS a répondu: « Pourquoi pas ? L’essentiel, c’est de contribuer et nous restons ouverts à toute initiave qui dans le sens de nos convictions », et d’ajouter: « Franchement, en dehors de mon ancienne formation politique, je ne me vois pas ailleurs ». El Mouhtarem

Un survivant de la fusillade de la DGSN du lundi 10 Octobre 1988

oumahamedfarid.jpgLe sort lui a reservé l’handicap physique dans une Algérie dure et sans pitié, Farid Oumahammad résiste en surpassant son infirmité par des défis permanents.

TAUX D’INTERÊT, INFLATION ET CRISE FINANCIERE:UNE SOLUTION REVOLUTIONNAIRE

crise.jpg    La crise financière qui a éclaté récemment aux Etats-Unis et qui va engloutir des centaines de milliards de dollars du trésor américain, somme qui aurait sauvé des millions de vies humaines de la famine et de la maladie, a eu un traitement symptomatique. De nouvelles crises avec de nouveaux sauvetages hallucinants surviendront tôt ou tard tant qu’on ne traitera pas la cause de ces crises cycliques.
    Tous les analystes s’accordent à dire que cette crise est celle du marché financier et non celle de l’économie réelle. Encore faut-il en donner une explication de fond et non des explications parcellaires ou accessoires.
    C’est ce que nous allons tenter de faire en nous basant sur les fondamentaux de l’Islam concernant le traitement des capitaux :
Cette religion prohibe de manière absolue le placement ou le prêt avec un intérêt, prohibition qui a pour conséquence la non augmentation du capital par lui-même. Le capital n’a d’autre possibilité d’augmenter que par son investissement dans le secteur de la production des richesses.
Si le capital est thésaurisé, donc non investi, il est l’objet d’une ponction annuelle de 2,50% de sa valeur, appelée Zakat et destinée aux démunis. Cette ponction n’a pas la fonction d’impôt pour assurer les services publics, comme certains le pensent : c’est une contribution de solidarité sociale destinée à être distribuée à des personnes physiques dont le revenu mensuel est inexistant ou ne leur suffit pas à boucler leurs dépenses mensuelles. Cette ponction a également pour effet l’extinction à terme des capitaux dormants : à titre d’exemples, au bout de 80 années, le capital thésaurisé perd 87% de sa valeur, au bout de 100 années 92% de sa valeur. Cette ponction n’est plus redevable au-dessous de la valeur équivalente à celle de 85 grammes d’or. Ce minimum (nissab) varie d’année en année avec le cours de l’or.
Si le capital thésaurisé est prêté, la ponction charité de 2,50% ne lui est pas applicable : de ce fait, le capital thésaurisé peut être maintenu à sa valeur initiale.
 
    Considérons maintenant les conséquences de l’augmentation du capital par lui-même, de son maintien à sa valeur initiale et de sa diminution grâce à la ponction charité de 2,50%.
L’augmentation du capital par lui-même est le système que le monde entier applique actuellement, même par les pays musulmans. Tout détenteur d’une rente peut la faire fructifier sans risque dans un placement épargne. S’il ne touche aux intérêts de fin d’année, sa rente va augmenter indéfiniment sans contrepartie équivalente dans l’économie réelle (tous les placements de capitaux ne sont pas investis). Résultat : l’équilibre masse monétaire/biens et services est constamment rompu et de nouveaux équilibres interviennent par l’augmentation des prix des biens et services. L’inflation ininterrompue qui frappe les monnaies de tous les pays depuis plus d’un siècle n’a pas d’autre explication.
A contrario, si les taux d’intérêt sont prohibés et le capital maintenu de ce fait à sa valeur initiale, la variation de la masse monétaire ne concernera que la variation des biens et services produits. La non augmentation des capitaux rentiers aura un effet incontestable sur la stabilité des prix et le pouvoir d’achat des monnaies nationales. En tout état de cause, la non augmentation des capitaux rentiers vaut suppression radicale d’un facteur inflationniste important.
En ce qui concerne la diminution des capitaux dormants par la ponction charité annuelle de 2,50%, elle aura trois conséquences :
a)     la relance de la consommation par l’augmentation des bas revenus ;
b)     l’incitation à investir le capital thésaurisé pour éviter son extinction ;
c)      l’incitation à consentir des prêts sans intérêt pour maintenir sa valeur initiale.
                Ces trois conséquences ont pour effet final la relance de l’économie réelle.
     A ce sujet, beaucoup de pratiquants musulmans s’ingénient à fuir la ponction charité en plaçant leurs capitaux dans des valeurs refuges comme les biens immobiliers ou les métaux précieux. Mais ils doivent savoir que même les bijoux des femmes qui sont en principe exonérés de la ponction charité, ne le sont plus lorsque l’intention de sa propriétaire a été de les avoir achetés pour en faire un placement, le principe général en la matière étant que tout bien matériel non utilisé ni dans la production des biens et services, ni dans la consommation (location de logement) doit faire l’objet de la ponction charité, y compris par exemple, des chambres ou des étages d’une maison habitée jamais utilisés. Pour que la ponction charité garde toute son efficacité, elle ne doit pas être laissée à la discrétion des détenteurs de capitaux mais calculée et prélevée par un organisme étatique, comme cela se pratiquait dans les premiers états musulmans.
 
    L’économie de marché a fait ses preuves au cours de ces deux derniers siècles dans la production des biens et services et dans les progrès technologiques. C’est incontestable. Cependant, le marché financier qui malheureusement, l’accompagne lui a causé beaucoup de tort dans le passé et jusqu’à présent. C’est un parasite de l’économie réelle qui s’est mu en cancer lors de ces dernières décennies avec la multiplication des produits financiers et la facilitation des emprunts, facilitation faisant l’impasse des garanties et compensée par des taux élevés. Le marché financier est un facteur de désordre qui étouffe l’économie réelle de manière cyclique. Au lieu de s’attaquer à ses conséquences, n’est-il pas plus intéressant de s’attaquer à sa cause ?
 
    Pour nous, musulmans, la cause est entendue : les taux d’intérêt doivent être prohibés de manière absolue et nous pensons que c’est pour le bien de l’humanité toute entière. Ce ne sera pas la première fois dans l’histoire que les civilisations échangent une bonne idée : les exemples sont légion. Il est cependant malheureux de constater qu’il n’existe aucun modèle économique basé sur l’absence de taux d’intérêt. Les économistes des pays musulmans auraient pu construire un tel modèle économique ne serait-ce que par obligation religieuse ou, dans le cas contraire, nous démontrer que c’est un modèle irréaliste. Or, par fainéantise intellectuelle ou par mimétisme, ils se contentent de reproduire ce que créent leurs homologues occidentaux.
 
    Nous proposons modestement ci-après les fondements de ce modèle économique sans taux d’intérêt :
Postulat de base : aucun placement d’un capital et aucun prêt n’ouvre droit à un intérêt quels que soit le montant ou la durée ;
Tout capital dormant quelle que sa nature (fonds monétaires, biens immobiliers non occupés, métaux précieux) est frappé d’un impôt qu’on peut appeler impôt sur la fortune..
Sont exonérés de l’impôt sur la fortune :
a)     les capitaux investis sous forme d’actions,
b)     les autres valeurs mobilières,
c)       les prêts qui sont bien sûr sans intérêt,
d)     les biens immobiliers utilisés dans la production de biens et services ou dans la consommation (logement).
 
    Utopie certes : car, même s’il est possible de construire un modèle économique sur de telles bases, il sera rejeté par le capitalisme financier qui détient le pouvoir d’état dans la plupart des pays occidentaux. C’est une hérésie que d’imaginer d’éliminer les taux d’intérêt qui constituent la pierre angulaire de tout le système économique que le capitalisme financier impose au monde entier. Le plus incongru dans ce schéma, c’est l’adhésion démocratique de toutes les forces politiques influentes dans les pays occidentaux, alors même que les détenteurs de capitaux ne sont qu’une minorité électoralement parlant. Ainsi, l’impuissance des partis socialistes face aux partis de droite ne s’explique-t-elle pas par le fait que leurs politiques et leur combat se déroulent dans le cadre des règles de jeu du capitalisme financier ? Par exemple, au lieu de revendiquer péniblement, à intervalles réguliers, l’augmentation des salaires par syndicats interposés, n’est-il pas plus indiqué de frapper au cœur du système pour tarir l’inflation à la base : c’est-à-dire revendiquer l’élimination des taux d’intérêt pour stabiliser la masse monétaire et par conséquence le pouvoir d’achat. Par contre, l’impôt sur la fortune que nous considérons comme deuxième fondement du modèle économique proposé est fréquemment revendiqué par certains partis de gauche en France : malheureusement, la distinction n’est pas faite entre les capitaux dormants parasites et les capitaux investis qui sont utiles pour la société et l’emploi. Le résultat politique négatif de cette revendication est la jonction du capitalisme financier et du capitalisme productif qui se retrouvent du même côté de la barrière. Imposer le profit en tant que revenu est tout à fait logique, mais imposer le capital qui a permis ce profit est suicidaire : la règle de bon sens serait de répartir les œufs de manière équitable tout en préservant la poule pour d’autres pontes. Troisième aspect politique du modèle proposé : si les partis alternatifs et les partis de gauche occidentaux réussissent à imposer un modèle économique sans taux d’intérêt, il serait logique et juste de revendiquer la distribution de l’impôt sur la fortune à l’ensemble des salariés au lieu de le destiner au service public et ce, dans le cas où on estime comme le grand économiste occidental Karl Marx, que la formation du capital imposé est l’œuvre de tous les salariés.
 
    Dans les sociétés occidentales, le taux d’intérêt est entré dans la culture des masses, il est par conséquent très difficile de l’éradiquer à moins d’une crise financière majeure qui se retourne contre la grande majorité de la société.
 
    Y a-t-il alors un espoir de tester un modèle économique sans taux d’intérêt dans les pays musulmans ? Or, là aussi, l’espoir est mince quand on constate la politique de crédit pratiquée par les banques dites islamiques et non fustigée par les théologiens musulmans. Exemple vécu à Oran en Algérie : si vous voulez acheter une automobile qui coûte environ 700.000,00 DA chez le concessionnaire, la banque islamique  vous la propose à 1.000.000,00 DA à payer en 5 ans par mensualités. Pour la banque et nos théologiens, la banque a réalisé un bénéfice dans une opération achat-vente et n’a pas usé de taux d’intérêt. Le bénéfice est licite et l’opération semble irréprochable. Or, ce que nos théologiens savent très bien aussi, c’est que tout bénéfice acquis au-dessus du prix du marché du jour de l’achat est usurier et donc illicite, surtout, circonstance aggravante, si l’acheteur est pris à la gorge, n’a pas d’autre moyen d’acheter directement chez le concessionnaire et se trouve obligé de se faire plumer par la banque. Donc, cette manière de procéder est illicite. En fin de compte, le crédit proposé par la banque islamique dont la durée et les mensualités sont identiques à n’importe quelle banque non islamique a été calculé sur la base d’un taux d’intérêt déguisé. Par  conséquent, les banques islamiques sont le mauvais exemple à ne pas suivre et sont loin du modèle économique anti-inflation et anti-crise financière que nous proposons. Ce modèle est à construire et vite, car, les dirigeants des états musulmans sont les premiers responsables de la pratique du taux d’intérêt par leurs banques nationales.
 
    En conclusion, bien que les musulmans en tant que communauté, ont le devoir de vivre dans un environnement économique sans taux d’intérêt, les états musulmans tels qu’ils sont gouvernés actuellement avec le verrouillage du champ politique, l’absence de débats d’idées et sans contre pouvoir sérieux vont persévérer dans leur aveuglement à pratiquer les taux d’intérêt. Pas seulement, car la pratique du taux d’intérêt est aggravée par un autre fléau condamné de manière absolue par la religion islamique, à savoir la corruption. Les états musulmans sont parmi les pays les plus corrompus du monde et foulent ainsi allègrement au pied depuis des dizaines d’années les deux prescriptions religieuses que sont l’interdiction du taux d’intérêt et la condamnation de la corruption (corrupteurs et corrompus). Le changement de système économique conforme aux valeurs islamiques ne se réalisera à notre sens qu’avec l’avènement de la démocratie dans ces pays. Par conséquent, la mise en œuvre d’un modèle économique sans taux d’intérêt ne viendra pas des états musulmans existants, mais s’imposera avec le temps et les crises financières cycliques et douloureuses pour les couches sociales non responsables du désordre financier. Elle sera l’œuvre des partis de gauche, représentant ces couches populaires, ceux qui sont au pouvoir (Amérique latine) et ceux dans l’opposition (Union européenne) alliés au capitalisme productif de tous les pays. Il appartient aux chercheurs d’orienter ces forces politiques en définissant les étapes dans le temps et l’espace pour la réussite de cette révolution financière. 
   
Par NOUAR Beneddine
Cadre d’entreprise
Citoyen du monde
ORAN-ALGERIE

*La contribution a été evoyée par son auteur à la boite du blog. Merci

Interdiction de la rencontre-débat sur le 5 Octobre 1988-Maître Bouchachi: «C’est scandaleux !»

bouchachi.jpgLa fondation Friedrich Ebert fait de nouveau les frais de la censure officielle. La rencontre-débat que devait abriter hier la fondation sur les événements du 5 Octobre 1988 à l’initiative de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a été interdite.

L’ONG allemande a invoqué «des raisons indépendantes de sa volonté» pour justifier l’annulation de la rencontre que devaient animer Abdelhamid Mehri (ancien secrétaire général du FLN), Nacer Djabi (sociologue), Me Ali Yahia Abdenour et Me Bouchachi, président d’honneur et président de la LADDH. Aucune autre explication ni précision sur l’autorité ayant signifié l’interdiction n’ont été avancées. La direction de la fondation s’est refusée à tout autre commentaire. Une attitude prudente que justifient sans doute les franches mises en garde dont elle a été récemment la destinatrice de la part d’un des représentants du pouvoir. Le patron de la Centrale syndicale, Abdelmajid Sidi Saïd, a lancé en effet la semaine dernière une attaque en règle contre la fondation qu’il accuse d’« outrepasser ses prérogatives et missions en Algérie ». Le SG de l’UGTA a même appelé les autorités du pays « à reconsidérer la présence de la fondation en Algérie ».

Une menace qui vient ponctuer une série de conférences sur des thèmes socio-économiques organisées depuis le début de l’année par la fondation Friedrich Ebert et dont les contenus et critiques n’ont assurément pas été du goût des gouvernants. Le dernier séminaire en date, organisé vendredi et samedi par l’association RAJ au niveau de la fondation sur « Les 20 ans d’Octobre 1988 » a certainement fait de l’effet en haut lieu. Les piques acerbes lancées à partir de la tribune de la fondation par les intervenants au séminaire, Idir Achour du CLA, Ahmed Bettatache du FFS, Hakim Addad de RAJ et Kamel Belabed du Collectif des familles de harraga ont-elles été perçues comme étant « de trop » par le pouvoir en place ? Tout porte à le croire.

(…)

«C’est scandaleux. Honteux », qualifiait hier, lors d’un point de presse, Me Bouchachi, président de la LADDH. Il s’étonne que «20 ans après Octobre 1988, les Algériens n’aient toujours pas le droit de se réunir chez eux et de débattre pacifiquement des questions qui les concernent». Le pays est précipité, selon lui, dans une sarabande de « reculs » en matière de libertés publiques.

La décision d’interdire la rencontre, venue d’après lui «d’en haut», illustre parfaitement «la régression en matière de droits et libertés» qui affecte la société algérienne de plein fouet, deux décennies seulement après le soulèvement d’Octobre. (…) Sources El Watan

Biskra: Six personnes condamnées pour non-respect du Ramadhan

ramadan1.jpgSix individus ont été condamnés par le tribunal de première instance près la cour de Biskra à quatre ans de prison ferme assortis de 100 000 DA d’amende chacun pour «non-respect d’un fondement de l’Islam, le Ramadhan», selon le chef d’inculpation retenu par le juge. C’était la veille de l’Aïd, dimanche 29 septembre, a rapporté El Watan. Selon la version officielle, 27 personnes, dont 2 mineures, ont été surprises et ensuite arrêtées dix jours auparavant par la police au jardin public Djenane El Beylek en train de manger pendant la journée.

Tous ont reconnu les faits avant d’être obligés de signer des décharges exprimant leurs regrets, après quoi ils ont été relâchés. Six autres individus, âgés entre 30 et 50 ans, ont été arrêtés en flagrant délit le même jour, en train de jouer aux cartes et en possession de denrées alimentaires qu’ils consommaient en plein jour et en plein centre-ville, dans un coin, près du cercle du club de football de l’US Biskra.

Octobre 1988: Ce que nous savions…

emeutes.jpgC’est trop simple de dire que le peuple est sorti pour revendiquer plus de démocratie, aujourd’hui, 20 ans après.
J’ai vecu cette période et ces évenements comme tous les Algériens. Nous savions que ces évenements se préparaient depuis plusieurs semaines. Nous savions qu’il y avait des personnes “organisées” qui dirigeaient le émeutes, elles étaient visibles, et nous les avions vu. Nous savions que le gros de la population était surpris des dégats et ne les voulait pas. Nous savions que les cibles étaient bien identifiées. Nous savions que les jeunes ont été manipulés. Nous savions que les dirigeants voulaient mettre un trait à toute la politique sociale suivie jusqu’à cette période. Nous savions que l’Etat s’endettait à outrance dans l’anarchie. Nous savions qu’il n’y avait aucune vision à long terme dans le sens souhaitée par la population. Nous savions que les membres du Gouvernement, l’entourage du Président, et tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir étaient devenus riches trop riches. Nous savions que la corruption a atteint des sommets. La démocratie on ne connaissait pas, le multipartisme on s’en foutait, on voulait seulement plus de justice et d’équité, on voulait ne plus voir les soit disant socialistes du FLN s’arrogeaient des droits inimaginables et les citoyens lambda rien.

On voulait plus voir les éternels responsables, on voulait plus voir le FLN nous parlait de socialiste ‘ICHTIRAKIA’ . Le FLN était la cible, les administrations publiques également. Des infrastructures économiques ont également fait l’objet d’attaques. On savait déjà qu’il s’agissait pour les citoyens de ne plus voir, les objets de toutes les gabégies, et les convoitises. Les super marchés ont été brulés, à l’image des souk el fellah et les galeries algériennes, ces actes barbares ont été la conséquence du favoritisme qui y régnait dans ces enceintes où les militaires, les policiers, le gendarmes, les militants du FLN etc… avaient les portes ouvertes alors que les citoyens faisaient des chaines honteuses…

On a voulu changer de politique, on l’a fait. Mais ce n’est pas pour cela que la situation des citoyens s’est améliorée, bien au contraire. On a choisi ce qui arrange les tenants du pouvoir, on a choisi une politique particulièrement pernicieuse et vicieuse. Dans tous les pays du monde, quand le peuple est mécontent les leaders réfléchissent aux solutions à mettre en oeuvre. Chez nous, on recherche les combines pour faire taire toute velleité de changement dans la direction voulue par les citoyens et qui est dictait par notre histoire d’un peuple opprimé, colonisé, assiegé. Les tenants du pouvoir et leurs suppôts trouvent leur compte et ne veulent pas changer les choses. Parler de politique dans un pays ou l’état d’urgence est instauré depuis bientôt 20 ans sans que cela ébranle les certitudes des politiciens qui pensent que nous sommes dans une démocratie, il y a de quoi rire.

De mon point certes il y a quelques bouleversements et ils ont couté très cher en vies humaines et en moyens. Je considère que les évènements d’octobre n’ont pas apportés les changements que le peuple voulait, mais ils ont induit des modifications qui ont engendrées plus d’injustice, plus de misères… l’évenement ne mérite pas qu’on le glorifie en termes creux. Il aurait mieux venu de rappeler les conséquences et mesurer le chemin parcouru.

Les gens sont morts, d’autres traumatisés à vie, pour que 20 ans après, les mêmes personnes vilipendées hier sont là immuables. Ils sont vieux et inertes mais ils s’accrochent à leur part du butin. La même situation a été vécue à l’indépendance, des hommes et des hommes ont sacrifié leur vie et leurs biens , pour, espéraient-ils, que les Algériens vivent dans la liberté et la justice, mais qu’est ce qui a été remarqué, tout de suite des appétits sont nés et ont eu les conséquences que les anciens savent et qui ont leur prolongement jusqu’à nos jours … (…) Le pouvoir algérien ne nous laisse pas agir en toute liberté, il nous octroie des permissions. Elfaham yafham.

Par Mohand

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