L’enjeu des prodigalités budgétaires

apn.jpgUn budget de 400 milliards pour le Parlement le moins représentatif et le plus docile de son histoire. C’est un chiffre colossal pour une institution qui n’a pratiquement aucune importance sur l’échiquier politique algérien. Puisque Bouteflika l’a vidé complètement de sa substance et l’a transformé en un guichet d’enregistrement.
Qu’est-ce qui motive cette démesure dans les budgets dans les institutions clés du régime?

Le salaire des députés nationaux est triplé au moment où le niveau de vie de la majorité de la population est divisé par un nombre supérieur à trois. Ce vote ressemble à une orgie surréaliste organisée par une bande de psychopathes illuminés totalement coupés des scènes apocalyptiques qui les entourent, où des êtres humains souffrent le martyre. Ils sont sourds aux cris déchirants des gueux que leur envoient chaque jour les journaux. La décision de s’octroyer un salaire démentiel, s’apparente à un véritable pied de nez, fait par les députés de l’union présidentielle, à la face du peuple qui les a dédaignés par son historique abstention lors des dernières élections.

Le parlement des mercantiles sans vergogne, vient de s’offrir et de savourer une sorte de vengeance contre ses propres électeurs et de proclamer fort que ce dédain est partagé. Au-delà de la cupidité de ces homes et femmes de cette institution, n’y a-t-il pas des facteurs exogènes qui les ont poussés à adopter leur loi scélérate? Pourquoi le Pouvoir s’était-il tue?

La tyrannie, du feu Boumediene de laquelle est issu, son “excellence”, Bouteflika, n’aurait jamais toléré une telle prévarication institutionnelle qui va marquer profondément la mémoire des Algériens. Malgré sa dictature, l’histoire a retenu que le dévouement, du président Boumediene, pour les pauvres et pour l’Algérie profonde était indéfectible et étaient derrière tous les programmes économiques qu’il a imposés par la force. Malgré notre désaccord sur ses programmes économiques, malgré notre protestation contre sa dictature qui nous a conduits à ce que nous vivons aujourd’hui, l’honnêteté nous oblige à lui rendre un hommage qu’il mérite indiscutablement pour sa droiture, pour son esprit d’équité et pour sa volonté infaillible à faire sortir les Algériens de l’état d’indigence matérielle et culturelle dans laquelle l’a réduit le colonialisme. Oui, sans aucun doute, le geste ignoble que vient de commettre nos députés, était inimaginable au temps d’un président de la trempe de Boumediene.

D’aucun dirait autre temps, autres mœurs. Bien sûr, bien sûr,.mais l’ironie de l’histoire est que le plus proche et le plus fidèle compagnon de Boumediene, celui qui a partagé avec lui le même parcours et le même combat contre notamment le sous-développement et la misère en Algérie comme dans le monde entier, celui-là même qu’il a accompagné à sa dernière demeure, celui-là même qui a présidé ses obsèques et prononça, avec une voix grave et tremblante, les larmes aux yeux, le célèbre discours d’adieu, celui-là même qui très affecté par cette disparition, fit solennellement le sermon de poursuivre l’œuvre de Boumediene, pour atteindre un monde meilleur et juste et promit de continuer le combat contre toutes les formes d’injustices que vivent les Algériens, eh bien ,celui-là n’est autre que celui qui occupe, aujourd’hui la plus haute fonction de l’Etat. Le président Abdelaziz Bouteflika dans toute sa splendeur. C’est lui maintenant l’homme fort du régime. Théoriquement? Assez en tout cas pour infléchir certaines graves dérives qui feraient retourner dans sa tombe son défunt maître à qui il doit toute sa carrière politique.

Imbu de sa personne, maniant le verbe et l’art de la reparti, juché sur perchoir présidentiel, protégé par un populisme cousu sur mesure par sa propagande, intouchable par ses détracteurs dans les médias publics, flagornée par une élite rompue à l’art de la prostration politique, notre justicier de la première heure n’a pas daigner bouger le petit doit contre spectacle funeste qui s’est produit au parlement devant nos yeux incrédules. Pas un seul mot qui condamne ou justifie les 33 millions par mois. Qui ne dit mot, consent et peut même être le discret chef d’orchestre.

Il est clair que notre justicier a définitivement tourné casaque à ses principes et à ses anciens combats. Il a pris goût aux voluptés exquises que procure le pouvoir absolu. Et pour le préserver, il n’hésite pas à graisser la patte à ceux qui ont une possibilité institutionnelle ou les moyens adéquats…de le lui enlever. Tripler le salaire des députés et tripler le budget de la défense, entrent en ligne directe dans sa stratégie de la consécration de la “Ouhda talita”. Cette tactique a déjà été éprouvée avec succès lorsqu’il distribuait bruyamment d’épaisses enveloppes aux wilayas lors de sa dernière élection. Il a programmé des visites d’inspection avec bains de foule et de longs salamalecs, qui ressemblaient à des compagnes populistes déloyales précédant la campagne électorale officielle. Si notre président est contraint de geler les principes qui ont animé sa jeunesse, c’est qu’aujourd’hui, il passe par une phase très délicate qui nécessite justement la “clairvoyance” de nos députés et nos généraux. Alors, vous comprenez pourquoi ces derniers ont mis la barre très haute.

Mais que cherche, Bouteflika, derrière un troisième mandat? Lui qui s’approche d’un état de sénilité qui fera de lui un pantin manipulable par son entourage comme un certain Bourguiba. Jamais deux sans trois vociféreront ses encenseurs? De quoi parlent-t-ils, de deux mandats ou de deux échecs? Court-il après un succès au niveau économique et historique qui viendrait consolider son image de grand dirigeant politique et susciter enfin la reconnaissance non pas seulement par ses courtiers de circonstances acquis d’avance, mais par les vrais hommes politiques; ceux qui ont fait et écrivent l’histoire? Je crois que sur ce plan là, il court pitoyablement, depuis longtemps, après un mirage. L’échec cuisant de13 ans d’un système socialiste moribond, suivi de 2 mandats d’une économie de bazar, que lui-même vient de qualifier, toute honte bue, de fiasco et d’erreur de jugement sont encore vivaces. Le plus affligeant dans l’histoire c’est que la malédiction des échecs qui le poursuit frappe en même temps tout un peuple.

Par Sniper

Commentaires

  1. justice&verité dit :

    Le salaire des députés nationaux est triplé au moment où le niveau de vie de la majorité de la population est divisé par un nombre supérieur à trois.

    Un budget de 400 milliards pour le Parlement le moins représentatif et le plus docile de son histoire. C’est un chiffre colossal pour une institution qui n’a pratiquement aucune importance sur l’échiquier politique algérien.

    Algerienne – Algerien

    Heure de la justice et de la verité s’approche á Grand-pas.

    La LETTRE de Liberation de l’Algerie sera proclamée au bon moment pour une evolution/revolution afin de remettre la pendule á l’heure cad le congrés de la Soummam sera l’outil de base pour liberer ces dociles pions de la plus dangereuse dictature sur terre et d’un regime apartheid.

    Ces mecreants mal-elevés les plus mal-elus sur la planete seront redevables du moindre centime qu’ils avaient percu et percoivent… ils empruntent cet argent du peuple algerien ET ILS SERONT OBLIGÈS avec des interets en fonction de l’indice du marché.

    Ils ont crée leur propre compte de voleur de la nation algerienne et du peuple algerien.

    La victoire du peuple s’approche.
    Quand le peuple veut sa dignité et liberté aucun tyran sur terre ne peut la lui enlever…
    « itha echaabu arada al hayat fala boudda an yastajiba al-kadar ».

    Le dernier mot revient toujours aux voeux du peuple meme si ce pouvoir assassin tente de freiner le cours normal de l’evolution/revolution pour la liberté/dignité et souveraineté.

  2. mohand dit :

    Un texte superbe, merci pour votre analyse pertinente et juste. Je suis persuadé que la majorité des Algériens partagent votre analyse, mais nous sommes tous pétrifiés, dégoutés et nous ne pouvons rien faire de précis pour changer les choses. Trop d’appréhensions disons le aussi de peur viscéralement ancrées dans les pensées de beaucoup de gens, empêchent tout changement et toute remise en cause. Ajoutons à ceci les faits de misère sociales qui occupent les personnes sensées, ils sont préoccupées par des questions de subsistances quotidiennes, alors qu’à coté , une force organisée repue davantages divers, insouciants du sort de leurs frères et soeurs continuent de forcer le destin en maintenant le systéme de deux poids deux mesures. Un système de préservation et consolidation par la force au besoin de l’oppression exercée par cette caste d’opportunistes et de profiteurs sur le territoire. Cette affaire des salaires des députés elle seule peut en d’autres lieux sous d’autres cieux être une étincelle qui ferait parler le peuple. Mais Helas, en Algérie , on compte encore sur les autres pour faire le mènage. Le manège dure depuis longtemps, personne ne bougera d’un iota car il y va de leurs intérêts… Beaucoup de gens aspirent à rejoindre le clan des priviligiés au lieu d’oeuvrer pour que ce pays et les hommes s’accomplissent, non en devenant riches, mais en transformant la société, en cultivant le sens du devoir et du travail bien fait, en donnant l’exemple dans la vie quotidienne, en refusant de faire de notre pays la risée du monde , comme c’est le cas de nos jours. Dans les sciences humaines et notamment en matière de techniques d’organisation des ensembles,d’analyses plus précisément, il est dit que le premier élement révélateur est celui d’aimer ou de détester , l’ensemble dans lequel on travaille. Si tout les employés n’aiment pas leur travail et leur environnement il faut chercher les causes et les corriger si l’on veut la pérennité de l’ensemble. Au plan plus large, y a t il en Algérie , des citoyens qui aiment vraiement le pays? Si on prend un échantillons d’hommes et de femmes et qu’on leur pose la question, les plus sérieux diront non, et qu’ils sont près à changer de patrie. C’est le signe révélateur qui permet de poser les postulats et de voir comment y remedier. On est tous d’accords cependant que l’échec des anciens est consommé et qu’il faut d’autres hommes. Nos députés on a vu leurs oeuvres, nos ministres on sait ce dont ils sont capables, notre Président on sait qu’il nous a mené litteralement en bateau, nos généraux ne s’en préoccupent plus, nos intellectuels se délectent des honneurs cycliques qu’ont leur fait et cela leur suffit, les entrepreneurs consacrent leurs temps et leurs connaissances à critiquer tout mais à appliquer des procédés démoniaques pour gagner plus, les jeunes , on en a fait des irréductibles du trabendisme ils ne veulent pas travailler mais ils veulent devenir riches… Il y a une frange de la population qui est absorbée par la dureté de la vie , ils essaient par leur unique travail de nourrir leur famille. Ceux la sont fermés à toutes idées de vie meilleure car ils sont désespérés ..

    La bonne gouvernance de nos dirigeants est un notion étriquée ils lui donnent un sens à eux, ils pensent comme les anciens colonisateurs que les petits peuples il faut les maitriser, les diriger avec le baton, mais surtout leur garder les yeux fermés pour qu’ils n’aient d’yeux que pour eux en les enviant… voila le mode de gestion choisi ils ne veulent pas démordre. Ils nous préparent des surprises dans les prochains mois, attendons pour assister encore une fois au cirque … qui n’émerveillent que les acteurs, pas les spectateurs. Après l’ichtirakia, 404 lik oua hmar lia, le libéralisme sauvage et le trabendisme … avec quelles projets vont ils encore nous berner dans les prochaines semaines ?
    Qui vivra verra.

  3. za3zmaza3ema dit :

    En mettant bout à bout toutes les dernières mesures qui ont été prises, je m’étais dit qu’il doit y avoir un sens à tout cela. Lequel ? Bien malin qui le dira. Mais on peut envisager 2 hypothèses :

    1 – On achète le vote des institutions. Mais tout est fait avec tant d’ostentation que cà devient maladroit ; de toute façon c’est vraiment inutile. Depuis quand ces gens comptent ?

    2 – C’est un signe qui consiste à pousser les algériens à se REVOLTER contre le système. Ma foi, l’hypothèse me plait et tient la route. Un président qui méprise les institutions et les partis de la coalition, qui en a marre d’eux n’agirait pas autrement pour les dénuder. Il faut se rappeler que les mesures lourdes qui ont prises au cours des derniers 6 mois sont : a) attribution d’une allocation supplémentaire aux partis de la coalition de 400.000 DA par député ;
    b) augmentation vertigineuse de la rente des députés : 300.000 DA /mois ; c) augmentation substantielle des salaires des ministres : 350.000 DA ; d) augmentation des salaires des walis : 150.000 DA ; e) augmentation des salaires non déclarée des officiers supérieurs (????). Tout cela sur fonds d’érosion du pouvoir d’achat de la population, de restriction des libertés, ….
    A méditer.

  4. dada dit :

    En tout cas bravo à tous les intervenants sur cette affaire dite »enjeu prodigalités budjetaires »!Tout a été si bien analysé, qu’il ne nous reste pas grand chose à ajouter sinon ceci:hélas nous continuerons à vivre ce cauchemard tant que les consciences de nos jeunes ne se sont pas encore reveillées!Oui, bien sur au lieu de faire Front à toutes ces prévarications relevées parci et par là, nos jeunes s’adonnent plutot à d’autres distractions !Dommage de perdre un si grand potentiel d’energie fraiche!

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