30 octobre, 2008
Bouteflika: “J’y suis j’y reste, advienne que pourra!”
Nous venons de vivre le cauchemar de la déclaration de la fin de la Constitution à deux mandats. L’adoption des amendements “limités” est une formalité, à moindre coût et sans risque, puisque c’est la voix parlementaire qui a été retenue. À la veille de la commémoration du 1er Novembre et devant un parterre de magistrats obéissants, Bouteflika a sonné le glas à l’espoir de la démocratie et de l’alternance du pouvoir qui a caractérisé l’ex-Constitution. Cette dernière avait été, à l’époque, applaudie chaudement par les démocrates et par les tenants du Pouvoir avant et après son adoption. Elle représentait un gage de bonne volonté envers l’opinion publique national et international de la part de la dictature militaire qui avait pris le pouvoir par le putsch de 1992. C’était la première fois qu’un pays de la région annonce l’adoption d’une Constitution aussi démocratique. La première fois où le peuple a vraiment cru qu’il allait se délecter de la fin de règne d’un Chef d’état autrement que par le Putsch, ou la mort. Voir un chef d’État algérien quitter la présidence par la seule force de la loi était une aspiration démocratique profonde. La souveraineté, la dignité et la grandeur allaient être restituées au peuple. Les présidents allaient perdre ce statut de figure emblématique intouchable, au-dessus de la loi. Ils allaient perdre cette espèce d’icône sacrée que tout le monde devait vénérer pour redevenir un simple gestionnaire des affaires publiques, justiciable, réellement responsable devant l’opinion. La défunte Constitution avait doté le peuple d’une épée de Damoclès pour frapper fort contre les abus et les dérives. Sans convictions ni perspectives démocratiques, Bouteflika n’est pas à sa première grande forfaiture politique. Arès avoir participer au redressement politique par un coup d’État en 1965, il nous contraint à un autre redressement, par le grenouillage et par le verrouillage des médias lourds, pour se maintenir au pouvoir à vie. Il personnalise la Constitution pour, nous dit-il, ne pas interrompre, la confiance profonde entre lui et nous. La belle affaire!
Croit-il vraiment que le peuple est dupe à ce point? L’on se demande pour quoi alors un tel acharnement pour le pouvoir. Croit-il vraiment qu’il va atteindre les objectifs de stabilité et de prospérité, qui l’ont toujours fui comme un pestiféré. Ses échecs sont chroniques pourtant. Il sait bien que ni ses 13 ans de despotisme avec Boumediene ni ses 10 ans de présidence à 100%, marquée par l’anarchie, les dilapidations à grande échelle et les frasques, n’ont été concluants sur le plan économique ou en terme de cohésion politique. Très peu de choses peuvent être portées à son actif.
En effet, l’annonce du 3e mandat qui se décrypte aisément de son discours soporifique enrobé d’une argumentation racoleuse et perfide s’est faite sur fond d’une situation sociale et économique des plus exécrables, sur fond de plusieurs déclassements internationaux humiliants et sur fond de persistance du risque de retour des généraux dans les affaires publiques. Avec lui, l’Algérie n’a fait que dégringoler, à contresens, vers les rangs les plus infamants. Plus aucune pudeur ne le saisit à la vue de ses bilans. Il représente bien la couche des Algériens, naguère fiers et dignes, ont été poussés par la misère, ont laissé tomber le voile de la pudeur, et se sont adonnés à la mendicité, à la rapine, à la collecte de la pitance dans les détritus, le président et ses thuriféraires ne rougissent pas devant de tels résultats. Une fin de mandat aurait constitué pourtant une issue de sortie honorable et un exutoire discret pour s’éloigner de cette vie ingrate parsemée d’échecs et de tragédies socio-économiques qui ne finissent pas.
Tous les indicateurs économiques sont dans la zone rouge. Vous n’avez pas encore touché le fond?! Le 3e mandat, d’ores et déjà inscrit dans la continuité, va vous permettre de l’atteindre avec Fakhamatou.
Excepté le remboursement, prudent et habile, de la dette extérieure à la faveur de l’envolée miraculeuse des prix du pétrole, le président Bouteflika n’a jamais brillé, sur le plan économique, que par des bilans catastrophiques. Le chômage bat le plein. Le fossé social n’a jamais été aussi large et profond. La couche moyenne s’est réduite comme une peau de chagrin en allant renforcer les rangs de la misère. L’apparition de phénomènes humiliant pour la nation comme la propagation phénoménale de la mendicité, l’insalubrité, l’anarchie dans le tissu urbain, el harga, la corruption qui atteint des niveaux dangereux l’Etat, les suicides, l’insécurité, la pédophilie, les kidnappings, les catastrophes naturelles et artificielles, etc.
Requiem donc pour la Constitution de Zeroual. Vive Bouteflika! Sur le plan des concepts politiques, cela veut dire: abat Zeroual! Mais ne le dites à personne cela risque d’arriver aux oreilles de l’ex-président qui n’aime pas qu’on défigure son œuvre constitutionnelle. On serait coupable d’avoir créé un conflit entre les deux hommes qui sont intransigeants sur les principes… Mais on se pose quand même une question lancinante pourquoi Zeroual qui a mobilisé toute l’Algérie pour promouvoir et adopter sa constitution, rechigne-t-il aujourd’hui à la défendre. Bouteflika serait-il muet si sa nouvelle coqueluche de constitution était malmenée demain. Mais on ne pourrait répondre à cette question puisque, sera probablement occupé, Allah ytawel Omrou, à l’expliquer aux Chouhadas en personne…
Par Sniper