C’est écrit ?
«La grande Révolution dans l’Histoire de l’homme passée, présente et future est la Révolution de ceux qui sont résolus à être libres. » John F. Kennedy à Khrouchtev
Jean Paul Mari, du Nouvel Observateur écrivait, en 1999 «Le coup de bélier des «six» se veut une rupture pacifique avec le pouvoir, une façon de lui démontrer qu’il ne peut plus faire cavalier seul et que son époque est révolue» Il y a presque dix ans…2008, un autre coup. De «force»
L’on se souvient comme si cela datait d’hier de ce moment historique, lorsque, désarçonné par le retrait des «six» à la veille de cette énième farce électorale d’un système rouillé – il y en qui disent pourri – jusqu’aux écrous, un ex-vizir, déguisé en candidat tentait de minimiser la portée de cet acte, salué par ceux, fort nombreux, qui en ont marre d’être embarqués à bord d’une épave. « Les candidats qui ont décidé de se retirer, clamait-il à la foule, ne sont que des cavaliers en abandon de course ! »
En fait, il n‘avait pas tout à fait tort, lui qui avait décidé de toujours avoir raison. Avait-il besoin de faire partie de la « course » pour arriver au trône ? C’était une question de forme. C’est écrit…
Vieux réflexe. Nostalgie de «l’âge d’or». Une manière comme une autre de toujours s’agripper aux jupons de l’ère stalinienne et de … l’atteler au IIIe millénaire. Celui, nous casse-ton les tympans, «de la mondialisation, des ensembles géostratégique, du GSM, d’un monde bipolaire, des autoroutes de l’information »…. De ceci, de cela et taratata !
On en est encore très loin. Trop loin. A des années lumière. Le IIIe millénaire peut attendre. Il peut nous attendre, dos au mur, près d’un rond-point. A la croisée des chemins. Il a encore du boulot : un troisième mandat à trainer tel un boulet. Il peut attendre au coin d’une rue où, parce qu’ils ne pensent pas la même chose que ceux qui les gouvernent, des êtres humains se font traquer, braquer, embarquer et matraquer en aller retour sur les autoroutes… de la répression. C’est écrit…
Revenons sur terre. A notre ère. A notre « millénaire. » Un cavalier ? Ca sert à semer la terreur et à faire la zerda. Le dada de toute dictature qui se respecte. La traversée du désert doré d’un marchand de dignité à la criée n’a en rien entamé de sa détermination à revenir. A revenir et à revenir et à revenir encore et encore pour diriger le royaume en deuxième main et d’une main de fer. Il y aura toujours de nouvelles mains pour applaudir… C’est écrit
Discours à profusion pour le petit peuple, accusé au passage de tous « ses » malheurs. Sérénades pour ceux qui l’ont parachuté sur le damier où chacun joue son petit coup, fait sa grosse « affaire », se retire et attend… Les consignes du « souffleur ». Théâtre de toutes les dérives, les drames, les manœuvres et les intrigues d’un régime qui continue à s’autopréscrire au peuple par l’éclat de la voix, la force des poumons, celle « du visage. » Par la force tout court ! Un régime pour qui, une tragédie n’est qu’une page qu’il va falloir déchirer, plier et expédier aux oubliettes. Un régime pour qui, une Constitution est révisable à loisir. Comme il le veut et comme il ne le veut pas. Quand il le veut et quand il ne le veut pas. Avec qui il le veut et avec qui il ne le veut pas. Le peuple ne doit pas y fourrer son nez. Et puis, de toute façon, un nez ça se casse ou ça s’achète. Il n’y comprend rien. « Eddoustour nass mlah, a sidi ! »
Peut-il comprendre quelque chose quand tout est bradé « légalement » ? Peut-il encore comprendre quelque chose quand tout rime avec « prendre », « se rendre », « vendre », « suspendre », « se rendre ». Reste-t-il quelque chose à comprendre quand tout est clair, très clair ?
Peut-être, comme dirait l’autre qu’on domine plus facilement les peuples en excitant leurs passions [plutôt] qu’en s’occupant de leurs intérêts ? Qu’est-ce qu’on n’a pas excité et surexcité les passions en ce royaume !
Les rôles sont partagés. Les « servi-teurs » s’occupent d’eux-mêmes. Le peuple s’occupe du peuple. Après et en plus de la guerre – le seul véritable investisseur du moment – la misère, le suicide, injectent leurs capitaux. C’est gratuit. Ca ne coûte rien à l’Etat qui « n’a plus rien à donner ! » Un « Etat » qui ne se préoccupe que de la « santé » de son baril de pétrole. Il faut bien redonner un coup de peinture aux écrous rouillés d’un système pourri.
Peut-être que certains peuples sont tout juste bons à élire les hommes qu’ils n’ont pas élus dans les isoloirs. A les applaudir une fois élus… quand même. A parcourir des kilomètres de marches « spontanées » jusqu’au rond-point de l’incertitude pour soutenir l’insoutenable…
C’est utile un rond point. Ca permet aux peuples en quête de liberté qu’ils ont arrachée il y a des décennies, à tourner en rond, en attendant… Et quand ils n’auront rien trouvé, ils s’arrêteront pour servir de décor sur les trottoirs aux côtés des lampadaires éteints, en position de « garde-a-vous ». Ils acclameront les cortèges officiels. Quelqu’un, toujours le même, viendra leur infliger de longs discours où il sera question du IIIe millénaire. Ne supportant pas les longs discours au triple mandat, le IIIe millénaire prendra ses cliques et ses claques. Il préfère la liberté. Paul Eluard n’a pas écrit son nom sur les ronds-points. C’est écrit…
En plus du pétrole, le royaume restera un gros producteur de discours, de courtisans, de courtisanes, de sérénades et d’oraisons. Après tout cela, le peuple retournera tourner en rond. A l’horizon, rien de nouveau. Rien qui vaille le moindre espoir… Les mêmes ronds-points. Les mêmes « manœuvriers. » Faute de « cavaliers », ils serviront de « fous » et de « pions » aux côtés du roi. Derrière leurs lunettes, le seul artifice qui leur laisse encore un semblant d’ « humanité », ils continuent et continueront à se gargariser, à parler de démocratie, de patrie, de nation, de « leurs » symboles, de ceci, de cela… Ils continueront à se laisser aller à leur « grenouillage. » Le « tournebride » leur est désormais ouvert.
De nouveaux « gènes » pour une dictature génétiquement modifiée. Quant au peuple, finira-t-il par s’arrêter de tourner en rond pour tourner court et changer de direction ? Produire la liberté ? L’on se souvient comme si cela datait d’hier de notre entrée à l’école de la dictature. L’on se souviendra comme si cela n’a jamais existé… C’est écrit… Quelle misère… politique !
R. Zenati
Photo Corbis: Abdellah Djaballah, le jour du retrait des SIX
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