Je refuse de croire qu’un général, fusse-t-il intègre et nationaliste, puisse en 2008 nous proposer autre chose que la “stabilité” et la “continuité”. Nous ne devons pas avoir la mémoire courte. Liamine Zeroual est un vrai moudjahid, c’est indéniable.
Son parcours récent montre sa nature mature et le différencie de la meute des opportunistes sans doute. On se rappelle qu’il avait pris sa retraite après la prise de pouvoir par Chadli (un ancien de l’Armée française, entouré de beaucoup de gradés également issus de l’Armée française, dont Larbi Belkheir).
Désigné Ambassadeur dans un pays de l’Est, il a été ramené par NEZAR et ses amis, après les épisodes de la destitution de Chadli Bendjedid (pour avoir voulu composé avec le FIS en vue de garder le Pouvoir), puis le HCC géré en sous main par le clan des généraux.
Devant les bouleversements intervenus sur la question des droits humains au plan international et la naissance de rumeurs diverses, auxquelles se sont greffés les problèmes financiers et d’insolvabilité du trésor public. La présence de personnalités connues pour leurs compétences ( Sid Ahmed Ghozali, Belaid Abdeslam) sans oublier Mokdad Sifi (l’homme ayant pris un ascenseur pour monter en peu de temps tous les échelons de la hiérarchie) qui ont servi d’alibis.
On s’est mis d’accord pour ramener l’un des historiques vivants, Mohamed Boudiaf, puisque l’autre historique en vie à savoir Hocine Aït-Ahmed a refusé.
Abdelaziz Bouteflika était rentré en Algérie de son asile doré, mais on a préféré un baroudeur et on a ramené Liamine Zeroual connu pour son franc-parler. On savait qu’il serait suivi par le peuple (aucune rumeur ni information ne circulait sur lui, il était à l’instar de quelques autres généraux, intègre). Mais ses amis et proches ne l’ont pas aidé dans sa tache, certain dont le général Mohamed Betchine a profité de sa position et de son amitié pour magouiller à tel enseigne qu’il était impossible de camoufler ses actes de corruption à grande échelle.
Il a eu la sagesse de prendre une décision unique: démissionner et organiser des élections présidentielles anticipées. Ses amis mais non moins ennemis de l’ombre saisissent alors l’occasion de ramener Abdelaziz Bouteflika qui, pensaient-ils avec ses beaux discours, allait donner espoir à l’intérieur (on répand le souvenir alors aussi qu’il fut un proche de Houarir Boumedienne, sous entendu dit moi qui tu fréquentes je te dirais qui tu es).
Le voila donc monté sur son carrousel doré. Il a réglé ses comptes avec ses ennemis d’hier, ceux qui l’ont empêché de prendre le trône en 1978. Il a organisé sa tribu en clan inamovible, il a enrichi ses proches et ses amis, il a organisé dans la durée son règne, qui, à la longue faisait apparaître sa vraie nature. De l’incompétence et de l’esbroufe ainsi que le mensonge. Incidemment des fortunes colossales se sont constituées sur le dos du domaine public.
Il renforce sa position de la pire des façons. Il paie les sous-fifres et les valets pour continuer à le servir et à être ses remparts contre les assaillants que sont les vrais nationalistes qui veulent une autre Algérie que celle qui s’est formée à l’ombre de madame la France et de ses milliers de serviteurs de l’ombre. Il a eu l’intelligence bien sur ne pas toucher à un seul général (le seul qui ne fait pas parti des DAF) il l’entoure au contraire de sollicitudes tout en lui mettant dans les pattes quelques hommes à lui pour parer toute éventualité.
Le cirque va se poursuivre encore longtemps car c’est le travail de plusieurs générations qui veulent ce statut quo, ceux qui profitent des biens de l’Algérie comme de leurs biens privés. Ceux-là ils sont contre tout changement, comme ils sont nombreux, ils sont gagnants d’avance.
L’idée de remettre sur la scène publique le Général Zeroual est de mon point de vue une idée pas tout à fait mauvaise pour un temps. Le temps de bouleverser le scénario actuel, mais elle ne correspondant pas aux standards internationaux si elle devait perdurer. Les appels de ses anciens collaborateurs et amis sentent plus l’intérêt qu’ils retireraient de le voir en position de chef que celui de trouver la “solution” pour l’Algérie.
La solution ne doit pas être un remake mais un bouleversement des pratiques et d’un changement de méthodes. Nous ne pouvons continuer à compter sur les anciens pour ne pas dire analphabètes algériens fussent-ils intègres et rassembleurs. Pour changer après tout ce qui a été dit sur l’Algérie, les divers diagnostics faits de l’intérieur du système et de l’extérieur, il faut construire une autre voie, et en cela je rejoins l’avis de Benbitour.
Beaucoup de pays on forcé la cassure entres les anciens dirigeants et les nouveaux arrivants, ceux qui n’ont pas connus les guerres et les maquis en tant qu’acteurs mais en tant de connaisseurs, ceux qui ont fait leurs apprentissages sur les bancs des écoles et des usines, ceux qui savent réfléchir et gérer, ceux qui savent écouter et qui ne s’intimident pas des cris des coqs.
Il faut une autre génération d’Algériens et il y en a, non les dociles moutons et les arrivistes et opportunistes qui ont remplis les Assemblées et les Administrations mais ceux qui sachant comment faire sont toujours à la périphérie et qui regardent faire les apprentis sorciers. Il nous faut des hommes nouveaux, comme les autres pays ont su en trouver en leur sein. Les autres pays ont su choisir des hommes nouveaux, à commencer par la Russie, l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre, la France, les USA etc…
Eux oui alors qu’ils sont en avance de plusieurs décennies, ils évolueront et avanceront encore dans la modernité pour le prestige et le bonheur de leur peuple. Si on veut participer à une course, il faut choisir de bons chevaux. Les anciens ont fait leur temps, ils ont montré leurs insuffisances. Il ne suffit pas de les remettre en selle et imaginer qu’ils vont changer comme l’histoire l’exige de nous. Cette même histoire qui retiendra qu’on a fait la guerre pour sortir le colon de chez nous, mais qu’après on se regarde comme des chiens de faïences.
On se querelle et on se déchire non pour construire le pays mais pour discuter des postes et des places qui ouvrent droit à la richesse mais pas du tout à la prospérité nationale. Ne faut-il pas à l’Algérie, d’autres Zeroual, nationalistes autant que lui, mais qui choisiront de servir le pays et gagner la reconnaissance de son peuple en construisant son pays sur des bases et en appliquant des règles universelles. Des règles que la rue n’enseigne pas, mais prodiguées dans les Universités et les grandes écoles avec évidemment une part pratique et pragmatique qui ressemble au génie de notre nation. Peu importe qu’il soit militaire ou civil. Ce qui nous parlerait mieux, c’est son programme, ses projets et son équipe.
Nous en avons assez de voir les mêmes hommes nous répéter les mêmes choses alors que nous savons tous que se sont des mots trompeurs. On ne peut tromper les gens plusieurs fois.
Cette opinion est la mienne, c’est à dire celle d’un Algérien qui n’aspire qu’à voir son pays prendre la prestigieuse place qu’il mérite. Un parmi, des millions du Parti de l’Algérie silencieuse ceux qui ne veulent rien, ne prennent rien et ne demandent rien.
Par Mohand