« Mesdames et Messieurs,
Le mois de novembre constelle notre histoire telle une étoile polaire étincelante qui illumine l’univers et guide le mouvement des corps célestes chacun vers sa destinée. Chaque année, nos coeurs et nos esprits confluent vers ce minaret duquel s’éleva la voix de la justice et jaillirent les prémices de la liberté pour purifier la terre de la souillure de la vassalité et de l’esclavage et galvaniser des hommes et des femmes qui, enhardis ainsi par la foi et la détermination, prirent les armes pour tourner des pages maculées par l’opprobre d’un colonialisme qui sema terreur, mort et ignorance et répandit toutes les ignominies d’une occupation coloniale qui frappa d’inertie une nation durant plus de treize décennies.
La déclaration de la guerre de libération il y a 54 ans, fit entrer dans l’histoire notre peuple qui, en se réconciliant avec sa conscience et en alliant les moyens de lutte à la justesse de sa cause, parvint à forcer son destin. Se souciant peu des sacrifices consentis, il brava les obstacles, s’arma de patience et de persévérance et finit par rendre sa liberté et sa souveraineté à une nation désormais cramponnée à ses acquis à la faveur d’une unité infaillible à toute épreuve.
Mesdames et Messieurs,
Autant que notre nation est parmi les plus anciennes des nations et les plus affectées par les épreuves et les défis, la Révolution de novembre enfantée par les Algériens, fût le fait le plus brillant et le plus décisif qui mit un terme à la rupture avec l’Histoire, enracina et conforta les générations dans leur identité civilisationnelle et les prépara à prendre leur destin en main pour bâtir, sur les bases jetées par cette révolution même, l’édifice de l’Etat moderne, un Etat que ses enfants érigèrent sur les vestiges et les décombres de la destruction coloniale. Ainsi, sommes-nous fiers aujourd’hui des réalisations matérielles et morales accomplies à l’ère de l’indépendance dans les domaines de l’économie, de l’éducation, de la santé et autres.
Un examen critique et objectif de ce qui a été parachevé dans une période succédant à celle de la politique de la terre brûlée menée par l’occupant, ne saurait qu’encenser l’immense avancée réalisée par le progrès social dans ses multiples facettes. L’étendue de ces réalisations ne saurait être saisie qu’à travers une comparaison quantitative et qualitative à l’aune des écarts abyssaux qui séparent les deux étapes. Mais nos ambitions et celles des générations montantes nous transcendent pour aspirer à mieux, chose somme toute légitime et nécessaire si nous voulons progresser, aller de l’avant et gravir les marches du processus du développement durable.
Si nous revenons sur la période coloniale avec toutes ses péripéties, ce n’est point pour nous enorgueillir des triomphes de notre peuple et sa capacité à briser le carcan qui l’a confiné, des décennies durant, dans les ténèbres du sous-développement, mais plutôt pour tirer les enseignements de cet événement crucial qu’est la Révolution de Novembre, qui doit entretenir la lueur qui éclaire nos esprits et stimule nos volontés et s’ériger en modèle de générosité, d’abnégation et d’altruisme. L’esprit humain est, de par sa nature, en proie à l’oubli, une tare qui peut devenir pernicieuse si ce sont nos références et nos fondements qui ont font les frais.
La déliquescence des rapports de l’homme à ses valeurs et principes affaiblit le lien social et spirituel des peuples et annihile sa résistance jusqu’à la résignation. Le système immunitaire se trouve ainsi anesthésié, l’enthousiasme tempéré, la volonté ramollie et les structures et liens sociaux démantelés et rongés par la régression et l’apathie.
Mesdames et Messieurs,
L’évocation de ces événements phares et prépondérants ne procède pas d’une tendance à la vanité ou à l’ostentation, encore moins d’une propension aux verbiages agrémentés mais vides de sens, elle constitue une sollicitation renouvelée qui interpelle les consciences pour les mettre en garde contre les périls qui nous guettent et les exhorter à perpétuer la résistance tout en demeurant attachées à leur identité civilisationnelle à l’effet de favoriser les conditions idoines pour la renaissance. Une renaissance qui émane du génie d’une nation créatrice, productive et innovatrice, mue en cela par une aspiration constante à obtenir des conditions de vie optimales pour ses enfants. A chaque époque ses maux, ses tourments et ses soubresauts, et les nations ne peuvent parer aux épreuves qu’à force de persévérance et de ténacité et en saisissant les options novatrices de développement.
Mesdames et Messieurs,
L’Algérie a posé, durant ces dernières années, les fondements d’un développement global, que ne peuvent dénigrer que les âmes envieuses ou pessimistes. Les réalisations éclatantes accomplies dans la construction des infrastructures de base, des barrages, des universités, des écoles et des logements, ainsi que dans les domaines de l’éducation, de la formation et de la promotion de la recherche scientifique aussi bien que dans la dynamisation de la création artistique et culturelle, outre la stabilité qui confère à l’Algérie davantage de crédibilité sur la scène internationale, traduisent réellement les mutations positives opérées dans le domaine du développement national.
Nous témoignons de ces avancées sans verser dans la jactance ou le matraquage médiatique car nous demeurons convaincus qu’il est de notre devoir de servir notre peuple avec la même loyauté et la même détermination dont a fait preuve la génération de novembre.
Nonobstant le caractère délicat des choix que nous avons adoptés notamment ceux de la concorde civile et de la réconciliation nationale globale, nous avons triomphé de ces écueils, forts de notre confiance en la justesse de ces options qui sont, à elles seules, à même de rétablir la sécurité, consolider la paix civile, resserrer les rangs de la Nation et acculer les takfiristes qui seront vaincus par la volonté du Tout-Puissant. Les choix en question déteignent au demeurant sur les plans économique, social et politique, étant donné que le développement est une entreprise qui nécessite le concours et la complémentarité de toutes les données matérielles et morales.
A la faveur de ces choix, nous allons faire face au séisme économique qui se prépare et à ses répliques préjudiciables, en premier lieu, aux économies faibles des pays en développement. Notre souci majeur est de substituer à la manne pétrolière, la valeur ajoutée du travail productif sur le plan, matériel, intellectuel et technologique, et ce, en puisant dans des alternatives à rechercher dans l’agriculture, et les industries diverses notamment les industries de transformation, et en accordant davantage d’intérêt pour les services et les sources d’énergie autres que les hydrocarbures.
J’exhorte nos jeunes à adhérer à cette démarche, à miser sur le travail productif et à favoriser l’activité intellectuelle afin d’exploiter à bon escient les richesses et les ressources du pays et abandonner définitivement les mirages que nous font miroiter les chaînes satellitaires qui ne cessent de faire la propagande à une prétendue prospérité à rechercher outre-mer.
Si nous évoquons et rappelons les hauts faits de nos aïeux pour en tirer les enseignements qui s’imposent, nous nous devons de focaliser notre attention sur nos jeunes, dignes successeurs de leurs ascendants, pour les porter à assimiler les leçons, recevoir le flambeau, conserver le legs, sauvegarder les acquis et partant, se lancer dans la dynamique du développement.
Mesdames et Messieurs,
Alors que nous célébrons l’anniversaire du déclenchement de la glorieuse guerre de libération, nous saluons la mémoire de nos martyrs et la bravoure de notre peuple qui a su rester uni dans la quête de son indépendance. En cette heureuse occasion, je m’en remets au Tout-Puissant, le priant d’accorder à nos valeureux martyrs, sa sainte miséricorde, de les accueillir en son vaste paradis, et de gratifier de ses bienfaits nos compagnons moudjahidine et moudjahidate. Enfin, je présente mes chaleureuses félicitations au peuple algérien. Gloire à nos valeureux martyrs.
Je vous remercie de votre attention