L’analyse de M. Ksentini est fondée sur deux positions totalement contradictoires.
La première c’est de défendre mordicus la thèse du Pouvoir et voir dans la mise en examen de M. Hasseni une victime d’une trame tissée par des forces occultes françaises dont l’objectif inavoué est de nuire à l’Algérie. Dans ce rôle, il est parfait.
Comment ne pas le reconnaître tant sa fougue et son talent sont mis à profit dans l’opération de sauvetage du “soldat Hasseni”. Il n’a pas cessé de marteler que la France a dérogé à ses obligations et ses engagements relatifs au respect de la présomption d’innocence et des Droits de l’homme.
Cette attitude est conforme à la feuille de route que lui implicitement transmit l’Etat depuis le début de la création de sa commission: la CNCPPDH, née de facto avec des moustaches selon la formule consacrée. Il est de son droit de défendre M. Hasseni; un Algérien qui subit les “affres” de l’injustice et l’humiliation sur une terre étrangère.
En homme rompu à la chose juridique, il enchaînera avec ferveur, les accusations et condamnations à l’endroit du juge Thouvenot et de la France. Quoique moins belliqueux et menaçant que M. Ould Abbas, ses déclarations véhémentes n’expriment pas moins l’exaspération de ses mandants. Sur ce chapitre-là, il ne manque pas d’énergie ni de panache. Son argumentation ne souffrirait pas de failles puisqu’il n’y a aucune preuve contre M. Hasseni. S’il était un ambitieux, M. Ksentini ne pouvait pas tomber sur un meilleur cheval de bataille – ou de Troie – pour progresser en notoriété et de crédibilité intra-muros.
Il sert la victime et sert ses intérêts personnels sans risque de mordre la poussière; toute la nation est derrière lui dans l’affaire… Il a juste à fredonner devant son auditoire “Min Djibalina” et voilà que le peuple se soulève avec lui et sort dans des marches improvisées…
La deuxième attitude, pernicieuse celle-là, est de persister à ignorer royalement l’affaire de l’assassinat de l’Algérien Mecili, ancien moudjahid et ancien membre du MALG. Malgré la gravité des faits, il ne daignera jamais à se pencher sur le dossier Algéro-Algérien.
Monsieur Mecili était un combattant au vrai sens du terme, aguerri, dont le parcours est plus glorieux, plus riche et plus noble que celui du locataire d’El Mouradia et de ses larbins comme Ould Abbas. Ni l’homme ni son passé glorieux n’étaient suffisants pour attendrir notre chantre des Droits de l’homme. Sa conscience est restée imperturbable et sa rhétorique perfide est restée très rigide. L’aveuglement est total et la perversion de l’âme réussie.
Pour M. Ksentini et ses disciples, il faut séparer les deux affaires Hasseni-Mecili. L’un n’a pas à endosser le drame de l’autre. Argument habile et implacable. Mais son argumentation s’arrêtera là exactement comme sa mission. M. Ksentini ne s’attardera jamais sur le meurtre de M. Mecili excepté quelques mots de compassion pour la famille de la victime et une déclaration d’intention avant l’affaire de M. Hasseni; un lapsus linguae dont il mesurera plus tard la témérité.
Oubliant sa responsabilité morale son engagement pour la cause de la justice, il ne daignera jamais à se charger du dossier de M. Mecili. Le meurtre de ce dernier qui engage la responsabilité directe de l’Etat algérien, ne semble pas assez grave, ni assez abject ni assez arbitraire pour amorcer une prise de conscience et réagir en conséquence en homme de Loi, intègre et sensible.
Les revendications de la famille de la victime resteront lettre morte. À cette famille, il opposera lâchement un mur de froideur et d’indifférence. Il se détourne délibérément de ce drame. Il est certain que dans son for intérieur il s’est inventé des prétextes illusoires pour justifier son silence et son absence de volonté dans la recherche de la vérité. Il devient un autre complice des meurtriers à cause du rôle qu’il s’est attribué; celui de tout faire pour réparer les injustices. N’est-il pas payé pour ce travail?
Pour Hasseni, il multiplie les points de presse. Mais pour M. Mecili il n’en a cure. Pour M. Hasseni il apporte soutien moral et compétence professionnelle. Pour la famille de défunt M. Micili, il opposera une fin de non-recevoir. Dans l’affaire de M. Hasseni, notre avocat s’ingéniera dans ses démonstrations publiques à faire éclater la vérité. Dans l’affaire de M. Mecili, il récusera l’obligation de se pencher sur dossier que tout le monde connaît par cœur tant les témoins directs du meurtre sont vivants et prêts à témoigner.
On peut continuer indéfiniment les comparaisons des deux attitudes discriminatoires et outrageuses de cet homme de Loi pour se rendre compte que son rôle était, est et sera celui d’être le bouclier des criminels; une machine à laver des bouchers et un distributeur de billets de banque comme bâillons de la vérité et la justice. M. Ksentini participe odieusement à une deuxième mise à mort de feu Mecili
Vu l’entrain qu’il montre dans l’appui des thèses du Pouvoir, il a toujours assumé ces rôles sans honte ni regrets. Ses bailleurs de fonds se sont servi de sa probité et de ses compétences aux fins de se refaire virginité après avoir dévasté le pays et anéantit les espoirs d’une vie prospère, juste et démocratique pour tout le peuple.
Ils se sont servis de lui avec son approbation et peut-être sa bénédiction pour tuer la justice et la vérité. Ces deux dernières surgiront inexorablement dans quelques années comme a surgi la vérité sur le meurtre ignoble d’Abane Ramdane et très récemment celui du colonel Chaabani. À cet avènement personne ne souhaitera être à votre place. La génération qui vivra ce jour-là n’aura pas de difficulté à trouver la réponse posée dans le titre…
Par Sniper