Par : El Hadj Omar Mahdad(*)
Lorsqu’un homme symbolise l’humanisme et la solidarité internationale, lorsqu’un homme, poussé par le désir d’agir utilement, accepte de le faire contre vents et marées, lorsqu’un homme souffre de ne pas pouvoir faire plus pour les autres, alors chacun sait qu’il s’agit de M. Bernard Kouchner.
Malgré toutes ces qualités humaines, le père fondateur de MSF se retrouve souvent bien désarmé dans un monde où, malgré tous les efforts d’hommes et de femmes de bonne volonté, les écarts s’agrandissent au fur et à mesure de l’avancée de l’indifférence qui transforme les cœurs en un désert aride. Malgré toutes les difficultés, vous n’avez jamais baissé les bras, malgré le carcan ministériel qui vous impose, parfois, des positions décalées par rapport à vous-même.
C’est justement une de ces positions que je vous demande de reconsidérer dans une autre acception. Je suis certain qu’à partir du fait où vous appréhenderez cette affaire dans son côté éthique et humanitaire, vous changerez d’avis quant au cas de notre haut fonctionnaire qui est retenu arbitrairement en France depuis le mois d’août 2008.
Cet homme, victime innocente d’une confusion de personne, si tant est que la personne recherchée existe réellement, n’est pas seulement l’objet d’un déni de justice, mais il est aussi victime d’un déni de droit.
Dans la presse, certains ont été jusqu’à dire qu’il se savait recherché ! Comment l’aurait-il pu puisqu’il n’a jamais rien fait de répréhensible, que ce soit dans son pays ou ailleurs ?
D’ailleurs, pourquoi les autorités françaises lui ont-elles délivré un visa diplomatique (puisqu’il voyageait avec un passeport diplomatique) si elles pensaient qu’il était recherché ?
Selon les dispositions de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, si tel était le cas, les autorités françaises auraient dû refuser d’accorder ledit visa, sauf si le but recherché était de dresser un “guet-apens” à M. Mohammed Ziane Hasseni, c’est pourquoi j’ai évoqué le déni de droit.
À présent, dès lors que ce sont des services qui, de facto, relèvent des affaires étrangères, qui ont délivré le visa, vous pouvez donc valablement agir pour que M. Hasseni recouvre sa liberté au plus tôt, d’autant plus qu’il s’est plié aux expertises exigées, même s’il lui répugnait de les faire car les jugeant dégradantes pour un homme innocent et en visite en France à la faveur d’un passeport diplomatique.
Aujourd’hui, je pense qu’il est nécessaire que Bernard Kouchner que nous admirons tous (au point de l’envier certaines fois) sache trouver le moyen le plus efficace pour aider un homme dans la détresse morale la plus absolue.
J’espère que cet appel ne restera pas vain et que vous rehausserez encore davantage la très haute opinion que j’ai de vous.
Je vous prie de croire, Excellence, Monsieur le ministre, en l’expression de ma très haute et très parfaite considération. E. H. O. M.
(*) Sénateur du tiers présidentiel
Vice-président du tiers présidentiel au Sénat, membre du Parlement euro-méditerranéen, vice-président de la commission énergie et environnement PEM
Commentaire: Le sport favori de ce sénateur du tiers présidentiel est désormais la publication de lettres ouvertes dans les colonnes de la presse nationale.
Par ailleurs, notre sénateur ignore que les titulaires d’un passeport diplomatique algérien sont exemptés de la formalité de visa d’entrée en France depuis le 9 août 2007, soit cinq jours avant l’arrestation du diplomate Mohamed Ziane Hasseni à l’airoport de Marseille, date de l’entrée en vigueur de l’accord bilatéral sur l’exemption réciproque de visas de court séjour pour les titulaires d’un passeport diplomatique. El Mouhtarem