Question : Est-ce qu’un journal a le droit de publier la photo d’un enfant mineur sans l’autorisation de ses parents ? J’ignore ce que le code de l’information prévoit en la matière mais, nul besoin d’un code pour répondre par « non ». Non, parce qu’il s’agit d’un enfant mineur, sous la responsabilité de ses parents.
En feuilletant le quotidien « El Fadjr », (édition du 30/12/2008), je suis tombé sur un article accompagné de la photo d’un enfant, en guise d’illustration. Dans ce papier, il est question d’un jeune garçon qui a dû, selon le journal, abandonner ses études pour aider sa famille en vendant des « Mhadjeb », préparées à la maison.
Le plus choquant dans ce que le journal présente comme un « scoop », réside dans la fourberie, la méthode déloyale adoptée par l’auteur pour attirer sa « proie », Yacine, 9 ans. En effet, et le journal a le mérité d’être « honnête » – avoue avoir proposé au petit marchand ambulant, croisé dans un cybercafé entrain d’écouler sa marchandise, de lui acheter quelques « m’hadjebs » en contrepartie que celui-ci accepte de répondre à ses questions et relater son quotidien et les circonstances qui l’ont conduit à déserter les bancs de l’école.
Le journal a-t-il mesuré, un seul instant, le préjudice moral que cela peut laisser chez cet enfant, aux yeux de ses camarades et chez sa famille ? Yacine est victime de son innocence, certes mais aussi et surtout de l’indécence d’un « journaliste ». Cela s’appelle, ni plus ni moins « corruption morale » et « extorsion d’informations ».
Dans la Charte de l’éthique et de la déontologie des journalistes algériens, l’article 18 stipule « Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents. » Sous d’autres cieux, où les droits de l’enfant ne sont pas que discours et scrupuleusement respectés, cela aurait provoqué un tollé général.
L’article 16 de la convention internationale des droits de l’enfant que l’Algérie a ratifiée le 16 avril 1993, énonce que « Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. L’enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »
Tout simplement scandaleux !
Par R.Z.