Dans cet entretien, Mouloud Mouloudj président d’APC d’Aït Bouaddou (FFS), nous donne l’état des lieux de sa commune, les projets lancés, les perspectives mais surtout les contraintes qui retardent l’essor de cette localité qui surplombe majestueusement la daïra des Ouadhias.
La Dépêche de Kabylie: Tout d’abord, présentez-nous votre commune…
M. Mouloudj : Aït Bouaddou est l’une des quatre communes de la daïra des Ouadhias, issue du dernier découpage 1984.
C’est une commune rurale sans recettes, plus de 70 % du budget communal est consacré aux salaires. Mis à part les petites rentes fiscales des commerçants, nos recettes tentent vers zéro. La population est estimée au dernier RGPH à 14 132 habitants. Socialement Aït Bouaddou se compte parmi les moins nantis de la wilaya, sinon d’Algérie.
Il y a beaucoup de pauvreté et de misère sociale car à part l’immigration et quelques travailleurs locaux, la population n’a pas d’autre choix que le chômge en attendant mieux !
Avez-vous réalisé une étude ou un diagnostic à même de vous permettre d’avoir une idée de cette situation ?
Absolument ! Nous avons profité de la dernière opération de recensement RGPH 2008 pour inclure des questions telles que l’alimentation en électricité, le réseaux d’assainissement, l’AEP. Nous avons à présent une idée claire de la situation dans la commune qui est bien sûr semblable à celle qui prévaut dans la majorité des communes de la wilaya.
Quelles sont les principales doléances qu’exprime la population de votre commune?
A travers les réceptions que nous organisons, nous avons constaté que le gros des doléances de la population se résume aux aides à l’habitat rural et l’aménagement. Quant aux femmes, des filles en majorité, elles demandent un poste d’emploi ou une inscription au filet social de l’APC. C’est vous dire combien la crise est latente car le chômage a induit une situation telle que des jeunes diplômés sollicitent des postes IAIG, ESIL, c’est dommage !
Concernant vos plans de développement comment procédez-vous pour arrêter vos priorités et tracer vos programmes ?
Il y a deux chapitres. Concernant les plans communaux de développement (PCD), c’est la commune qui gère, quant au PSD, c’est le secteur, mais la commune a le droit de regard. Nos plans sont réalisés sur la base des doléances exprimées par la population outre nos propositions.
Justement, quelles ont été vos priorités pour les PCD 2008 ?
Nous avons tenté d’équilibrer, quelque peu, notre programme à travers tous les secteurs. Nous avons retenu un projet d’assainissement, un autre de revêtement, et la jeunesse à travers un foyer pour jeunes à Aït Maâlem. En plus de l’étude d’un réseau d’AEP pour Aït Mâalem, Aït Yiran et Aït Oulhadj.
Qu’en est-il du taux de consommation de la cagnotte allouée en PCD ?
Le taux de consommation est de 70 %. Concernant les revêtements, nous avons opté pour des petits tronçons afin de désenclaver certains villages de la commune. Cependant, je dois préciser dans ce cas, que le montant qui nous a été alloué en PCD, à savoir 2,3 milliards de centimes n’est guère suffisant face à la demande des citoyens et surtout aux besoins exprimés par notre population.
Nombreux sont les P/APC qui se plaignent du manque d’entreprises qualifiées, ce qui retarde l’avancement des projets, est-ce le cas pour vous ?
Actuellement, les PCD sont tous confiés et lancés hormis les deux aires de jeux, là nous avons un problème de manque d’assiette foncière. Il y a aussi le plan de charge conséquent de quelques entreprises spécialisées dans le revêtement. Pour l’entretien des écoles, nous avons sollicité les entreprises locales qui ont fait leur travail à temps.
Le relief rocheux n’est-il pas une contrainte de plus pour l’exécutif communal pour la concrétisation rapide des plans de développement ?
Absolument ! Je vous donne l’exemple des aires de jeux. Nous éprouvons beaucoup de difficultés à les réaliser en raison du relief rocheux. Cela nécessite de l’argent en plus. D’ailleurs, nous avons fait un choix de terrain pour une bibliothèque communale, mais le marché s’est avéré infructueux et dans les meilleurs des cas, les entrepreneurs demandent une rallonge de l’enveloppe.
La problématique d’assiette foncière se pose avec acuité. Aujourd’hui, à Aït Bouaddou, pour construire ou réaliser quelque chose, ils faut qu’un citoyen fasse donc d’un terrain. Nous avons vraiment une marge de manœuvre très réduite. Nous voulons par exemple réaliser un stade puisque l’ancien est occupé par le campement militaire, hélas, nous n’avons pas d’assiette.
Abordons maintenant le dossier de l’habitat rural, avez-vous rencontré des difficultés dans sa gestion sachant toute la pression qui pèse sur lui ?
Ce n’est vraiment pas le cas pour nous car l’APC a privilégié les enquêtes sur le terrain pour déterminer la liste des bénéficiaires. Nous avons enregistré jusqu’au mois de septembre plus de 1 200 demandes. La commission de l’habitat rural est sur le terrain pour répondre à ces demandes.
Le jeunesse d’Aït Bouaddou souffre du manque d’infrastructure de loisirs, comment pensez-vous y remédier ?
Il y avait dans notre commune un semblant de stade à Aït Madem qui abritait toute cette jeunesse. En 2009, le site a été “transformé” en campement militaire, ce qui fait que les jeunes n’ont pas où jouer. Aït Bouaddou avait toute de même le lac Agoulmine où on organisait surtout en été des tournois, hélas ! La situation sécuritaire a brisé cet élan.
On vous laisse le soin de conclure…
D’abord, le premier message que je voudrais transmettre à la population est que nous sommes là pour répondre à toutes ses doléances. Nous avons privilégié, avec les membres de l’exécutif communal et l’APC en général, une démarche de dialogue et de communication. Nous sommes de ceux qui ont opté pour une gestion participative.
D’ailleurs, le plan quinquennal que nous préparons actuellement se fait en collaboration avec les représentants de la société civile. Nous allons graduellement satisfaire avec le peu de moyen dont nous disposons, les besoins de notre population ; pour ce qui nous dépasse, nous sommes prêts à accompagner la population dans toutes ses démarches pour solliciter les hautes autorités.
Je lance par la même occasion un appel aux autorités afin qu’elles libèrent l’élu local du jong de la bureaucratie afin de l’aider à prendre en charge les doléances citoyennes dans le cadre de prérogatives plus élargies.