La question soulevée ci dessus (Les réserves de change de l’Algérie ont atteint 125,95 milliards de dollars à fin avril 2008, publié le 13 juillet 2008) est pertinente. C’est rare de voir de tels écrits qui tentent de vulgariser un domaine sensible où les riches deviennent plus riches et les pauvres s’appauvrissent.
Mais il y a aussi les nouveaux riches qui ne sachant pas quoi faire, laissent aller à la dérive leur fortune. Elle est transportée au grès du vent et du hasard. Nous ne pouvons pas donner un quelconque avis positif ou négatif sur la manière dont les avoirs des Algériens sont gérés. Ce qu’ont sait c’est le chiffre que donne épisodiquement les responsables de la Banque d’Algérie et le ministre des Finances. Ils sont souvent fiers d’annoncer un chiffre, plus il est gros, plus ils en sont fiers. Ils n’expliquent pas d’où il découle ni comment on le calcule et ils n’abordent jamais les pertes et profits.
On ne sait pas où est l’argent. On ne sait pas où il dort, on sait cependant qu’il diminue de valeur, c’est un fait avéré.
A un moment donné, on avait annoncé que 45 milliards de dollars étaient placés en bons du trésor américains en monnaie américaine, pourquoi ? On l’ignore….
Cette part seule de la richesse nationale aurait permis de sauver les moyens de production algériens en dérives, obsolètes ou simplement en jachères. Elle aurait permis d’éradiquer les bidons villes et de permettre à chacun de construire sa demeure. Elle aurait permis aussi de créer des milliers d’emplois réels et permanents. Elle aurait permis de doter nos universités de moyens de recherches et d’améliorer la situation des enseignants et des étudiants. Au lieu de cela, on donne nos moyens à des Etats pour financer leur développement moyennant une maigre rétribution. On fait comme les Moyen-orientaux comme si il pouvaient constituer un exemple pour nous Algériens qui avons une tout autre idée du partage.
Par delà l’exemple que vous avez cité, qui est réel, bien pris en main par des professionnels, on peut effectivement annuler et même faire fructifier les sommes mobilisées pour les paiements étrangers.
Il y a également un tas d’autres faits avérés qui font perdre à l’Algérie des sommes très importantes en devises … je ne cite pas les affaires de la téléphonie, ni celle des ports, ni celles des services en relations avec l’eau, l’assainissement, les aéroports, les hôtels, bientôt l’électricité et le gaz, ainsi que le réseau de ventes des carburants et j’en passe…Pour tout cela, nous payons en devises les services de partenaires étrangers qui font le travail qu’on aurait pu laisser aux Algériens. Si on ne sait rien faire de nos têtes et nos bras, il ne reste plus qu’à donner en gérance l’Algérie toute entière Allah yastar…
Je vais citer également un cas banal qui me vient à l’esprit, mais qui coûte beaucoup d’argent à l’Algérie inutilement. Je cite le cas de taxations d’office des douanes. En effet, pour certains produits, la douane fixe un barème de prix en donnant une fourchette de prix. Les chiffres sont fixés par la douane nationale, laquelle n’a pourtant aucune compétence pour le faire. Ces décisions sont prises par des bureaucrates sans grande expérience et sans étude préalable, elles sont de mon point de vue des crimes. Au motif de combattre la sous facturation (sport national des importateurs), au lieu de réfléchir et de trouver des parades judicieuses aux voleurs, on prend la décision la plus facile, mais qui a des conséquences fâcheuses pour l’image de l’Algérie à l’extérieur et pour la perte sèche en devise qu’elle engendre.
Lorsque sur le marché mondial, pour un produit donné, le prix habituel connu et pratiqué au plan international et de +/-100 un fax d’un directeur opérationnel décide que le prix est de 200. Quand bien même les droits de douane seront calculés sur ce dernier chiffre, ce décision irrationnelle, illégale et antiéconomique participe à deux choses très négatives et incompréhensibles:
1. Elle permet à des sociétés étrangères de faire des gains substantiels puisqu’un produit qui coûte 100, rentre officiellement en Algérie à un prix de 200. Bien évidemment cela bénéficie aussi, sans doute, à quelques personnes qui tissent des ententes sur le dos de leur pays pour gagner beaucoup plus que ce qu’ils déclarent gagner en Algérie.
2. Elle augmente du double les prix des produits aux consommateurs en Algérie.
Le volet des médicaments est encore plus sensible en ce sens que c’est seulement quelques privilégiés qui ont des accords et des ententes scabreuses avec certains laboratoires étrangers qui sévissent. Ils font la pluie et le beau temps. Les entraves au développement du générique en Algérie sont une manifestation de leur égoïsme maladif.
Quand on sait qu’en Europe par exemple, pour fixer un prix, il faut montrer et démontrer les différentes phases par lesquelles on est passé pour le décider, en Algérie, que ce soit en importation qu’en production locale, le contrôle n’existe pas. Et quand on fait semblant de l’instituer, comme le cas de certains produits en douane, on aggrave le problème et on facilite la fuite des capitaux de façons légales et insidieuses.
En ce qui concerne la gestion du risque de change, il existe bien évidemment ceux qui ont les notions même rudimentaires sur la question, ils se limitent à quelques sociétés qui ont des compétences.
Au plan national, on vole au-dessus de ces questions sans s’y attarder d’autant que ces des derniers publics antaa adaoula. Quand on se préoccupe plus de savoir combien nos ventes de pétrole et de gaz nous permettent d’engranger, on ne peut s’appesantir sur les pertes que notre manque de gestion engendre. Ce sont ces dernières qui nourrissent les appétits insatiables.
Il y a tellement de choses à faire. Mais qui passe des jours et des heures à réfléchir à ce que l’on perd tous les jours ? Lorsqu’on saura où est l’argent et de façon précise sans dissimulation aucune, peut-être alors il serait possible aux nationalistes spécialistes d’attirer l’attention et de faire du bruit pour être entendu par les personnes compétentes, c’est-à-dire celles dont le travail et la mission est d’y veiller.
Mais qui décide de cela, qui ordonne, le ministre certainement pas, le DG de la banque non plus qui alors ? Le Président ? Personne ne peut le dire … tous responsables et donc personne. Si demain la cagnotte se fondra comme neige au soleil, personne ne s’interrogera et personne ne sera responsable. Si on est capable de passer aux pertes sèches des centaines de milliers de personnes mortes, l’argent c’est tout de même plus facile. On se partage les excédents et le peuple n’y peut rien ne sait rien, il se tait.
Tous n’ont qu’une idée en tête, comment cacher au peuple la vérité ? Comment continuer à dissimuler les milliards logés dans des paradis fiscaux ? C’est ça leur préoccupation première et tout est fait dans cette optique. L’Algérie on s’en moque. Tant qu’il y a à prendre on s’accroche et on dit aux gens : regardez ailleurs… Lorsqu’il y aura des ennuis, ils partiront ailleurs, les plus honteux se cacheront et partiront tête baissée, la majorité trouvera une raison pour se donner raison. Par Mohand