Cher Mohand, assalam, azul, bonsoir
Nous aurions aimé, je n’en doute pas, citer des noms de personnes humbles et serviteurs de notre patrie. Le problème de ce système, c’est qu’il nous a volé nos héros et ceux auxquels nous aurions aimé ressembler. L’identification à un adulte est nécessaire à un jeune pour construire sa personnalité et pour forger son caractére afin de devenir un adulte responsable et autonome. En kabyle, il y a un proverbe qui dit: “mathdidh ak dhou dhebal, ats dhebledh”. Essayons de rêver et de réaliser le rêve de nos martyrs, ceux de la plate-forme de la Soummam. Essayons, de se dire qu’Abane n’a pas été assassiné, qu’il a êté écouté et suivi par la majorité.
L’indépendance arrivée, une Assemblée constituante était installée, une constitution qui se serait inspirée du congrés de la Soummam a été adoptée ( à l’assemblée mais non pas dans un cinéma) et la démocratie a été instaurée et puis envoyée pour circuler librement dans tout le pays. J’entend d’ici, de derrière ce clavier, qui permet de te parler, car nous pouvons faire autrement pour l’instant, mon frère même si je ne te connais pas et même si tu ne connais pas, tu le sais et je le sais.
J’entend les voix des échanges fraternels entre Krim, Abane, Chabani, Aït Ahmed, Ben Bella, Khider, Ferhat et peut-être d’autres qui auraient pu devenir députés, ministres…mais qui n’étaient pas connus à cette époque-là. J’entend la beauté et la clarté de leurs discours, la franchise de leurs propos et la douceur et le sérieux de leurs paroles. Je les entend faire le serment de libérer la patrie de l’illétrisme, de la pauvreté, de panser les blessures du passé, d’installer une justice propre et indépendante, de construire une armée qui sera dans les casernes et qui défendra les frontières et la Constitution dont laquelle l’alternance au pouvoir est intronisée et la defense des intérêts économiques, de la justice sociale, des libertés individuelles, de la liberté d’expression et de la diversité cuturelle sont des constantes inchangeables.
Je les entend dire qu’il fallait absolument former et préparer la prochaine génération à prendre les régnes du pouvoir pour continuer voire améliorer l’oeuvre de construction que nous aurions commencé. Je les entend même dire qu’il fallait baser notre sur nos valeurs ancestrales de fraternité, de solidarité, de dignité et que jamais plus un Algérien ou une Algérienne ne sera un serviteur soumis de qui que ce soit. Le départ étant bon et juste, maintenant, je vois Djaout recevoir le prix noble de litterature, Alloula s’intaller à la maison de la culture de Tizi pour plusieurs mois du fait du succés de sa derniére, Boucebsi présider le prochain congrés de psychiatrie qui se déroule à Alger, l’Equipe nationale de football qualifiée pour la coupe du monde en France et puis aller jusqu’à la demi-finale, Benhemouda continuer à défendre les travailleurs malgré que le chomage soit inférieur à celui des E.U.A, des étudiants de toute l’Afrique venir se perfectionner dans nos universités (medecine, mathématiques, politique…
Je regarde et je ne vois plus les assassinats politiques, la terreur de la SM du temps de Merbah, les massacres d’octobre, de la décennie noire et de nombre 2001…Je regarde et je ne vois pas les forêts brûler, des milliards de dollars partir en fumée, des jeunes se suicider, se jeter dans le mer, dormir encore à 40 ans dans la même studio avec leurs parents…Je regarde et je ne vois cette peur qui ne veut pas quitter nos coeurs, cette tristesse qui ravage nos visages, cette vieillesse qui nous accueille à la naissance, cette méfiance qui nous fait douter de notre frère, cette colère qui détruit nos corps, cette haine qui tormente nos âmes…
Je regarde et je ne vois que douceur, volupté, tolérance, joie, courage, fraternité et espoir. Je regarde et je ne vois qu’amitié, solidarité, intélligence, art, piété, vertue et lumière. Je regarde et je ne vois que respect envers les vieux et les enfants dans tout nos villes, nos villages et nos douars. Je regarde et je me dis que tout ça n’est qu’un cauchemar au reveil il va partir et il va me laisser tranquille. C’est bon, ils ont pris le pouvoir, ils ont pris nos richesses, ils ont détruit nos valeurs et notre espoir, ils n’ont qu’à faire le bilan de leur travail et s’ils ont échoué, ils n’ont qu’à laisser ceux qui veulent réussir à nous en sortir.
Le coupable sait qu’il est coupable, la victime sait qui est le coupable, c’est un Algérien, c’est un frère ou une soeur, il doit cesser de jouer de notre présent et de notre avenir car nous savons que hier est mort.
Fraternellement et respectuesement à toi cher frère Mohand et à toutes et à tous
Ammi Said