“Au moment où l’on disait que j’allais faire faillite, j’avais acheté 28% des actions de la Société Générale (banque française)”, a révélé Abdelmoumene Khalifa devant le tribunal de Westminster à Londres. Selon Khalifa, la décision prise par la Banque d’Algérie en 2002 concernant le gel des activités d’El Khalifa Bank n’était pas motivée financièrement, mais politiquement. Elle visait ni plus ni moins qu’à déboulonner le groupe en privant les différentes filiales, comme Khalifa Airways, des ressources financières dont elle disposait au sein de l’établissement financier. “Si vous arrêtez les allées et venues de l’argent, une banque ne peut plus fonctionner”, a encore expliqué Khalifa.
Invité par son avocat à commenter la nomination successive de MM. Djellab et Badsi, respectivement administrateur et liquidateur d’El Khalifa Bank, il assure que leur mission consistait à gérer ce qui restait des fonds avant de les transférer au Trésor public. “M. Djellab a été récompensé peu de temps après en devenant le président-directeur général du CPA”, observe l’ex-golden boy. Celui-ci n’est pas plus tendre avec M. Badsi. Se faisant l’écho d’une des trois rencontres qu’il aurait eues avec le liquidateur d’El Khalifa Bank à Londres, il révèle que ce dernier lui avait fait “une offre rocambolesque” de 10 millions de dollars pour acheter son silence et sa promesse de ne plus remettre les pieds en Algérie. Khalifa accuse, par ailleurs, M. Badsi d’avoir déformé les propos qu’il a tenus au cours de ces fameuses entrevues londoniennes et de lui en avoir prêté d’autres, comme l’aveu qu’il aurait fait sur des actifs qu’il possède à la Barclays (banque britannique). “Je ne lui ai jamais parlé de Barclays. La seule chose qui me lie à cette banque est une carte de crédit”, certifie Khelifa.
S’exprimant sur les raisons qui l’ont poussé à quitter l’Algérie précipitamment et à trouver refuge au Royaume-Uni, l’ex-patron nie avoir fui le pays par crainte de poursuites. “Je suis parti pour des raisons sécuritaires. J’ai su que j’étais poursuivi une semaine après mon départ”, affirme-t-il. De son point de vue, les motifs des poursuites ne tenaient pas la route. “On m’a sorti une histoire d’assurance d’avions, en m’accusant d’avoir assuré directement les appareils à Londres, alors qu’il fallait d’abord passer par une compagnie algérienne. Or, nous avions toujours fait ça sans qu’il y ait eu le moindre problème”, clame Khalifa. Pour lui, le mandat d’arrêt lancé contre lui au moment des faits en 2003 avait uniquement pour but de le faire revenir en Algérie et de le neutraliser.
Ses sorties médiatiques hostiles au Président sont, à ses yeux, à l’origine de la cabale judiciaire dont il dit être victime. Il cite à cet égard des charges supplémentaires qui ont été jointes à son dossier, suite à la reprise de la diffusion de K-TV en 2004 et à son engagement dans une campagne défavorable à la réélection de Bouteflika. Khelifa révèle que le provider établi en Allemagne, ainsi que le locateur des studios d’enregistrement ont été contactés par les autorités algériennes pour se démarquer de K-TV. D’après lui, cette chaîne a finalement arrêté d’émettre pour des raisons financières. “Elle était trop chère”, observe Khelifa.
Réfutant les informations qui décrivaient sa retraite londonienne comme un exil doré, il dit avoir vécu à Putney, un quartier de Londres où il s’employait à mettre en place un journal en ligne. “Les gens disent que j’ai des milliards cachés quelque part, que j’ai volé les clients d’El Khalifa Bank. C’est faux. L’argent est en Algérie. Un jour, je le prouverai”, promet le patron déchu. La preuve de son innocence consiste, selon lui, dans l’abandon par la brigade économique et financière de Scotland Yard des poursuites pour blanchiment d’argent, suite auxquelles il a été arrêté en 2006. Source Liberté