5 mars, 2009
Exclusif: Mohamed Samraoui répond aux avocats de Hassani
« Je réaffirme mon souhait à une confrontation avec la personne mise en examen pour mettre un terme à toute spéculation ».
La levée partielle du contrôle judiciaire de Hassani par la chambre d´instruction de la cour d´appel de Paris n´a suscité aucune déclaration de ma part car j´estime n´avoir aucun droit de commenter une décision de justice, par contre, les propos tenus par deux avocats de l´accusé, tels que publiés dans les colonnes d´El Watan m´obligent à rompre le silence que je me suis imposé, car il ne s´agit plus de délires d´un guignol auquel je ne prête même pas attention, mais de personnes averties qui connaissent parfaitement le dossier.
Je concède qu´ils défendent leur client ou qu´ils minimisent sa culpabilité, mais asséner des contre-vérités en vue d´induire l´opinion publique en erreur en excellant dans l´art de la désinformation est à mon sens intolérable.
Les assertions des avocats tels que rapportées par le quotidien El Watan (cette précision mérite d´être signalée) sont inexactes et fausses, qu´il m´est très facile de réfuter.
1- Les avocats affirment: «Quel élément pourrait apporter un témoin qui se contredit au fil de ses dépositions devant le juge d’instruction, qui pose les conditions de sa confrontation avec Mohamed Ziane Hasseni quand, arguant d’un mandat d’arrêt lancé contre lui par l’Algérie, il demande à ce que ce soit Mohamed Ziane Hasseni qui se déplace en Allemagne où il est réfugié ou que le face-à-face ait lieu par visiophone ?».
a- Comment pourrais-je me contredire au fil de mes dépositions sachant que je n´ai fait qu´une SEULE déposition et que je MAINTIENS l´intégralité de ma déclaration faite au juge Baudoin Thouvenot en juillet 2003 ?
b- Pourquoi tenir des propos imaginaires ou erronés alors que les avocats devaient être au courant que je n´ai jamais formulé de demande en ce sens (que le mis en examen se déplace en Allemagne), ni suggéré qu´un face à face puisse avoir lieu par visiophone ? C´est à travers la presse que j´ai pu lire cette version.
c- Au contraire, je réaffirme mon souhait à une confrontation avec la personne mise en examen pour mettre un terme à toute spéculation. La seule condition que j´ai posée relève du domaine de ma sécurité personnelle car il m´est impossible de me déplacer hors d´Allemagne sans document de voyage et de surcroit en étant sous le coup d´un mandat d´arrêt lancé par les criminels d´Alger que j´accuse d´avoir commandité l´assassinat d´Ali Mecili. Pour ceux qui évoquent l´espace de Schengen je rappellerai simplement que l´Espagne fait également partie de cet espace et pourtant cela n´a pas empêché mon arrestation en octobre 2007, bien qu´étant muni d´un passeport et résidant dans un pays européen. Sur conseil de mes avocats je n´ai pas pris le risque de me rendre en France sans garantie.
2- Mohamed Samraoui avait-il déjà vu, connaissait-il réellement Mohamed Ziane Hasseni avant un reportage de France 3 qui l’avait filmé montant les marches du tribunal de Paris, alors que dans une précédente audition par le juge d’instruction c’est une autre personne que Samraoui avait désignée comme étant Mohamed Ziane Hasseni ?
Je mentionne une nouvelle fois que je ne suis pas responsable de ce qu´écrivent les journalistes ou les blogueurs dont le parti pris en faveur du régime des généraux est flagrant. Dans une affaire aussi grave, la raison nous dicte de ne nous tenir qu´aux faits. Les faits sont hélas têtus, primo je connais Rachid Hassani et je l´ai reconnu en visionnant le reportage de FR3 (d´ailleurs je ne suis pas le seul à l´avoir reconnu), secundo je n’ai été auditionné par le juge d´instruction qu´une seule fois et mes propos n´ont pas varié d´un seul iota, malgré les menaces, les intimidations et les tentatives de corruption.
Les chefs du DRS qui ont pris l´habitude d´acheter le silence de leurs victimes et de soudoyer leur clientèle, oublient qu´ils ont cette fois affaire à un homme de principe, guidé par l´unique souci de justice et de vérité, et que tôt ou tard, le régime devrait reconnaître ses crimes, assumer ses dérives mafieuses et répondre devant les Algériens et l´Histoire.
3- «Comment être certain de l’objectivité de ce témoin qui pose ses conditions», s’interroge Me Pelletier, qui nous affirme exprimer un point de vue personnel, tout comme il exprime son scepticisme sur l’efficacité d’une visioconférence. «Je n’attends rien de cette confrontation», nous dit, pour sa part, Me Temime. Quant à Mohamed Samraoui, «c’est un témoin tardif qui a un rôle trouble dans l’affaire et qui manque de cohérence».
a- C´est tout de même ahurissant de lire qu´un avocat n´attend rien de cette confrontation, alors qu´il s´agit de la clé qui pourrait innocenter son client s´il avait été étranger à l´affaire Mecili ? J´ajouterai que l´objectivité et l´honnêteté ont toujours guidé mes actes, malheureusement je confesse que ces qualités sont aujourd´hui une tare dans l´Algérie dirigée par des voyous, et où l´argent et la terreur sont les seuls moyens de gouvernance.
b- Après le «témoignage d´un opposant ne doit pas être pris en considération», puis le «témoignage fluctuant», voici la nouvelle version «témoin tardif qui a un rôle trouble dans l´affaire et qui manque de cohérence». Il est admis que les avocats ont cette propension à l´exagération, mais je constate malheureusement que dans l´affaire Mecili, la principale victime est occultée, le débat est sciemment détourné, et cette irrépressible recherche à davantage brouiller une affaire claire et limpide engageant pleinement la responsabilité du régime.
M. Samraoui
05.03.2009