Nous étions tous et toutes des innocents.

enfa.pngNous étions tous et toutes des innocents. Les rêves pleins la tête. Nous aimions notre pays d’un amour sincère et doux. Nous étions tous des frères et des soeurs, unis, désireux au plus profond de nos coeurs de servir notre patrie, de lui offrir le meilleur de nos capacités et de la construire pour qu’elle devienne un pays riche, prospère, libre et où la vie serait joyeuse et plaisante pour tous ses enfants. Rien ne nous faisait peur, rien ne nous empêchait d’apprendre et de progresser et aucun obstacle n’était à la hauteur de notre détermination et de notre désir de réussir. De réussir pour nous, pour nos familles et pour notre patrie. Nous étions des enfants qui faisaient des kilomètres pour aller apprendre à lire et à écrire, pour parfaire notre éducation et pour construire et forger nos caractères. La fatalité n’était pas notre amie. Le renoncement n’était pas notre tasse de thé. Nous marchions le ventre vide mais les pieds solides et très courageux. Nous marchions et nous bravions le froid sec qui titillait nos os qui gelaient et nos mains et nos orteils.  

Nous marchions et nous humilions sous nos petits pieds et la neige et la boue. Nous marchions et nous narguions et la faim, et la soif et la chaleur qui nous suçait le peu d’eau qui restait dans nos corps frêles et amaigris. Nous avancions ensembles, entre copains et entre amis, vers la liberté et vers l’autonomie. Nous voulions honorer et ressembler un peu à ceux qui s’étaient sacrifiés pour que nous puissions vivre dans la dignité, pour que nous puissions rattraper à notre pays tout le temps perdu à faire des guerres qui ne voulaient pas nous abandonner et pour que nous puissions enfin vivre sur notre terre comme tout les humains que dieu avait crée. Nous ne connaissions ni la haine, ni la peur, ni la tristesse, ni la rancune, ni la jalousie, ni le mensonge, ni la fourberie, ni la calomnie, ni la méfiance, ni le désir d’écraser celui qui nous était inférieur ou celui qui était par le destin fragilisé. Le respect, la solidarité, le partage, le jeu, les livres, la joie …étaient avec nous nuit et jour malgré notre pauvreté, malgré nos frustrations, nos manques et difficultés à avoir le nécessaire pour assurer notre quotidien qui n’était pas souvent facile à assumer.  

Nous étions heureux, naïfs, humbles et toujours prêts à aider celui qui a besoin de nous pour tout ce que nous pouvions lui donner. Nous étions les fils et les filles d’une Algérie que nos ancêtres avaient pendant des siècles rêvés. Et, puis le temps est passé et l’insouciance est perdue. Et, puis nous avions rencontré des hommes sans pitié, des hommes égoïstes comme jamais, des hommes avares à un point que nous n’aurions jamais imaginer. Des hommes qui frappaient, d’autres qui censuraient, d’autres qui méprisaient, d’autres qui assassinaient, d’autres qui se faisaient des guerres sans pitié et d’autres qui voler. Et, puis nous avions rencontré des hommes qui torturaient, d’autres qui harcelaient, d’autres qui menaçaient, d’autres qui emprisonnaient, d’autres qui manipulaient, d’autres qui insultaient et d’autres qui trompaient. Et, puis nous avions vu des têtes égorgés posées sur des piquets, des corps déchiquetés par des bombes explosées, des familles entières massacrées sans que personne ne vienne les aider, des jeunes assassinés un à un sans regret et sans culpabilité, des hommes détruits à jamais, des pieds estropiés, des frères partis, enlevés et qui ne sont jamais revenu… 

Et, puis nous avions vu des incompétents prendre des places qu’ils sont incapables d’assumer, des cadres humbles, sérieux et compétents partir loin de leur pays ou rester à faire des tâches inutiles pour la société, la corruption remplacer l’économie, le savoir déserter les universités, les hôpitaux devenir des endroits où la souffrance est aggravée…Et, puis nous avions vu que tout était du festi, que le pouvoir nous a abandonné, que les richesses de notre pays étaient volées et gaspillées…Et, je me suis mis à pleurer, en implorant Dieu et tout les Saints de mon pays, que ceux qui ont tué notre Algérie trouveront devant un jour des hommes et un peuple qui leur diront 50 ans barakat, 50 ans ça suffit et 50 ans dayen. 50 ans vous avez tout ce qu’il vous faut pour l’éternité, partez et laissez ce pays à ceux qui veulent l’aimer même si pour cela ils vont crever. Fraternellement. Ammi Said

Commentaires

  1. amghar azemni a dit dit :

    Je voudrais dire ceci à Ammi Said . Tout d’abord , je pense que nous devons être de la même génération qui, au lendemain du 5 Juillet 1962, était tellement heureuse de l’indépendance du pays à laquelle nous venions d’accéder , que nous jubilions pendant que des esprits pervers et mieux avertis profitaient de notre liesse pour n’accaparer non seulement des biens abandonnés par les colons ( immobilier,commerces, meubles et autres ) mais aussi des pouvoirs civils et militaires. Il faut croire que nous avons été quelque part un peu fautifs et que nous avons été laxistes et meme consentants de ce qui nous arrivait , si bien qu’à notre reveil tardif, les carottes se sont cuites ! Maintenant, la situation devient de plus en plus dfifficile pour aspirer à un changement car beaucoup d’événements politiques se sont greffés à la démarche pratiquée par les spoliateurs du pays!
    La génération actuelle semble etre tétanisée, voire incapable de réagir car rongée par le chomage et la dépendance .
    Donc, la question du changement restera posée indéfinimnt tant qu’un reveil génral du peuple tout entier ne soit effectif.
    Mais ça, c’est une atre paire de manche et qui vivra verra inchallah!

  2. Djemila dit :

    Ce texte est beau, il m’a touchée. Je partage cette vision des choses. Il m’arrive de me demander d’ailleurs si certaines régions d’Algérie ne pourraient pas donner une impulsion positive au pays tout entier en se démocratisant, en se développant économiquement, même à un niveau local ? De cette façon les autres Algériens verraient que l’évolution et la réussite économiques sont à leur portée.

  3. le-zouave dit :

    merci ammi said!! merci de nous rappeler que ces belles pensées empruntes d’humanisme et de reveries poetiques etaient encore parmi nous! entrainés (comme tout notre pays a travers les differentes invasions donc la continuités de nos luttes a travers notre histoire millenaire!!) donc entrainés par la necessité de resister a la betise au pouvoir de 1962 a nos jours…nouis etions completemnt iùmmergés dans l’agressivité et la politique que nous avions fini par oublier toutes ces douces et belles pensées qui avaient bercé notre jeunesse!!! je m’identifie entierement a ce texte lumineux qui se detache de toute la laideur du cauchemar dans lequel nous ont plongés les scelerats qui ont « detourné  » le fleuve algerie de son lit historique naturel!!!! le clan d’oujda et les dafistes veritables vampires sans scrupules et qui ne « sont pas de nous » car sans foi ni loi!!!!
    ils ont fini par creer la pyramide de la felonie et de la corruption qui sert aujourdhui de socle a leur vandalisme et leur barbarie denues de toute morale et de toute ethique!!!
    j’ai une question a vous poser ya ammi said!!!
    quand les fermiers barratent du lait dans les tafeqloucht (takhsayt a tizi ouzou)ou calebasse en francais; il se forme sous toutes les latitudes ,au groenland comme au zimbabwe..en turquie comme en laponie..3 phases!!
    1)en bas ..tout en bas..de notre calebasse on retrouve l’eau sale et les impuretés physiques!!!
    2)au centre ..le petit lait si nourrissant
    3)et ..en haut…tout en haut…la toute petite motte ..de CREME(tawaracht)..si chere et si prisée!
    mais dites moi ammi said pourquoi en algerie quand nos meres (SENDOU )..BARATTENT LE LAIT ..pourquoi nous sommes le seul pays où
    1) nous obtenons..en haut..tout en haut .la VASE(eaux sales et impuretes puantes)
    2)au centre le petit lait mais deja aigre
    3) et en BAS..TOUT EN BAS..LA MOTTE DE CREME miniscule…
    et que le GRAND JOURNALISTE ..CHAWKI AMARI ( chroniqueur d’el watan) a, lors d’un hommage rendu au regretté mesmar djeha
    complété par ceci »non seulement votre creme est en bas mais votre calebasse est trouée et votre bout de creme fuit!!!!!! »

  4. le separatiste dit :

    Nous étions tous et toutes des innocents
    Azul ammi Saïd
    L’innocence ne se conjugue pas en arabe

    L’imparfait que vous utilisez ne situe pas dans le temps exactement la période a laquelle ce rêve était palpable mais moi je le situe volontairement avant l’arabo-islamisme car depuis que j’ai vu ouvert les yeux je n’ai vu que mépris quand il fallait voir de la fraternité. Arrêtez de dire qu’on était bien avant, avant quoi, on n’a jamais été bien depuis que les arabes ont foule le sol n’Imazighen
    La supercherie finira par nous emporter tous
    Il faut revenir et vite aux valeurs ancestrales qui nous caractérisent
    Un acte citoyen immédiat : ne pas reconnaître le président sorti des ur(i)nes du 09 avril

  5. Ammisaid dit :

    Au frère Le-Zouave, merci pour tes encouragements, ils vont droit au coeur.
    La réponse à ta question transposée à la « politique » de notre pays est facile.
    Tafequeloucht c’est l’Algérie:
    1)En haut, nous avons le pouvoir assassin et tyrannique (eaux sales et impuretés puantes: crimes, voles, violes, tortures, massacres, orgueil, hogra, humiliation, manipulation, calomnie, mépris, infiltration…)
    2) Au centre : les courtisans, les serviteurs, les assassins, les hommes de basses besognes, les persécuteurs, les flatteurs, les profiteurs du système, les souteneurs, les corrompus, les nègres…AIGRE
    3)En bas : le peuple, les hommes honnêtes, justes, constants, vrais, amoureux de leur pays…Rendus minuscules par 1 et 2, mais ils constituent la colonne véritable de notre pays car sans eux, c’est la misère totale et le chaos définitif.
    Thanmirt

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