Dans leur majorité, les habitants de Tizi Ouzou ont tourné le dos à Bouteflika. Les rues de la ville ont accueilli de nouveaux visages : des invités d’une matinée peu ordinaire.
C’est le président de la République qui vient et il est accueilli en tant que tel par les officiels, comme le wali. Peu avant 9h, le réseau téléphonique mobile est brouillé et cela a duré jusqu’à la fin de la visite, vers 13h. Tizi Ouzou a été isolée pendant toute la matinée. Certains jeunes, peu intéressés par la visite, criaient : « Rendez-nous le champ ! » Leur ville est quadrillée par plusieurs centaines de policiers en tenue et des dizaines en civil, postés tout le long de l’itinéraire présidentiel. Le bouclage de la ville est provoquant ; des véhicules de police sont disposés en travers des chaussées, empêchant toute circulation automobile et piétonne. Les commerçants sont contraints de baisser rideau. Cela rappelle l’ère, si lointaine déjà, où les commerces fermaient en signe de protestation pour une quelconque cause.
Les archs, qui avaient menacé de perturber la visite du Président, se sont discrètement éclipsés. Abdelaziz Bouteflika ne pouvait pas espérer meilleur accueil. Saïd, son frère, est là, organisant le contact des photographes et des cameramen avec le Président pendant le trajet de près d’un kilomètre effectué à pied. De nouvelles têtes ont été choisies pour composer la haie d’honneur : l’ancien boxeur, Loucif Hamani, les anciens footballeurs internationaux Ali Fergani et Hakim Medane, l’équipe de la JSK et Ali Féraoun, fils de l’écrivain. Celui-ci est chargé de remettre un burnous au Président, mais ce dernier saute la première étape, abandonnant Féraoun le burnous sur les bras.
Mais il finira quand même de le lui remettre dans la salle Mouloud Mammeri, remplie par « la société civile ». Là, Ould Ali L’hadi, directeur de campagne à Tizi Ouzou, fait une intervention plus longue que celle du Président, vantant les mérites de Bouteflika quant au développement de la wilaya. Quand le Président entame son discours, de nombreuses personnes massées à l’extérieur se sont dirigées par groupes vers les bus qui les ont transportées. Saïd Gada El Watan