Nul n’est égal à Dieu ou à Bouteflika (laa charika lahoumaa).

bouteflika1.jpgPar Sniper 

Monsieur M. Hachemaoui a fait une excellente analyse sur le régime algérien et les rapports de force entre Bouteflika et son rival aux pouvoirs exorbitants; le général Tewfik. Il est difficile de croire que Bouteflika; tout assoiffé de pouvoir qu’il est; eut la prétention de prendre le contrôle total du DRS. Rusé comme un renard, il tira la leçon en méditant sur le sort de ses prédécesseurs qui se seraient crus tout permis. Sa stratégie, en fait, était simplement de contraindre les militaires à ne pas s’immiscer dans les affaires politiques. Il se résigna à l’idée qu’il est extrêmement hasardeux de piétiner sur leurs plates-bandes. Il comprit très vite qu’il faut éviter de suivre la politique du défunt Boudiaf qui paya très cher son idéalisme et sa volonté de s’attaquer aux grands dossiers de la corruption. C’était le premier “équilibre des pouvoirs” entre le nouveau locataire d’El-Mouradia et ses parrains. Bien sûr cet équilibre instable ne reposait sur aucune référence constitutionnelle. Un tel consensus transforme, ipso facto, le président en un otage du DRS et en présidaillon puisqu’il le prive d’une partie importante de son pouvoir et de ses prérogatives constitutionnelles. Un otage moins vulnérable que Chadli, Boudiaf ou Zeroual, mais il reste jusqu’à aujourd’hui un président au statut tronqué malgré ses gesticulations fantasques et ses déclarations fracassantes au début de sa première investiture où il déclamait à cor et à cri qu’il n’acceptait pas d’être un trois-quarts de président.

Son duel de sourds avec les patrons du DRS était donc de limiter au maximum les ingérences de celui-ci dans sa chasse- gardée: les affaires politiques et la gestion des problèmes socioéconomiques. Il mit à l’écart tout ce qui pouvait constituer une entrave à son programme politique. Ce serait l’une des conditions qu’il posa avant d’accepter l’adoubement en 1999. Toute la tragédie avec son fleuve de sang et de larmes, qui eut lieu avant son arrivée au sommet du Pouvoir, va devenir un atout redoutable et une carte maîtresse entre les mains de Bouteflika pour imposer son autonomie face aux prétoriens du régime comme l’a indirectement précisé monsieur Hachemaoui.

Avec un bilan sécuritaire très lourd, avec un président écarté, un autre abattu, un troisième qui leur faussa compagnie, les faiseurs de rois cherchèrent désespérément une couverture présidentielle crédible à n’importe quel prix. L’oiseau rare fut trouvé parmi les fossiles des années 60-70. Monsieur Bouteflika fut donc ressuscité du néant politique humiliant dans lequel le même régime l’a largué en 1981.

Le prix de Bouteflika fut négocié et accepté lors du conciliabule avec les faiseurs de rois. Profitant de cette faiblesse et de ces concessions, Bouteflika donna son âme et son corps au diable. Son but était de prendre sa revanche sur ses anciens adversaires qui l’ont privé d’une intronisation à la magistrature suprême. Une présidence qu’il lui revient, croyait-il, de droit en 1978. Une revanche qu’il dégustera à pleines dents probablement jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tout vient à point à celui qui sait attendre… Le deal ou l’équilibre obligeait chaque partie de s’abstenir de franchir les lignes rouges tracées par l’autre partie. Acculés par une pression internationale, toutes dents dehors, les Janvieristes pour qui tout port est bon dans une tempête, en fins tacticiens, cédèrent une grande partie de leurs “champs de compétence” et leurs fabuleuses prérogatives confisquées par la force un certain 5 octobre 1988. Date à laquelle ils firent leur baptême de feu contre leur peuple. Ils cédèrent donc le temps que la tempête se calme et tout soit “oublié” de gré ou de force. Le temps de se faire une virginité pour échapper à la vindicte publique et aux suspicions internationales. Le deal va également permettre aux Janvieristes de profiter de tout leur butin algérien engrangé pendant la sale guerre, en toute quiétude, finir leurs dernières années paisiblement et bénéficier ensuite de funérailles solennelles et grandioses dans le cimetière d’El-Alia; lequel est en passe de devenir le club des pins dans le royaume des morts. Loin des cadavres des 250 000 morts, loin des cadavres des 10 000 disparus et loin des regards tristes des centaines de milliers de victimes encore vivantes de la décennie rouge. Bouteflika a pris cette responsabilité et accomplira les termes du contrat jusqu’au bout. Il leur délivrera un certificat de virginité au nom du peuple par le truchement d’un référendum préfabriqué, en échange d’un pouvoir civil sans partage.

Après le massacre d’avril 2001 en Kabylie, il aurait soutiré une autre concession du DRS qui a la gâchette facile devant des cibles civiles inoffensives. Il aurait exigé de cesser d’abuser de leurs armes ou faire usage de violence meurtrière contre les manifestants ou les opposants au système. Cela s’est traduit sur le terrain par moins de pertes humaines lors des futurs affrontements entre des protestataires et les forces de l’ordre comme elle eut pour conséquence une flambée d’émeutes sporadiques et locales au point qu’elles sont devenues un phénomène banal qui ne fait plus la une des journaux.

Il fit ceci non pas par philanthropie ou par respect au peuple algérien, mais pour un objectif égoïste. Il voulait prévenir toutes les implications néfastes sur sa réputation d’homme d’Etat sur le plan strictement international.

Chemin faisant, les éléments de la nature ou le hasard, ont donné un sacré coup de pouce à Bouteflika. Ils ont conforté miraculeusement les assises de son pouvoir face au DRS. Ainsi, il prit du galon après la démission sans heurt du général Lamari. Son aura prit de l’ampleur après la disparition du général Smaïn; un des principaux acteurs de décennie rouge. La déchéance physique du plus grand gourou de la junte militaire – le général Belkheir – a fait basculer définitivement la balance du pouvoir de son côté. La hausse historique du prix de pétrole lui permettant de s’asseoir sur un matelas financier jamais atteint, a fait le reste. L’Algérie n’a jamais été aussi riche ni aussi pauvre qu’avec le président Bouteflika.

Le “combat” de Bouteflika pour se réapproprier tous les pouvoirs constitutionnels ne s’inscrit malheureusement pas dans une optique républicaine salutaire ou une stratégie pour un changement démocratique. Il veut une concentration des pouvoirs pour s’affirmer et se faire aduler comme l’homme le plus fort du régime. Il n’y a que cette perspective qui lui permettra de vraiment mourir… tranquille. Son lige, Ould Abbes, a magnifiquement dépeint son patron à Biskra à la veille de la formation du nouveau gouvernement…: “Il y a Dieu et il y a Bouteflika”. Entre les deux, par leurs basses flatteries, les courtisans de ont déjà fait leur choix.

Commentaires

  1. Ammisaid dit :

    Les faiseurs de roi ont trouvé un roi dont ils n’auraient jamais rêvés. Un roi lige, serviteur et soumis. Un roi sujet, roi d’un peuple qu’il veut comme lui. Nous ne serons jamais de qu’il se vengeance. Mais sa vengeance est impitoyable et misérable. Certains hommes ne se vengent que d’eux des faibles et des innocents mais jamais de ceux qui leur avaient fait mal ou supposé fait mal. Le décor du monde est en mutation incessante, le corps biologique peut-être aussi mais les émotions humaines ont traversé toutes les époques et ils ne disparaîtront qu’avec la disparition de l’humain, celui qui les portent. Et, ceux qui nous gouvernent, sont gouvernés sans doute et en vue du résultat de leurs actes, de leurs intentions et de leurs discours que par, au moins toutes les émotions suivantes: vengeance, jalousie, envie, orgueil, méfiance, avidité, vanité, rancune, perversité, avarice, violence, bestialité, brutalité, mensonge, ignorance, rigidité, autoritarisme, domination…
    Fraternellement à toi Sniper, à toutes et à tous.
    Bonne soirée

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