Bouteflika III: le reflet du régime et non de la société

bout.jpgPar Florence Beaugé, Le Monde

Trois semaines après sa réélection, le 9 avril, pour un troisième mandat avec un score « soviétique » de 90,23 % des voix et un taux de participation de 74,56 %, le président Abdelaziz Bouteflika a décidé, le 27 avril, de reconduire le précédent gouvernement, en invoquant le « calendrier international » et des « exigences internes ». Seul un ministre, sans portefeuille, a quitté, à sa demande, le gouvernement. Beaucoup d’Algériens, et pas nécessairement des opposants, voient dans cette reconduction la mise en application, jusqu’à l’absurde, du discours sur la « stabilité » et la « continuité », martelé par le chef de l’Etat et ses partisans tout au long de la campagne électorale.

Confirmés par le Conseil constitutionnel, les scores officiels donnent l’image – fausse – d’une Algérie réfractaire au pluralisme et totalement acquise au « chef ». Le bourrage des urnes est passé par là. Certes, M. Bouteflika l’aurait de toutes les façons emporté, mais avec un taux de participation réel beaucoup plus bas. Le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) – les deux partis d’opposition à avoir appelé au boycottage de l’élection – ont dénoncé, non sans raison, un « tsunami de fraude massive » et une « farce électorale de tontons macoutes ».

Il est probable que le taux de participation réel a tourné, dans le meilleur des cas, autour de 35 %, ce qui correspond au taux officiel des élections législatives de 2007. Mais, pour cette présidentielle, M. Bouteflika avait exigé une participation massive et il l’a obtenue. Et, pourtant, les électeurs ont largement déserté les urnes, comme on pouvait le constater à Alger. Le taux de participation dans la capitale a cependant officiellement atteint les 64 %.

Il serait donc vain de lire dans les résultats de l’élection présidentielle du 9 avril une cartographie des tendances politiques en Algérie. Il faut plutôt y voir l’image de la société algérienne telle que souhaitée par le régime : unanimiste, massivement unie derrière un chef.

A lire les chiffres officiels, l’islamisme n’existe pratiquement plus. Il serait même dépassé par l’extrême gauche. Tous les courants idéologiques qui traversent la société algérienne se seraient ainsi miraculeusement alignés derrière « le candidat indépendant », ainsi que se présentait M. Bouteflika.

Mais le bourrage des urnes a été si grossier que même les « compagnons » du président à l’élection, qualifiés sans ménagement par la presse algérienne de « lièvres », se sont insurgés. Djahid Younsi, candidat du mouvement islamiste El-Islah, qui, avec ses 2,04 % de voix exprimées, serait le symbole même de l’affaiblissement supposé de l’islamisme, n’y est pas allé par quatre chemins : « Le taux de 75 % annoncé officiellement est à diviser par trois », a-t-il déclaré.

Même Mme Louisa Hanoune, la chef du petit Parti des travailleurs (4,50 % des suffrages), qui avait surtout mené campagne contre les boycotteurs à qui elle avait souhaité d’être « maudits », n’a pu cacher son humiliation. Le score obtenu par M. Bouteflika est « digne des républiques bananières », a-t-elle estimé, en précisant qu’aucune des 48 wilayas (départements) n’avait échappé à la fraude.

S’estimant mal récompensée, Louisa Hanoune a choisi de ne pas assister à la prestation de serment du président Bouteflika, le 19 avril. C’est pourtant moins son absence que celle de l’ancien président de la République Liamine Zeroual – les anciens présidents Ahmed Ben Bella, Chadli Bendjedid et Ali Kafi, eux, étaient présents- qui était significative. Liamine Zeroual s’était en effet exprimé, avant l’élection présidentielle, en disant qu’il ne « croyait pas en l’homme providentiel ».

Si les résultats officiels de l’élection présidentielle du 9 avril ne disent absolument rien de la société algérienne, ils en disent long sur le régime et ses intentions de verrouiller davantage encore l’espace politique. Sous la façade du pluralisme, l’Algérie menace de revenir au système du parti unique qui prévalait avant octobre 1988. La reconduction de M. Bouteflika, suivie de celle du gouvernement Ouyahia, traduit clairement l’immobilisme politique dans lequel est plongé le pays.

Le jour même où le président Bouteflika prêtait serment, des émeutes éclataient dans l’est du pays, du côté d’Annaba, tandis qu’au sud la ville de Berriane renouait avec les affrontements communautaires et que, non loin d’Alger, une mairie était prise d’assaut par les habitants.

Faut-il voir là la fin d’une trêve observée pour l’élection présidentielle ? Une action concertée, déclenchée par un parti d’opposition ? Le complot de quelque officine suspecte ? Toutes ces questions, l’analyste Abed Charef les posait dans une tribune publiée récemment par Le Quotidien d’Oran. La réponse, disait-il, est terriblement banale. « Il n’y a ni complot ourdi, ni opération concertée, ni main de l’étranger. Il n’y a que cette Algérie installée dans une violence quotidienne, à laquelle elle s’est tellement habituée qu’elle ne s’en rend même plus compte. » La violence, concluait Abed Charef, s’est banalisée, pour devenir une norme, comme la corruption ou le trafic électoral.

Commentaires

  1. kaci-la-merveille dit :

    Hi all except……!!

    A quand une ouverture d’enquete similaire sur les biens détournés par les nervis du DRS, leurs sbires et leur nabot-pantin…..!?

    kaci la merveille

    ——————–
    http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-39218407@7-37,0.html
    ——————–
    Le dossier des présidents africains suscite le trouble
    06.05.09 | 11h50

    A 8 heures par e-mail, recevez la Check-list, votre quotidien du matin
    Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts

    ar Thierry Lévêque

    PARIS (Reuters) – L’ouverture d’une enquête sur les biens détenus en France par les présidents de trois pays africains producteurs de pétrole et pivots de l’influence française en Afrique suscite un trouble politique et judiciaire.

    Jugeant recevable une plainte de l’Organisation non gouvernementale Transparency International France, la juge d’instruction Françoise Desset a ordonné mardi une information judiciaire sur les propriétés, comptes bancaires et limousines détenus par Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) et leurs proches.

    Le parquet, qui s’opposait à l’ouverture en invoquant une irrecevabilité de la plainte déposée en décembre, peut faire appel mais n’a pas encore pris sa décision, a dit le cabinet du procureur. Il dispose de cinq jours de délai.

    « La plainte déposée par Transparency International est irrecevable, elle n’a pas qualité pour représenter les citoyens du Gabon. J’espère donc que le parquet fera appel », a dit à Reuters l’avocat français d’Omar Bongo, Me Patrick Maisonneuve.

    En cas d’appel, le dossier serait suspendu jusqu’à l’automne prochain, le temps que la chambre de l’instruction statue pour infirmer ou confirmer l’ordonnance de la juge Françoise Desset.

    Il ne pourrait y avoir d’investigations d’ici là sur ce dossier qualifié de « recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de biens sociaux, abus de confiance » par les plaignants. Interrogée sur RMC et BFM TV, la ministre de la Justice Rachida Dati a refusé de prendre position.

    « Je ne suis pas partie à l’affaire, je m’exprime en tant que garde des Sceaux. (…) Même s’il est sous l’autorité du procureur général et du garde des Sceaux, il y aussi une opportunité (dans la démarche du parquet-NDLR). Je ne vais pas prendre une position », a-t-elle dit.

    « UNE AVANCÉE DÉCISIVE »

    Transparency International, organisation anticorruption, considère que les biens n’ont pu être achetés qu’avec de l’argent volé aux finances publiques des pays en question.

    Daniel Lebègue, président de la branche française de Transparency, a salué dans un communiqué « une avancée décisive pour la morale publique et le droit international » et réaffirmé que l’organisation voulait restituer les biens aux populations.

    Estimant que des avancées restent à obtenir, elle déplore cependant que la juge Desset ait jugé irrecevable l’autre plainte déposée par un citoyen gabonais, Grégory Gbwa Mintsa.

    L’avocat des deux plaignants, William Bourdon, a cependant souligné que la procédure était la première de ce type à viser des chefs d’Etat en exercice. « Est désormais possible l’identification et la poursuite de ceux qui, inlassablement et sournoisement, appauvrissent leurs pays », a-t-il dit à Reuters.

    Si l’enquête était effectivement lancée, les magistrats se heurteraient à l’immunité coutumière accordée aux chefs d’Etats en exercice, mais leurs proches n’en bénéficient pas et peuvent donc en théorie être arrêtés, sauf immunité diplomatique.

    Les 39 propriétés et 70 comptes bancaires détenus par Omar Bongo et ses proches, les 24 propriétés et 112 comptes bancaires de la famille Sassou-Nguesso, ainsi que les limousines achetées par la famille Obiang risqueraient une saisie.

    Rappelant une affaire emblématique, les plaignants soulignent que le procès Elf à Paris en 2003 avait démontré que les revenus tirés de l’ »or noir » profitaient personnellement aux chefs d’Etat en question. Ces derniers nient toute malversation. Mais Omar Bongo n’a pas engagé à ce jour les poursuites en diffamation annoncées.

    Edité par Yves Clarisse

  2. amina&amin dit :

    FFS fait trembler ces veillards hadjs menteurs voleurs violeurs corrompus corrupteurs malades drogués et se tiennent par la force dans ce koursi du pouvoir jusqu’á leur fin …

    Front des Forces Socialistes
    -une IIeme republique
    -une Constituante
    -un etat de droit et justice
    -liberté de la presse et media lourd
    -justice independante
    -limitation des mandats du president pour l’alternance
    -la primauté du civil sur le militaire voir le congrés de la Soummam
    … etc
    et plusieurs autres beautés de civilisation moderne et de l’actuel temps …
    always update online 24h

    Nous persistons, nous restons dans l’opposition au régime **Nouveau**

    Session ordinaire du conseil national – Contribution politique du 1er secrétaire, le jeudi 30 avril 2009.

    « Le combat pour la dignité, la liberté et la démocratie est un combat qui mérite d’être mené.

    Il n’ya pas d’Etat fort sans justice, il n’ya pas d’Etat serein sans justice.
    Ce que nous voulons, c’est un ETAT JUSTE ET FORT. »

    « Il n’y a rien à attendre du régime. Nous sommes prêts à travailler avec les Algériennes et les Algériens qui veulent et qui s’impliquent concrètement pour le changement. Le temps de l’émotion est passé, nous avons besoin de lucidité, de réalisme et de confiance en nous-mêmes. »

    http://www.ffs-dz.com/

    Un regime malade fatigué dans tous les domaines et sens et contraint á s’auto eradiqué par la conjoncture et la realité sur le terrain
    Combien ce pouvoir archaique et caduque trompera-t-il sa propre veille carcasse?

    Le monde entier, le peuple algerien de meme lui aussi ce pouvoir dictateur le savent que ce pouvoir est ILLEGITIME et n’a aucune credibilité nationale ni internationale á part chez son propre sponsor et protecteur la france OFF-icielle qui vient de perdre son statut de serieux interlocuteur international …

    Nous irons doucement mais serieusement vers
    Gouvernement Parallele
    -radp-2m9
    et au peuple algerien souverain de decider de son propre sort,
    n’a-t-il pas le droit de decider dans son propre pays de son destin?
    La communauté internationale (meme si la france OFF-icielle s’y oppose on a pris note deja et on s’en fiche car elle a justifié sa haine contre le peuple algerien qui restera toujours ami avec le peuple francais…)

    Tendrement votre

  3. A MAZIGH dit :

    LE FFS A DERANGE ET DERANGERA ENCORE TANT QU’UN ETAT JUSTE ET FORT N’EXISTE PAS ET QUE LES VALETS DU ROI PERORENT,COMME CE MONSIEUR QUI CRITIQUE SIDOU AIT AHMED LE REVOLUTIONNAIRE ETLE PLUS HONNETE DES AUTRES.S »IL POSSEDE REELLEMENT DES DOSSIERS QU’IL LES PRESENTE A QUI DE DROIT .
    SI SIDOU EST TRAITRE ALORS TOUS LES MILITANTS DU FFS SONT DES TRAITRES?
    QUAND AUX JOURNALISTES DU METIER CES DERNIERS DOIVENT VERIFIER LA VERACITE DE L’INFORMATION AVANT DE REPRODUIRE CE GENRE DE COUCHONNERIES ET DE TERNR LA BELLE IMAGE DE L’ALGERIE DE L’EPOQUE

  4. Tinessawin dit :

    l’immobilisme politique. Tabbou n’a-t-il pas dit que le régime algérien « fait semblant de tout bouger pour que tout reste en place »? Il a bien vu, le sage.

Laisser un commentaire

FRONT NATIONAL - Bouches-du... |
Mouvement des Jeunes Social... |
15ème circonscription du No... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Sagvar, le Roman Noir de la...
| Sarkophage
| UES - Claude WEBER