Algérie-ONU: Grave revers pour la diplomatie algérienne à Genève

L’institution nationale des droits de l’homme (INDH) algérienne, présidée par Me Farouk Ksentini, a été rétrogradée par le Comité international de coordination des institutions nationales (CCI). Cette décision constitue un revers cinglant pour la diplomatie algérienne qui n’a pas ménagé ses efforts pour discréditer les organes et les experts de l’ONU ainsi que les ONG et les militants des droits de l’homme engagés dans le dossier algérien.

L’accréditation par le CCI n’est octroyée qu’après examen du respect par les INDH des « Principes de Paris  » qui déterminent le cadre de leur action. Après avoir obtenu cet agrément en 2003, la Commission Nationale Consultative de Promotion et de Protection des Droits de l’Homme (CNCPPDH) a réitéré sa demande, cinq ans plus tard, en janvier 2008, conformément au règlement. Le Sous-Comité d’accréditation du CCI lui a fait part au mois d’avril 2008 de son intention de la déclasser et de la rétrograder au statut «B» pour non-conformité avec les « Principes de Paris « . N’ayant pas fait suite aux demandes du Sous-Comité, la CNCPPDH vient donc de perdre son accréditation.

Cette accréditation est d’une grande importance pour les institutions nationales des droits de l’homme car elle leur permet d’agir à divers niveaux de l’ONU: Elles peuvent participer aux sessions et aux travaux du Conseil des droits de l’homme, prendre la parole devant lui sur tous les points de l’ordre du jour en qualité d’entité indépendante et entrer en relation avec ses divers mécanismes. L’institution nationale accréditée peut également soumettre des déclarations écrites, diffuser une documentation portant la cote que les Nations Unies leur ont assignée et agir auprès des organes conventionnels et les procédures spéciales de l’ONU.

Alkarama avait pour sa part présenté le 5 février 2009 au Sous-Comité d’accréditation ses observations relatives à la nature et l’action de la CNCPPDH. Elle avait notamment relevé la dépendance de la Commission à l’égard du pouvoir exécutif, l’absence de transparence dans la nomination de ses membres, le manque de coopération avec les organes de l’ONU et avec les ONG indépendantes de défense des droits de l’homme. Plusieurs de ces observations ont été reprises dans la note que le Sous-Comité d’accréditation a présenté au Comité international de coordination des institutions nationales (CCI).

Il faut rappeler que les délégués algériens à l’ONU ne laissent passer aucune occasion pour décrier les positions des organes de l’ONU, particulièrement celles des experts indépendants et des procédures spéciales. Les ONG et les militants des droits de l’homme n’ont pas manqué de relever le rôle particulièrement actif joué par l’Algérie en 2007 lorsque certains pays, parmi les plus répressifs de la planète, ont tenté d’imposer un « code de conduite » très restrictif destiné à entraver l’indépendance des experts chargés d’enquêter sur les violations.

L’Algérie, par la voix de son représentant permanent auprès de l’ONU, s’est particulièrement distinguée dans cette entreprise. Ce dernier avait notamment défendu le projet de créer un « comité éthique » pour juger les experts de l’ONU qui ne respecteraient pas ce code lorsqu’ils visitent des pays accusés de violations. Finalement, le texte final voté n’a pas repris les propositions les plus contraignantes proposées notamment par l’ambassadeur algérien, tout en réduisant l’action des experts qui constituent pourtant la clé de voûte des mécanismes onusiens de protection des droits de l’homme.

Il est manifeste que, bien qu’elle ait ratifié un grand nombre de traités internationaux,  l’Algérie n’en respecte pas les principes de manière satisfaisante mais surtout ne prend pas au sérieux ses organes de surveillance. Les dérapages verbaux se sont multipliés lors de l’examen des rapports périodiques par les Comités des droits de l’homme et contre la torture.

Me Ksentini, président de la CNCPPDH, institution supposée coopérer avec les organes de l’ONU mais également relayer leurs conclusions et recommandations a qualifié les observations du Comité des droits de l’homme d’ » affabulations à haut débit et qui relèvent de la bouffonnerie»[1] ajoutant que ce comité « avait dans le passé pris fait et cause pour le terrorisme contre l’Algérie ».[2] Il refuse catégoriquement la visite de rapporteurs spéciaux sur la torture ou les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires.

Au plus fort de la violence subie par la population dans les années 90, avec ses cortèges de disparitions forcées, d’exécutions sommaires et de victimes de torture, la diplomatie algérienne avait réussi à paralyser l’action de l’ONU disposée alors à demander l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les massacres et autres violations graves des droits de l’homme commises par les forces de sécurité tous corps confondus.

Toujours sous le régime de l’état d’urgence depuis 17 ans, la diplomatie algérienne subit aujourd’hui les contre-coups de son attitude. Les observations des deux Comités de l’ONU en octobre 2007 et mai 2008 rappellent que les commanditaires des disparitions forcées et des massacres n’ont à ce jour pas été appréhendés ni sanctionnés.

En définitive, la rétrogradation de la CNCPPDH par le CCI constitue à n’en pas douter un revers particulièrement grave qui entache une fois de plus la crédibilité de l’Algérie en matière de droits de l’homme.

[1] Farouk Ksentini: Il n’y a pas de prisons secrètes en Algérie, par Djamel B., Le Quotidien d’Oran, 4 novembre 2007.
[2] idem.

Commentaires

  1. DAI- EL-KHEIR dit :

    Certe , il n’ya pas de prisons secrétes mais il y a des secrets dans les prisons .

  2. Anti-DRS dit :

    Farouk Ksentini ne défend pas les droits humains; il défend les droits des chiens enragés que sont les agents du DRS et leurs alliés. On le comprend; il a peur d’être mordu !!

  3. Ammisaid dit :

    Il y a bien longtemps que la diplomatie Algérienne est écoutée, comme ça, pour rien. Tout le monde sait que ce ne sont que des menteurs. Des menteurs qui passent leur temps pas à mentir mais plus grave encore à cacher la vérité que tout le monde voit. Ils ont tellement menti qu’ils sont, maintenant, persuadés profondément que leur mensonge est devenu une vérité. Ils supplient les gens de les croire, car ils sont devenus prisonniers de leur mensonge, ils ne peuvent s’en passer d’eux, ils sont comme des drogués totalement dépendants de leur mensonge. La vérité est sortie de leurs prisons, de leurs administrations, de leurs laboratoires secrets, de leurs reunions et de leurs coffres forts. Elle va partout raconter leurs histoires. Elle se diffuse et elle se propage sur toute la terre. Ils ne peuvent plus l’arrêter, elle refuse de les écouter, de les protéger et de les rassurer et elle s’oppose farouchement à leurs exigences, à leurs menaces et à leurs forces. Elle ne veut plus les approcher, elle ne veut plus leurs parler et elle ne veut plus sortir de leurs langues pourris, avides et égoïstes. Elle a tout dit à ceux qui désirent l’entendre. Elle a dit : qu’ils n’ont pas fait la guerre, qu’ils n’aiment pas l’Algérie et son peuple et qu’ils ont usurpés leurs titres, leurs noblesses et leurs richesses. Elle a dit : qu’ils sont les responsables uniques de ceux qui étaient assassinés, de ceux qui sont disparus, de ceux qui sont massacrés et de ceux qu’ils ont poussé à l’exil pour qu’ils puissent rester maîtres de notre économie et des ressources qu’elle génère. Elle a dit : qu’ils ne pensent qu’à leurs intérêts personnels, qu’ils ont acheté et continuent à acheter le silence et le soutien des puissances étrangères avec l’argent qui aurait pu permettre à nos usines de recruter, à nos pauvres de vivre dignement, à notre école et à notre université d’offrir un vrai savoir et à nos hôpitaux de soigner, convenablement, ceux qui sont malades et qui n’ont pas de quoi s’acheter le moindre médicament. Elle a dit: qu’ils ont acheté des journalistes pour les louer et les glorifier, pour rendre majestueux et grands leurs petits travaux et leurs minuscules oeuvres et pour diffuser des promesses qui ne trompent que ceux qui ont le malheur de les croire. Elle a dit : qu’ils ont, toujours, utilisés nos jeunes (qu’ils soient gendarmes, militaires, policiers, croyants, athées…) pour s’entre-tuer entre eux afin de leurs permettre de justifier l’état d’urgence, l’état de siège, l’état de guerre, les lois qui protègent les criminels, les bandits et leurs serviteurs, le blanchissement des milliards de dollars et de dinars qu’ils ont volé au peuple et pour rester au pouvoir, toujours, en sécurité, bien engraissés, splendidement logés et jamais endeuillés, blessés, torturés, terrorisés, dérangés, humiliés et tués. Elle a dit: qu’ils ont payés gracieusement des députés, des sénateurs, des walis, des ministres et des juges pour continuer à nous asservir, à nous maintenir dans la soumission, la misère et l’ignorance, à nous diviser et à rester dans l’impunité totale quels que soient les crimes dont ils étaient, ils sont et ils seront responsables. Enfin, elle nous a montré la laideur, la haine, la rancune et la lâcheté de leurs coeurs et elle nous a montré la noblesse, le courage, l’amour pour notre pays et son peuple et l’humilité des coeurs de ceux qu’ils ont lâchement assassinés pour qu’ils apparaissent à nos yeux comme des sauveurs, des messies et des hommes indispensables à notre liberté et notre indépendance.
    Fraternellement

  4. salah nathali nath hand omoussa dit :

    ce ne serai pas avec des kesentinis qu’on jugera ces voyoux qui nous gouverne et leurs assassins(abdenour est trops intelligent pour eux)

  5. Fadhma Nsoumer dit :

    Comment peut-on croire une ligue de droits de l’homme qui est totalement pilotée par le pouvoir?L’organisation que dirige Mre Ksentini n’a aucun brin d’autonomie.Jamais cette derniére n’a pu adopter une position contraire à celle du pouvoir en place ni dans l’affaire des disparus et encore moins dans toutes les exactions commises par ci et par là pendant la décennie noire.Bien au contraire , meme les vérités sont devenues des contre vérités grâce à cette organisation inopérante.Cette organisation est trés peu crédible et donc disqualifiable à plus d’un titre.Nous n’avons jusqu’à présent jamais vu Mre Ksentini ou ses proches collaborateurs intervenir pour stopper des injustices commises par des parties représentant le régime en place.Que des compromis trouvés par cette organisation pour sauver les meubles.

  6. hakim5 dit :

    eh oui fati….le pouvoir n a aucune credibilité……le probleme: l opposisition n est pas encore credible.

  7. amina&amin dit :

    ce croque mort malade atteind d’un cancer pulmonaire representant des assassins mercenaires au pouvoir depuis 1962 á nos jours et du voleur/violeur de la constitution de la nation l’actuel locataire d’el-mouradia qui veut se proclamer roitelet par la fraude et les tricheries… il s’est auto condamné devant les institutions internationales de membre á part entiere des crimes humanitaires commis en algerie par la junte au pouvoir.

    Les faits sont lá et parlent leur propre language, des algerien(ne)s se font condamner par une justice INJUSTE et le monde entier le voit sans que ce pauvre cancereux ne reagit…
    les cas du jeune Mohamed Baba et du Dr. Fekhar sont eloquents, d’ailleurs nous avons remis ces cas aux ONG internationales d’apres nos amis juristes et une missive aux droits de l’homme de l’ONU pour leur demontrer qu’en algerie la justice est aux abois, cad elle est tout sauf la protection des citoyen(ne)s dans leur propre pays.

    Tendrement votre

  8. El Mokrani dit :

    Il y a longtemps que tout le monde sait ce qui se passe en Algérie mais il n’y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Même l’onu est complice. Ce pouvoir pourri s’est payé le silence de tout le monde à l’intérieur et à l’extérieur. Mr Ksentini a été recruté et grassement payé par ses maitres. Croire qu’il défendra les opprimés de ce pays est une aberration.

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