9 juillet, 2009
La sœur d’un moine de Tibéhirine au Figaro: «On leur doit la vérité»
INTERVIEW – Élisabeth Bonpain, membre de la famille Lebreton, est la sœur d’un des sept moines assassinés à Tibéhirine, frère Christophe.
Dans l’affaire des moines de Tibéhirine, seule la famille Lebreton et le père Veilleux (ancien procureur général de l’ordre des Trappistes) se sont constitués partie civile. Ils ont effectué ce choix fin 2003 car, jusque-là, «il n’y avait pas eu d’enquête ouverte sur ces assassinats ni en Algérie ni même en France», rappelle leur avocat Me Patrick Baudouin. Aujourd’hui, d’autres proches des moines assassinés réfléchiraient à se constituer partie civile à leur tour.
LE FIGARO. – Quelle a été votre réaction aux révélations du général Buchwalter qui ont remis l’affaire sur le devant de l’actualité ?
C’était le plus jeune des moines, il avait 45 ans quand il est mort. Il a fait sa coopération en Algérie dans une association d’aide aux handicapés et il est tombé amoureux de ce pays. Quand il a visité le monastère de Tibéhirine avec le père Carmona, du diocèse d’Alger, il a su que c’était là qu’il voulait faire sa vie. Il est revenu en France pour finir son noviciat et il est reparti en 1987 en Algérie. À Tibéhirine, il s’occupait du jardin et aimait particulièrement les relations avec les voisins du monastère. Il parlait évidemment du climat qui régnait dans le pays, mais restait toujours très sobre sur le sujet. Ces moines sont restés malgré les violences car l’Algérie les touchait au cœur. Ils n’avaient pas envie de fuir alors que leurs amis ne le pouvaient pas. Ils avaient voué leur vie à Dieu et aux Algériens.