Par Karim AIMEUR
L’Algérie que nous voulons, 47 ans après l’Indépendance, est celle qui reconnaît les siens. Car cette image d’une Algérie où tout fait semblant de tout faire, alors qu’à l’intérieur tout le monde veut fuir, nous fait du mal au coeur.
Le 5 juillet 1962, les Algériens fêtaient l’indépendance du pays. Quelques jours après, ou plutôt, quelques jours avant, avait éclaté la crise de l’été. C’était la guerre d’accession au pouvoir. A l’époque, les Algériens, incrédules, descendirent dans les rues et crièrent «Sept ans ça suffit». Depuis, se sont déclarées les guerres de succession. 5 juillet 2009. Scénario d’une vraie tragédie. Des jeunes affrontent l’amertume de la vie, en l’opposant à la colère de la mer. Des enfants s’extirpent du cercle familial et se dardent dans les embarras de la rue. Des filles s’opposent à l’obscurité, en bravant le code de la famille qui les met en quarantaine. Des élus transforment leur localité en petites Républiques. Des responsables d’entreprises publiques les transforment en proprieté familiale. Des émeutes éclatent sporadiquement un peu partout dans le pays. Des employés sont virés des sociétés qui les «exploitent», car ils ont osé s’y opposer.
De grandes décisions sont prises dans le fil. Les pauvres ne peuvent pas s’assurer une défense dans les juridictions. L’opacité règne à tous les niveaux, le bicéphalisme également. Les universités produisent la médiocrité. Les syndicats autonomes sont bâillonnés. Les partis de l’opposition sont muselés. Les libertés sont confisquées. La presse est charpentée. Le Dinar ne cesse de régresser. Voilà l’Algérie, 47 ans après l’indépendance. Une Algérie faite de trahisons, d’imposture, de tromperie, de pillage, de dilapidation, de bradage et de toutes les tares. Une Algérie qui a brisé l’espoir de tant de générations. Une Algérie qui a cassé l’aspiration des grands martyrs de la guerre de libération. Une Algérie qui n’arrive pas à récupérer les ossements de Abane Ramdane, du Commandant Abderahman Mira, de rapatrier les ossements de Slimane Azem, de reconnaître Taoues Amrouche et tant bien d’autres.
Une Algérie où tout fait semblant de vivre, de travailler, de sortir dans la rue, alors qu’à l’intérieur tout le monde veut fuir. Cette Algérie là, nous la voulons autrement. Comme était souhaitée par les concepteurs de la révolution, comme voulue par le Congrès de la Soummam et comme chantée par feu Matoub Lounès. C’est-à-dire une Algérie meilleure où il règne une démocratie majeure. Une Algérie où tout le monde se retrouve, où les bourreaux n’auront plus de place.
Pour cela disons haut et fort : 47 ans ça suffit ! K. A. Amezghar@hotmail.com
Photo: SAS