3 août, 2009
Zaid Yacine: Gavroche à Hassi Messaoud
«Gentil garçon» à la silhouette frêle, rien ne le prédestinait à devenir, à son corps défendant, une icône de la révolte ouvrière à Hassi Messaoud et un porte drapeau des travailleurs victimes de «l’esclavagisme moderne». Pour illustrer son «ignorance» de ce monde cruel, il reconnait, sans honte, et même en riant: «Avant je confondais entre Sidi Saïd de l’UGTA et Saïd Saadi du RCD». Lui, c’est Yacine Zaid, un enfant de Laghouat, au climat dur. Il perd sa mère très jeune, à l’âge d’un an et fut élevée par sa grand-mère maternelle. Après une scolarité «ordinaire», il quitte l’école en 1987 et aide son père dans son travail. En 1994, il intègre la société américaine Bechtel, spécialisée dans les pipelines, et depuis, il «baigne» dans cet univers des sociétés pétrolières multinationales. «Un univers de hogra et d’exploitation sans limites» indique-t-il.
Après plusieurs boites, il atterrit à Eurest Support Services (ESS), une filiale du leader mondial de la restauration collective, installée à Hassi Messaoud, en 2004 comme agent de sécurité. Après deux années de bons et loyaux services pour lesquels il a été promu superviseur de sécurité. «Je vivais bien et je ne manquais de rien» affirme-t-il, mais «ce n’était pas le cas des autres travailleurs. Leurs conditions de vie et de travail était à la limite de l’entendement» souligne-t-il. Manque de sécurité sur les lieux de travail, manque d’hygiène dans les bases de vie, brimades, insultes… «Intenable !».