La Kabylie, région frondeuse et allergique aux provocations, subie, malgré elle, depuis l’indépendance du pays des mouvements, orchestrés ou spontanée, de protestation d’envergure dont le prochain, si prochain y en aura, risque de l’emporter.
Par Karim Aimeur
Depuis 1962, la Kabylie a vécu au rythme des grands mouvements de rue dont le dernier en date a emporté 126 jeunes innocents. 1963, 1976, 1980, 1981, 1998 et 2001 autant de date où des mouvements de grandes ampleurs ont marqué cette région dont elle n’est coupable en rien mais que des cercles occultes lui ont endossées. La poudrière dans laquelle est placée la Kabylie ne pourra en aucun cas être assumé par cette région qui a tant donné pour l’Algérie. Les solutions dérisoires, fragiles et de rafistolage prodiguées aux problèmes spécifiques de cette région montagneuse du pays ne peuvent qu’aggraver une situation déjà grave. Le retard enregistré dans le développement du secteur économique, le laisser aller des autorités, la négligence conjuguées à la hogra, la discrimination et la marginalisation ne peuvent qu’allumer des esprits déjà au bout des nerfs. La concentration des groupes terroristes dans cette région et leur passage à la liquidation des citoyens (le carnage commis sur quatre citoyens de Tadmait par des groupes armés en est la plus désolante illustration), ne mettront que de l’huile dans le feu.
En fait, le feu a déjà pris.
La délocalisation des projets et la fuite des investisseurs, à cause de l’insécurité et des kidnapping ont fait que la région se paupérise d’année en année. En effet, l’insécurité règne au niveau de toutes les localités de la région. Elle gagne même de terrain. Des habitants de cette région se font agresser de jour comme de nuit. Des cadavres de personnes ayant subies des violences avant d’être achevées sont découverts de temps à autre. Les petits mouvements de protestation qui se caractérisent par la fermeture des routes et des sièges des APC et Daïra sont devenus le lot quotidien des citoyens. Le calvaire dans lequel vivent les citoyens dans leur village n’est pas pour désamorcer une condition désastreuse.
A Tizi-Ouzou, à Béjaia, à Bouira, à Boumerdès et à Setif, il suffit de consulter les comptes-rendus des correspondants de presse dans ces wilayas pour mesurer la portée de la situation. Aujourd’hui, il est indéniable de dire que la Kabylie n’est pas assise sur une poudrière. Il est donc grand temps d’agir. La population locale ne peut assumer une autre fois un mouvement dans le quel elle sera entraînée. La sonnette d’alarme est encore une fois tirée et que chacun assume sa responsabilité.